Partie 77

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   Camila

Nous avons quitté la ville. La route défile et le soleil baisse à l'horizon. Sous mes doigts, je sens le corps de Lauren si bien formé. Contre la peau de mon cou, la fine chaîne en or rayonne dans tout mon corps. Je me sens plus vivante que jamais, heureuse d'être ainsi emportée par Lauren.

Soudain, nous quittons la route principale. Le chemin se fait plus sinueux.

Excellente occasion de m'accrocher plus fort à la conductrice.

Nous longeons la côte, à présent, sur une petite route. Le soleil se couche à l'horizon et baigne le ciel d'une lumière rouge. Lauren se gare devant un diner  face à l'océan puis m'aide à descendre de la moto.

- Tu as faim ? souffle-t-elle à mon oreille en posant les mains sur ma taille.

Sa voix rauque, associée au contact tiède de ses doigts, fait naître de délicieux frissons au creux de mes reins.

- Je meurs de faim, dis-je en souriant.

Cette escapade me donne faim de beaucoup de choses !

Lorsque nous poussons la porte du diner, il me semble que nous changeons de siècle. Deux rangées de banquettes rouges au similicuir un peu défraîchi s'étirent à l'intérieur d'un décor vert pâle. Au comptoir, une serveuse tout droit sortie d'un tableau de Hopper remet de l'ordre dans la vaisselle. Elle porte un ensemble bleu clair qui moule ses hanches marquées. Ses yeux sont couverts d'un lourd fard à paupières vert. Elle semble habiter ici depuis toujours. Ou au moins depuis 1979, comme le clame une publicité au-dessus du comptoir.

La serveuse nous salue d'un signe de tête.

Une fois que nous sommes installées, face à l'océan, elle s'approche en traînant les pieds. Combien de millions de fois a-t-elle effectué ce trajet, depuis 1979 ?

En voyant la main de Lauren posée sur la mienne, elle nous adresse un clin d'œil complice.

- Vous êtes mignonnes, toutes les deux, grogne-t-elle d'une voix aussi éraillée qu'attendrie. Vous voulez manger quoi ?

Sans nous laisser le temps de répondre, elle jette un œil au tableau accroché au mur.

- Je vous recommande le Club Bacon, débite-t-elle. C'est ce que le cuistot réussit le mieux. Ça fait vingt ans que je le sers et personne ne se plaint.

Est-ce un conseil ou un ordre ? Je ne saurais le dire.

- Nous allons suivre votre conseil, sourit Lauren après m'avoir interrogée du regard.

- Vous faites bien, tranche la serveuse en tournant les talons.

Elle regagne alors le comptoir en aboyant la commande en cuisine. Lauren et moi échangeons un sourire amusé.

Quelques photos de baleines ornent le mur. Elles datent un peu, mais il semble qu'elles ont été prises du diner même.

Je ne peux m'empêcher de scruter l'horizon, au cas où un cétacé s'aventurerait dans les parages.

Quand je quitte l'océan des yeux, je tombe sur ceux de Lauren. Ce soir, je me sens aussi chavirée que si c'était la première fois. Peut-être parce que c'est la première fois que nous passons le weekend en amoureuse, loin de nos vies agitées.

- On dirait que les photos sont prises de cette plage. Tu as déjà vu des baleines, par ici, toi ? demandé-je en m'efforçant de ne pas me laisser emporter par mon trouble.

Apprends-moi/fan-fiction camrenWhere stories live. Discover now