Partie 60

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   Camila

De retour à la colocation, tandis que Lauren se douche, je me pose un instant dans sa chambre. Soudain, je pense à Dinah. Une semaine s'est écoulée depuis sa visite à Cuba, mais j'ai l'impression que cela fait un siècle. Il s'est passé plus de choses en deux jours que pendant toute ma vie... Je lui propose une session sur Skype. Par change, Dinah est libre et son visage apparaît bientôt sur l'écran de mon ordinateur.

- Salut, ma belle ! lance-t-elle dès que nous sommes connectées.

Quand je vois le sourire et les folles mèches blondes de mon amie, une bouffée de réconfort m'envahit. Je ne suis pas aussi seule que je le pensais. J'ai Lauren, mais aussi Dinah.

Elle fronce les sourcils.

- T'es où, là ? Je ne reconnais pas le bon goût un peu ennuyeux de la maison de la Havane... J'ai plutôt l'impression que t'es dans un loft hyper cool quelque part entre Brooklyn et Manhattan.

Elle se marre. Moi, un peu moins.

- Tu ne crois pas si bien dire, bafouillé-je.

- Heu, ça va, Mila ? Sérieusement, t'es où ? reprend Dinah.

- Chez Lauren, à Williamsburg...

Je vois à son visage qu'elle hésite. Elle se demande si je lui fais une blague.

- J'ai loupé une étape, là, non ?

Je soupire. Autant y aller franchement.

- Plus qu'une étape, Dinah. Un cataclysme... Lauren et moi, on s'est fait chasser de la maison de la Havane.

Mon amie se décompose. L'émotion me gagne au souvenir de la violente scène qui s'est jouée il y a deux jours.

- Chassées ! Mais comment ça s'est passé ?

- Lauren et moi... Enfin... On n'a pas pu faire autrement. On était dans le même lit...

Dinah ouvre de grands yeux.

- Tu veux dire que... Vous étiez en train de...

En toute autre circonstance, elle éclaterait de rire, mais, là, elle est abasourdie.

- On était dans la chambre de Lauren, enlacées. Le doute n'était pas permis... Bref. Clara et Alejandro nous ont surpris, ils nous ont laissé le choix. Arrêter tout, ou partir. On a choisi. On est parties.

- Je suis tellement désolée, Mila ! Tu te sens comment ?

- Plutôt bien, en fait. Je sais que les jours qui viennent vont être durs... Mais je sais aussi qu'on a fait le bon choix, Lauren et moi.

- Tu penses que ça va s'arranger avec Clara et ton père ?

- Je ne sais pas, Dinah. Je ne crois pas. Ils ne plaisantaient pas. On est sans rien, vraiment. Je dois me débrouiller, pour tout... Enfin, tu imagines le tableau... Et puis, j'accuse encore le coup. La seule chose qui me rend vraiment triste, c'est sof'.

A ces mots, les larmes me montent aux yeux, ce qui n'échappe pas à mon amie.

- Sofia... Oui, je comprends. Mais tu trouveras une solution, Mila. Laisse passer un peu de temps. Tu contacteras ton père quand tout le monde sera un peu calmé, me conseille-t-elle.

- Je ne sais pas s'ils se calmeront un jour, dis-je. Ils étaient vraiment fous de rage...

- Je vous ai vus, toutes les deux, Mila. Vous vous aimez, ça se voit !

Cette fois, je ne proteste pas quand Dinah parle de notre amour. Elle l'avait vu dès le début, et elle avait raison...

- Vous avez bien fait de tenir tête à Alejandro et Clara. Et je suis là pour toi, Mila, tu le sais.

Le soutien de mon amie me fait du bien. Mais je dois avouer que je sentirais mieux si elle était près de moi, et pas à des kilomètres. Parler par Skype a ses limites.

On ne peut pas se serrer dans les bras l'une de l'autre.

- D'ailleurs, j'ai une bonne nouvelle à t'annoncer ! reprend-elle. J'ai été acceptée à la fac, à New York, en première année de littérature.

Je pousse un cri de joie.

- Tu veux dire qu'on sera réunies ! Toutes les deux dans la même ville !

- Exactement ! Je ne voulais pas t'en parler avant d'être sûre. Je débarque à Manhattan dans une semaine !

Elle déplie son bras et colle la flèche que nous nous sommes fait tatouer au creux du coude contre la webcam.

- Elle nous a porté chance !

A présent, j'ai du mal à retenir mes larmes.

- Dinah, si tu savais comme ça me fait plaisir !

- J'imagine très bien, oui ! A peu près autant qu'à moi ! Je t'aurais bien proposé une colocation, reprend-elle malicieusement, mais je ne suis pas sûre de pouvoir rivaliser avec l'avion de chasse qu'est Lauren... Enfin, bon tu sais que c'est possible, si tu le souhaites.

- Merci, Dinah, dis-je la voix tremblante, ça me touche de savoir que tu es là pour moi. Mais je préfère rester avec Lauren, tu t'en doutes...

- Evidemment ! Bon, je te laisse. Je dois préparer mes affaires. On se voit dans une semaine !

Je referme l'ordinateur, folle de joie. Il faut que j'annonce ça à Lauren !

- Alors comme ça, tu préfères les avions de chasse ? Je suis très flattée ! fait une voix aussi tendre que malicieuse.

Je sursaute. Lauren est là. Appuyée au cadre de la porte, elle porte un jean mais elle est en soutien-gorge. Elle sort tout juste de la douche et de l'eau ruisselle encore de ses cheveux sur son visage.

Bien sûr que je préfère rester avec elle !

Je me sens rougir.

- Tu es là depuis quand ?

Après avoir fermé la porte, elle s'allonge tout contre moi. Cette soudaine proximité crée des étincelles à la surface de ma peau.

- Juste la fin, Camz, murmure-t-elle en me caressant la cuisse. Je suis heureuse que tu restes avec moi parce que tu le veux et non par nécessité.

La vue de ce corps sublime à côté de moi me fait frissonner. Je m'allonge à côté d'elle et je pose les lèvres sur sa peau nue, encore un peu humide. Je la sens frémir. A moins que ce ne soit moi.

- Je t'aime, Lauren, je veux être avec toi, murmuré-je entre deux baisers.

- Moi aussi, je t'aime, Camz. Je suis heureuse que tu sois là, et que tu restes.

Elle pose ses lèvres dans mon cou et ses baisers mouillés m'électrisent aussitôt. Sa main m'effleure la hanche et une nuée de frisson s'envole sous ma peau. Je caresse sa poitrine, je trace le dessin de ses seins qui vibrent sous mes doigts. Je roule alors sur le dos en l'invitant à s'allonger sur moi. Nos langues se mêlent, nos jambes s'enlacent, et mon corps s'embrase.

Soudain, un air militaire joué à la trompette à pleins poumons nous fait sursauter.

Je me redresse brusquement, le cœur battant.

- Qu'est-ce que c'était, ça ? demandé-je, aussi surprise que frustrée d'avoir été interrompue.

Apprends-moi/fan-fiction camrenWhere stories live. Discover now