Apprends-moi/fan-fiction camren

Partie 53

Camila

La route est déserte. La moto file le long de l'océan et des propriétés silencieuses. Il est tôt, le soleil se lève à peine, éclairant l'horizon d'une pâle lumière.

Est-ce qu'on vient vraiment de faire ça ?

Je sers plus fort mes bras autour de la taille de Lauren. A moitié parce que je suis heureuse d'avoir gagné le droit de le faire, à moitié parce que j'ai besoin de m'accrocher à elle pour ne pas sombrer dans le flot d'interrogations sans réponses qui accompagne notre départ.

Les pleurs de Sofia résonnent encore dans ma tête et me déchirent le cœur. Je me sens coupable de l'avoir abandonné. D'autant que je lui avais promis de ne pas le faire. Le visage horrifié de Clara, celui, furieux, de mon père passent devant mes yeux. Nous leur avons tenu tête.

Ce que je redoutais est arrivé.

Je n'ai plus nulle part où aller.

Dans mon dos, je sens le sac dans lequel j'ai entassé quelques affaires à la hâte. Tout ce que je possède se trouve sur cette moto. Je ne sais pas où nous allons. Je n'ai même pas pensé à poser la question à Lauren. Peut-être n'en a-t-elle aucune idée elle non plus ?

Quelles possibilités s'offrent à moi, à présent ? Aller chez Dinah, la seule personne qu'il me reste... Non. Je ne peux pas y retourner. J'ai déjà vécu avec elle chez ses parents, pendant plusieurs semaines. Et puis, je ne veux pas quitter Lauren. Pas après ce que nous avons fait. Mais je me sens perdue. J'ai beau me répéter que partir était la seule possibilité, je me sens coupable d'avoir tout plaqué.

La moto ralentit. Je lève la tête. Perdue dans mes pensées, je ne me suis pas aperçue que nous avions quitté la route.

La moto s'arrête devant un café. Lauren ôte son casque et passe une main dans ses boucles brunes, pour y remettre de l'ordre. Même dans ces circonstances, ce geste reste d'une sensualité qui ne me laisse pas indifférente. Nos regards se croisent. Le sien est sombre et déterminé. Le mien trahit probablement ma confusion. Un léger sourire passe alors sur le visage de Lauren, comme pour me rassurer. Elle se penche ensuite pour m'aider à ôter mon casque. Je ne vois plus que ses lèvres, à quelques centimètres de moi. Je sens son souffle sur ma peau, et des milliers de frissons y fourmillent aussitôt.

Non, décidément ! Nous ne pouvions pas rester !

Sœurs, le rôle était intenable !

Je ne parviens pas à mettre un mot sur ce qui s'est passé, mais j'ai été poussée par une force plus grande que moi. Il était impossible de lutter. Il fallait que je me jette à l'eau avec elle.

Même si, là, tout de suite, je la trouve particulièrement froide.

Lauren m'aide à descendre de la moto. Ses gestes sont doux, comme si elle avait peur de me briser. Une fois que j'ai posé le pied par terre, je constate que je tremble. Un mélange d'adrénaline et d'inquiétude me coupe les jambes.

- Ça va aller, Camz, souffle-t-elle.

Ce n'est pas une question, mais une affirmation, et sa détermination me rassure. Elle passe un bras autour de ma taille pour me serrer contre elle. La chaleur de sa peau me semble passer directement dans la mienne.

Tant que je suis avec elle, tout ira bien.

- On va se poser ici un instant, le temps de reprendre nos esprits, ajoute-t-elle en poussant la porte du café.