Partie 98

1.7K 95 4
                                    


   Camila

A mon arrivée à l'aéroport d'Édimbourg, personne n'est là pour m'accueillir. Normal. Je débarque. Mais ce n'est pas pour cela que j'ai le cœur lourd. Demain, c'est la rentrée à l'université. Le premier jour. Je suis admise à la prestigieuse université de biologie marine d'Édimbourg, et ma mère n'est pas là pour me voir. Il aurait été si fier.

C'est déjà la fin de l'après-midi, à cause du décalage horaire, et quand je mets le nez hors de l'aéroport, je suis frappée par la douceur du temps. J'observe quelques instants les collines dans le lointain puis trouve un taxi, lui donne l'adresse de mon studio, que je ne connais pas encore par cœur. La voiture quitte l'aéroport et je ne perds pas une miette du paysage, si différent de ce que j'ai connu jusque-là.

La voiture s'engouffre dans la ville et je découvre l'architecture de pierre grise, illuminée par le soleil de la fin d'après-midi. Captivée par le paysage, je n'ai pas senti la voiture s'arrêter, mais le chauffeur de taxi me sourit et dit quelque chose avec un accent à couper au couteau. Je n'ai pas compris, mais je devine que je suis arrivée.

Je lève la tête vers mon immeuble. Rien à voir avec le quartier de Williamsburg, mais la petite ruelle pavée aux façades colorées dans laquelle il se trouve à son charme.

La propriétaire du studio que j'ai dégotté avec l'aide de Lauren n'habite pas à Édimbourg, et il m'a dit que ma clé m'attendrait dans le bar d'en face. Il n'avait pas l'air pressé de faire l'état des lieux. Je laisse mes énormes valises devant la porte de l'immeuble. Aucun risque qu'on me les vole, elles pèsent des tonnes. Moi qui pensais voyager léger, tout le monde m'a donné un peu de lui avant de partir et je me retrouve chargée comme un mulet.

A peine ai-je poussé la porte du pub, à quelques pas d l'immeuble, que le barman me tend une enveloppe en souriant. S'il a deviné du premier coup d'œil que j'étais américaine, je trouve pour ma part qu'avec sa barbe rousse, il ressemble en tout point à l'idée qu'on peut se faire d'un Ecossais.

- Dernier étage gauche ! Bienvenue à Édimbourg ! Et viens quand tu veux goûter les bières de mon cru !

Je le remercie. Il ignore à quel point son sourire et sa décontraction me font du bien.

Le hall d'entrée de mon nouvel immeuble est accueillant. Des carreaux noirs et blancs au sol, des boîtes aux lettres rouges, en bois. Je cherche la mienne lorsqu'une fille un peu plus âgée aux cheveux longs et bouclés entre dans le hall, en poussant un vélo.

- C'est toi, Camila ? demande-t-elle avant que j'aie ouvert la bouche.

Son sourire chaleureux et ses grands yeux marrons pétillants de malice me mettent tout de suite à l'aise.

- Il paraît que tu es au dernier étage, chanceuse ! C'est le meilleur studio pour la vue sur les collines ! Et en plus tu as un balcon. Quand je suis arrivée cet été, il n'était pas libre. Sinon je l'aurais pris, confie-t-elle avec un clin d'œil.

Au départ, je comprends à peine ce qu'elle me dit, à cause de son accent. Pas de doute, elle est écossaise. Elle pose son vélo sous les boîtes aux lettres. Je lui souris même si je suis encore un peu empêtrée dans la tristesse de ma séparation avec Lauren et par le décalage horaire.

- Je t'aide, attends, tu ne vas pas te taper tout ça à monter toute seule.

Et avant que j'aie pu dire quoi que ce soit, elle attrape mes valises.

- Ah, tu dois te demander comment je sais qui tu es, rit-elle en montant les marches. Rassure-toi, je ne suis pas une espionne. C'est juste que le propriétaire a déjà mis ton prénom depuis une semaine, et comme tout le monde se connaît, ici... On s'est demandé qui était Camila. J'en déduis que c'est toi. Sherlock Holmes n'a qu'à bien se tenir. Tu vas voir, il est chouette cet immeuble. J'y habite depuis un mois.

Apprends-moi/fan-fiction camrenWhere stories live. Discover now