Partie 61

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   Camila

Lauren passe la main dans ses cheveux d'un air aussi frustré que moi, et légèrement embarrassé.

- C'est la façon très délicate que Darren a mise au point pour appeler tout le monde à table, grogne Lauren.

J'éclate de rire.

- Comme à l'armée ?

- Non, comme dans une colocation dans laquelle vit un type- Darren – qui a décrété qu'il en avait assez de manger froid ou brûlé.

- Vous mangez ensemble tous les soirs ?

- Ceux qui sont là mangent ensemble, oui. Mais là, je crois que Matt a cuisiné quelque chose, d'où l'appel du clairon.

Quand nous arrivons au salon, main dans la main, Darren nous joue un air plus léger, comme pour se faire pardonner.

- Je lui ai dit de ne pas le faire ! s'écrie Matt. J'avais mis mon plat à mijoter ! ça pouvait attendre !

- Oui, eh bien, moi j'avais faim, rétorque Darren. A tous les coups, on allait les attendre jusqu'à demain matin ! Et de toute façon, tu ne pouvais pas laisser cuire ton risotto éternellement.

Il s'assoit à table d'où il continue à jouer quelques airs de trompette. Matt quitte les fourneaux pour s'installer derrière sa platine et il se met à sampler l'air joué par Darren.

- C'est pas mal... Tu pourrais peut-être l'inclure dans ton prochain mix, conseille Theo. A mon avis, ça enflammerait le dancefloor.

Le blond aux yeux sombre hoche la tête. De toute évidence, il prête une grande attention aux conseils du graffeur.

- A propos d'enflammer le dancefloor... si vous ne voulez pas que le risotto soit complètement cramé, c'est le moment de venir manger ! Ne m'obligez pas à redonner un coup de clairon. Sinon, vous vous expliquerez vous-mêmes avec le voisin du dessous.

Quand je m'approche de la table, je constate qu'un nouveau tabouret a fait son apparition. Ce matin, il n'y en avait que quatre. Un des colocataires a eu cette attention, et ça me touche, comme si moi aussi, j'avais officiellement ma place dans cette colocation aux allures de famille.

Absorbée par la conversation qui par je ne sais quelle logique vient de passer en vue à New York aux pieuvres venimeuses en passant par les avantages du programme « lavage à la main » de la machine à laver de la coloc', je n'entends pas mon téléphone sonner. C'est Darren qui lève les mains pour demander le silence, à la façon d'un chef d'orchestre.

- Un téléphone ! Et à mon avis, c'est le tien, Camila, parce que je n'ai jamais entendu cette sonnerie qui imite vaguement une suite de Bach.

- Arrête de frimer, Sherlock Holmes de la sonnerie ! le vanne Matt.

Je saisis mon téléphone et décroche précipitamment, pour ne pas louper l'appel.

- Allô ?

- Camila, c'est toi ? fait une petite voix que je reconnais immédiatement.

- Sofia ! Je suis tellement contente de t'entendre !

Je déchante assez vite en entendant un sanglot.

- Camila, c'est quand que tu reviens ?

- Je ne sais pas, Sofia..., dis-je d'une voix blanche.

Apprends-moi/fan-fiction camrenWhere stories live. Discover now