Partie 24

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Camila

Ce matin, j'ai réglé mon réveil à l'aube. J'ai décidé de passer la matinée avec Sofia. Je ne peux pas la laisser penser qu'un jour, je ne l'aimerai plus.

Lorsqu'elle débarque dans la cuisine, elle est surprise et ravie de m'y trouver déjà. Et quand je lui fais griller des toasts que je découpe en forme de soleil, un large sourire s'affiche sur son visage.

- Tu veux jouer à quoi, ce matin ?

- Au basket-à-roulettes !

- C'est quoi ?

- C'est comme un match de basket, mais sur patins à roulettes. C'est Lauren qui m'a appris.

Je me disais aussi...

- Le problème c'est que Léo n'a pas de patins..., regrette Sof' en engloutissant sa tartine soleil.

- Ce n'est pas grave. Il peut jouer tout de même. Prends-le dans ton équipe !

Sitôt le petit déjeuner avalé, nous filons dehors. Au bout de l'immense terrasse est accroché un panneau de basket qui doit dater de l'époque où Lauren était enfant. J'ai récupéré des vieux patins qui ont appartenu à Clara. Sofia, elle, en arbore une paire flambant neuve.

- C'est Lauren qui me les a offerts pour mon anniversaire la dernière fois que je suis venue en vacance, raconte ma sœur d'un ton triomphant. Ils sont beaux, hein ?

Je hoche la tête. Difficile de ne pas penser à Lauren puisque tout ici me la rappelle, y compris ma petite sœur, dont le regard s'illumine quand elle prononce son prénom.

Je m'arrête un instant de lacer mes chaussures pour prendre ma sœur dans mes bras.

- J'ai quelque chose à te dire, Sofia.

La petite fronce les sourcils.

- Je suis ta grande sœur et je ne cesserai jamais de t'aimer ! Tu le sais ?

Elle hoche la tête, l'air de réfléchir.

- Tu seras toujours ma grande sœur !

- Toujours !

- Même quand je serai grande ?

- Même quand tu seras grande.

- Même quand je serai vieille ?

- Même quand tu seras vieille.

- Vieille comme 340 ans ?

- Même quand on sera vieille comme des dinosaures, je t'aimerai encore.

Sofia éclate de rire. Je la serre dans mes bras. Ça me fait du bien. A elle aussi, je le sens. Elle m'agrippe de ses petites mains. Et une vive émotion m'étreint. Je suis sa grande sœur, je suis supposée veiller sur elle et la réconforter, mais elle ne se doute pas de l'importance qu'elle a à mes yeux. Sans elle, je ne sais pas comment je ferais.

Après nous avoir observés d'un air perplexe pendant quelques secondes, Léo décide de participer lui aussi à la séance de câlins. Il se jette entre nous et nous donne de grands coups de langue. Dans un éclat de rire, Sof' et moi le couvrons de caresses.

- Et lui, tu crois que ses parents lui manquent ? demande Sofia.

Sa question me remue.

- Je crois qu'il a une super amie qui l'aime tellement que ça lui suffit.

- J'espère..., murmure Sofia en serrant le chiot dans ses bras.

- Bon, on le fait, ce match de basket-à-roulettes ?

**********************

Sofia mène 10 à 4- la laisser gagner fait partie du programme de la matinée- lorsque j'aperçois une silhouette que je reconnaîtrais entre mille. Lauren.

Telle une grande fauve, elle vient de sortir de la maison par la baie vitrée et, après avoir hésité quelques secondes sur le pas de la porte, son mug de café à la main, elle sort sur la terrasse. Elle est suffisamment grande pour que nous ne tombions pas nez à nez et que nous puissions nous ignorer superbement. Mais nous sommes tout de même assez près pour que je puisse constater une nouvelle fois que sa poitrine parfaitement formée est à tomber. Elle fait le tour de la piscine puis elle y trempe le pied, pour en vérifier la température. Oui, il fait chaud ce matin... Et depuis qu'elle promène son corps autour du bassin, le thermomètre s'envole.

- 12 à 4 ! crie Sofia. Tu ne l'as pas vu venir, celui-là, hein ?

Je n'ai rien vu passer, non.

A part Lauren.

J'ai prévu de passer la matinée avec Sofia. Il n'est pas question de laisser Lauren venir tout gâcher. Je m'efforce donc de ne pas la regarder et de rester concentrée sur le match de basket.

- 14 à 4 ! exulte Sofia. C'est vraiment trop facile de te battre !

Soudain, elle prend son élan et plonge dans le grand bain. Un plongeon à la courbe parfaite.

Et une plongeuse parfaite.

- Ouah ! Tu as vu comme elle plonge trop bien, Lauren !

- Elle est douée, oui.

Ensuite, je la vois plus, puisqu'elle est dans la piscine, mais je suppose qu'elle nage. Avec des mouvements qu'il vaut mieux ne pas essayer d'imaginer.

- 16 à 4 !

Quelques minutes plus tard, Lauren sort de L'eau, ruisselante et magistrale, pour aller s'étendre sur une chaise longue. Sofia jette un coup d'œil dans la direction de la piscine et s'arrête un instant de patiner pour me prendre la main.

- Je suis contente d'avoir deux sœurs, tu sais. Comme ça, je ne risque pas d'être seule. Jamais. Même quand on sera vieille.

Sœurs. Argh !

Ce que je ressens quand j'aperçois le corps de Lauren n'a rien de sentiments fraternels... Je me sens coupable face à Clara et mon père. Mais face à Sofia, je me sens monstrueuse. Si elle apprenait ce que nous avons fait, tous ses repères, déjà fragilisés, s'écrouleraient. Je ne supporterais pas de la rendre malheureuse. Non, décidément, mon attirance pour Lauren est une bombe à retardement. Je ne peux pas faire ça à ma petite sœur.

Apprends-moi/fan-fiction camrenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant