Partie 90

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   Lauren

Je finis par enfourcher ma moto, mais je décide de ne pas rentrer tout de suite. Je vais faire un tour, le temps de trouver la force d'aligner ces quelques mots.

Traverser la ville à la tombée de la nuit m'a souvent apaisé. Mais ce soir, dès les premiers mètres, je me sens plus agitée que jamais, d'autant que chaque coin de rue me rappelle Camz.

En dépassant le restaurant Juliette, pour gagner New York, je revois son sourire enchanté, ses yeux brillants. Nous étions si heureuses d'avoir gagné la liberté d'être ensemble. Plus loin, le pont de Brooklyn résonne encore de la promenade que nous avons faite main dans la main, lors de ce jour merveilleux où je lui ai fait découvrir la ville. Et puis, de l'autre côté du pont, tout est imprégné d'elle ! Tout me murmure que je l'aime plus que tout. New York est l'écrin de notre amour, la ville qui nous a accueillis, et l'idée de m'y retrouver seul me terrifie.

Comment je vais faire, si tout ici me rappelle la femme que j'aime ?

Il fait nuit et l'air est lourd quand je me retrouve sur les quais de Manhattan, face à la statue de la liberté. Je finis toujours par atterrir ici quand j'ai besoin d'être seule pour réfléchir. La flamme allumée de la statue a toujours eu un effet salutaire sur moi.

Mais ce soir, ça ne marche pas. Alors que je voudrais ne plus penser à Camz, c'est à elle que je songe immédiatement en arrivant.

Je suis sûre qu'elle adorerait cette vue. J'aimerais tellement partager cela avec elle.

Est-ce que les choses auront encore un sens, quand elle sera partie ?

Les cauchemars vont se précipiter sur moi, c'est certain... Et puis, la coloc' aura-t-elle encore une âme ? C'était le lieu qui nous avait accueillis, notre nid...

Comme ce matin, je décide vingt fois de lui envoyer un message. Mais pour écrire quoi ? Que tout est fini ? Mes doigts refusent de former ces mots. Vingt fois que je commence un message, vingt fois je l'efface. Vingt fois, j'appuie sur son prénom pour l'appeler (pour lui dire quoi ?) puis je renonce.

Et elle, pourquoi ne m'écrit-elle pas ? Pourquoi ne m'appelle-t-elle pas ?

Est-ce qu'elle a déjà pris son parti de notre séparation ? Cette pensée me fait atrocement souffrir. Il me semble qu'on me perce le cœur.

A bout de nerfs, je suis à deux doigts de lancer mon téléphone dans le fleuve lorsqu'une main se pose sur mon épaule. Je sursaute.

- Je savais que tu serais ici.

Matt se tient devant moi, le visage fermé. J'aperçois sa moto, à côté de la mienne : j'étais tellement préoccupée que je ne l'ai pas entendu arriver. Ça me fait bizarre de le voir. J'ai l'impression d'avoir été enfermée dans mes pensées depuis ce matin.

- On peut savoir à quoi tu joues ? demande-t-il furieux. Camila est désespérée ! Elle est dans tous ses états !

- Parce que tu crois que je m'amuse ? grogné-je.

Je suis à cran. Il me suffit d'une étincelle pour prendre feu. Je soupire et je me tourne vers le fleuve, le visage fermé.

- Camila est dans un état lamentable, à l'appartement, reprend Matt, loin de se laisser impressionner par ma mauvaise humeur. Je l'ai laissée avec Theo qui a eu toutes les peines du monde à la consoler. Est-ce que tu peux m'expliquer pourquoi elle a passé la soirée à pleurer alors que vous devriez être en train de faire la fête ?

Apprends-moi/fan-fiction camrenWhere stories live. Discover now