Partie 73

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Camila

Le lendemain, je suis réveillée par Sof', qui me saute dessus, et par les grands coups de langue de Léo.

Beurk !

Le chiot sent encore très fort la vanille. Mais tout de même !

Je repousse Léo et serre ma petite sœur dans mes bras.

- Tu es la dernière ! Lauren et moi, on est allées faire sortir Léo et tout le monde t'attend pour le petit déjeuner !

Je lève les yeux et je vois Lauren, dans l'encadrement de la porte. Sa stature imposante et son beau visage font battre mon cœur un peu plus vite. Elle me regarde intensément. Je me sens troublée par le vert de ses yeux.

Et j'aime ça.

- Matt a fait des muffins pour moi, reprend Sofia. Il a dit que c'était les meilleurs du monde, et qu'il en resterait peut-être un pour toi, si tu te dépêches de te lever.

J'éclate de rire. Sof' repart en courant, Léo sur les talons. Une fois que Sofia a disparu, Lauren s'allonge un instant à côté de moi et me caresse doucement le bras. Mille frissons galopent à la surface de ma peau. Je pose un baiser sur ses lèvres, elle se redresse sur le coude pour me le rendre, mais des éclats de rire provenant de la cuisine nous interrompent.

- Je crois qu'elle était sérieuse, à propos du muffin, explique Lauren.

Quand nous arrivons toutes les deux à la cuisine, Theo apprend à Sofia à se fabriquer un muffin à plusieurs étages garni de confiture. Le graffeur lève les yeux vers moi et nous échangeons un bref regard. Il est gêné et je tente de le rassurer d'un sourire, mais il détourne rapidement les yeux. A en juger par le comportement tout à fait habituel de Matt, Theo ne lui a rien dit. Je souris pour moi-même. Je suis heureuse de savoir Theo en couple, d'autant qu'ils ont l'air complices tous les deux. J'irai lui parler au plus vite...

Léo me tire de mes pensées en tentant de voler un muffin.

- Dommage, c'était le tien, Camila, rit Matt. Fallait te lever plus vite...

Je pousse un cri indigné, mais Sof', grande princesse, me tend alors l'un des quatre muffins empilés dans son assiette. Je saisis l'occasion de la remercier pour la serrer fort dans mes bras.

A la fin du petit déjeuner, une ombre passe sur le visage de Sofia. Elle serre contre elle la peluche pingouin.

- Est-ce qu'on va rentrer chez papa et Clara ? demande-t-elle inquiète.

Lauren s'assoit en face d'elle.

- On va aller leur parler, toutes les trois. Pour que tu puisses venir chez nous et qu'on puisse se voir, explique-t-elle.

Sofia hoche la tête, l'air soucieux, et vient s'asseoir sur mes genoux.

- De toute façon, si j'ai pas le droit de venir, je viendrai toute seule. J'ai retenu le chemin dans ma tête quand on est venues en taxi du garage.

- Tu dois me promettre de ne jamais faire ça, Sof' ! m'écrié-je. C'est très dangereux ! Tu sais que tout le monde a eu très peur quand tu es partie !

Pour toute réponse, elle part chercher ses affaires. Lauren m'entoure alors les épaules de ses bras et penche la tête dans mon cou.

- C'est marrant, on dirait qu'elle partage avec toi un certain gène de la tête de mule, me souffle-t-elle d'une voix grave avant de se détacher de moi brusquement pour éviter des représailles.

Je n'ai pas le temps de protester, Sof' est revenue et dit au revoir à Matt et Theo avant de courir vers l'ascenseur pur appuyer sur les boutons elle-même. Au moment où Lauren et moi nous apprêtons à sortir, Matt et Theo nous souhaitent discrètement bonne chance.

Dans le métro, Sofia m'a saisi la main, et elle ne la lâche plus. Elle ne s'amuse plus à sauter partout et, inquiète, elle me fait répéter plusieurs fois ma promesse de nous voir souvent.

A mesure que nous approchons de chez Clara et Alejandro, mon estomac se noue, mais je prends sur moi pour ne pas le montrer à Sofia. Et puis, l'air confiant de Lauren me rassure.

Quand nous entrons dans l'appartement de la 76e Rue, Clara pousse un cri de joie en voyant Sof'. Sofia est émue, elle aussi, mais elle refuse de me lâcher la main et elle jette un regard plein de méfiance à Alejandro et Clara.

- J'ai eu tellement peur, Sofia ! s'écrie-t-elle en s'agenouillant à sa hauteur.

Alejandro ne dit rien, il se contente de nous jeter un regard fâché qui m'agace, sans m'impressionner. Je lui rends son regard.

Il n'est pas le seul à être contrarié ! Moi aussi, j'ai des raisons de lui en vouloir.

- On va trouver une solution, Sofia. On a parlé avec ton père. On va se débrouiller pour que tu puisses voir Camila et Lauren, promet Clara, comprenant que Sofia attend ces mots.

Elle accepte alors de me lâcher la main et de se laisser embrasser par Clara, qu'elle retrouve avec émotion. Mais elle semble toujours considérer notre père avec méfiance. L'espace d'une seconde, je me sens coupable de créer des tensions dans cette famille qui se recompose, mais je me reprends : ils ont leur part de responsabilité, eux aussi !

Comme si elle était soulagée et qu'elle avait décidé de laisser les adultes parler, Sofia disparaît dans la cuisine pour s'occuper de Léo.

Nous restons plantés dans l'entrée, Lauren, Clara, Alejandro et moi, à nous regarder de travers. L'ambiance est glaciale. Face à leur regard réprobateur, Lauren a glissé sa main dans la mienne, comme par défi, pour les placer face à ce qu'ils cherchent à occulter en nous jetant dehors. Et la chaleur de ce contact me donne de la force pour ne pas me laisser gagner par le malaise grandissant.

- Nous n'approuvons pas du tout cette relation, tonne mon père.

Non ? Sans blague !

Clara fait un geste pour l'apaiser, cependant.

- Nous n'approuvons pas, mais nous ne pouvons pas vous en empêcher, concède-t-elle. Vous êtes adultes. Nous vous souhaitons d'être heureuse. Et nous ne ferons plus barrière entre Sofia et vous.

J'échange un regard soulagé avec Lauren. On n'en est pas encore à passer les dimanches en famille, mais c'est déjà pas mal. Et finalement, tout ce qui compte, pour moi, c'est d'être avec Lauren et de pouvoir voir ma petite sœur. Si Clara et Alejandro n'approuvent pas, tant pis pour eux. Le but de notre visite était d'obtenir le droit de voir Sof', pas d'emporter leur adhésion. Je me dirige donc vers la cuisine, suivie par Lauren, et je prends ma petite sœur dans les bras pour la ramener dans l'entrée.

- Sof', Lauren et moi allons partir. Mais tu pourras venir chez nous, et tu pourras m'appeler quand tu le voudras, dis-je en regardant Clara droit dans les yeux, comme pour sceller cette promesse.

Aux mots « chez nous », Clara et Alejandro se raidissent. Ces mots provoquent chez moi l'effet contraire.

- Et tu viendras très bientôt passer la journée avec nous à Brooklyn, promet Lauren. On ira même réparer ma moto, ensemble, quand le garage sera ouvert. C'est d'accord ?

- Et moi je t'emmènerai à l'aquarium, dis-je en embrassant ma petite sœur sur la joue.

- Je suis triste qu'on ne puisse pas vivre tous ensemble... souffle la petite fille. Mais si on peut se voir, je suis contente.

Alejandro hausse les épaules avec un mépris qui nous est destiné, à Lauren et moi, mais je fais mine de ne pas le voir et je serre Sofia dans mes bras avant de lui dire au revoir.

Une fois au pied de l'immeuble, je m'effondre dans les bras de Lauren, comme si toute la pression retombait. Et nous échangeons un long baiser juste sous les fenêtres d'Alejandro et Clara.

Apprends-moi/fan-fiction camrenWhere stories live. Discover now