Partie 49

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   Camila

Aujourd'hui, quand je me réveille, je sais que la journée s'annonce particulière. J'ai évité d'y penser, mais je savais que la date approchait, inexorablement. Et nous y sommes. Le 7 août. Le jour de l'anniversaire de ma mère. Je me sens à fleur de peau et je ne sais comment faire face au flot d'émotions qui s'annonce. Et vu ce que je vis déjà en ce moment, j'ai l'impression que ça va faire trop.

Les souvenir me reviennent. Les douze dernières années, j'ai occupé ma matinée du 7 août à préparer moi-même un gâteau au chocolat- plus ou moins brûlé selon les années. Aujourd'hui, je n'ai pas de gâteau au chocolat à préparer, et je me sens désœuvrée. Je suis restée au lit, comme si rien ne pouvait se substituer à cette tradition passée. J'ai l'impression que l'immense vide qu'a créé la mort de ma mère s'est agrandi, qu'il est désormais plus fort et plus sombre que jamais.

Je caresse le tatouage sur mon avant-bras. Elle me manque cruellement. Et je me demande ce qu'elle aurait pensé de tout ce qui m'arrive. La seule chose dont je suis certaine, c'est qu'elle m'aurait encouragée à suivre mon cœur, et rien d'autre.

Le problème, c'est que je ne sais plus trop ce que me dit mon cœur.

Je suis toujours dans mon lit quand Sofia entre dans ma chambre. Elle a une petite mine, elle serre le livre de princesses que lui a offert maman. Sue ses talons, comme s'il avait senti sa peine, Léo tente de lui lécher le mollet pour la réconforter.

- Tu sais quel jour on est, aujourd'hui, Camila ? demande sof' tristement.

- Oui, bien sûr, dis-je en la prenant dans mes bras.

Elle me tend le livre.

- Tu peux me raconter l'histoire ?

- Autant de fois que tu veux.

Après la lui avoir lue trois fois, j'ai une idée.

- Tu sais quoi, Sofia ? On ne va pas rester ici. Habille-toi, je vais t'emmener quelque part. Juste toutes les deux. Dans un endroit secret.

- Si c'est un endroit secret, comment ça se fait que tu le connais ? interroge Sof' avec de grands yeux.

- Je connais plein de secrets, tu sais.

J'ai décidé de l'emmener dans la crique que m'a montrée Lauren. Je sais qu'on y sera tranquilles, puisque personne ne la connaît, ou presque. Et puis, qui sait ? On aura peut-être la chance d'apercevoir une baleine, comme un signe. J'ai besoin de passer la journée avec ma petite sœur, et de me recentrer sur ma passion.

Après avoir prévenu papa, nous nous engageons tous les trois, Sof', Léo et moi, sur le chemin qui longe la plage et qui mène à la crique.

Lorsque nous posons les pieds sur le sable, je me souviens de la fois où Lauren et moi y sommes venus, mais aujourd'hui, j'ai la tête ailleurs. Je me concentre sur l'océan, et j'espère de tout mon cœur voir des baleines.

J'ai emporté une paire de jumelles que je tends à ma petite sœur.

- Si on a de la chance, on pourra peut-être apercevoir des baleines.

- Des baleines comment ?

- Des baleines à bosse. Regarde bien, elles viennent parfois, à cette saison, avant de partir dans le sud.

- Est-ce que c'est maman qui t'a appris ça ?

- C'est elle qui m'a donné envie d'en savoir plus sur les baleines.

Ma petite sœur semble très triste, tout à coup. On dirait qu'autre chose la préoccupe.

- Qu'est-ce qui ne va as, Sof' ? Tu sais que tu peux tout me dire...

- Pour l'anniversaire de maman, je crois que je lui ai pas fait un très beau cadeau...

- De quoi tu parles, Sof' ? Quel cadeau ?

- Je crois que maman va être très en colère contre moi.

Son air triste commence à m'inquiéter pour de bon.

- Si elle apprend que Clara va m'adopter, elle va croire que je veux changer de maman...

Je souris, mais mon cœur se noue face à la souffrance de Sofia. Je la serre très fort dans mes bras.

- Maman ne t'en voudrait pas, Sofia, bien au contraire. Elle veut que tu sois heureuse. Elle serait très contente de voir que tu es dans une famille dans laquelle des gens t'aiment et s'occupent de toi. Tu sais, elle voulait le meilleur, pour nous. Personne ne la remplacera jamais, mais tu as le droit de te reconstruire une autre famille.

- Mais toi, tu ne veux pas te faire adopter ? demande-t-elle, soudain inquiète.

Je caresse la flèche que je me suis fait tatouer.

- Moi je suis trop grande, tu sais.

Enfin, presque.

- Clara ne va pas m'adopter, mais je serai toujours là, près de toi.

Sofia se blottit dans mes bras.

- Je suis contente d'être près de toi, Camila, parce que tu es ma grande sœur et que je t'aime.

Ses mots simples me réchauffent le cœur. Et nous restons une bonne partie de la journée, avec Léo, à scruter l'océan. Aucune baleine ne daigne traverser l'écran, mais nous passons un bon moment, toutes les deux, et c'est tout ce qui compte.

Lorsque nous rentrons à la maison, une odeur de cuisine me rappelle que je n'ai rien mangé depuis la veille. Papa nous attend, avec des tonnes de pancakes. Elle sait que Sof' et moi adorons ça. Son attention me touche. Il a aimé notre mère et je sais que ça lui fait quelque chose, à lui aussi, cet anniversaire.

Apprends-moi/fan-fiction camrenWhere stories live. Discover now