Partie 31

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   Lauren

Chaque nuit, des cauchemars horribles me réveillent. Ça s'était un peu calmé. C'est revenu, en pire, en même temps que ma douleur au genou. Impossible de trouver le sommeil dans ces conditions. Et quand je finis tout de même par sombrer, trop fatigué, malgré la douleur au genou, je suis réveillée par ces cauchemars débiles.

Impossible de bouger non plus. Résultat : je passe mon temps à ruminer. Camila, Alejandro, tout ce que j'ai perdu à cause de ce foutu genou. Je me fais l'effet d'un zombie enragé en cage.

Mais le plus dur, c'est d'éviter Camila. À l'hôpital, nous avons bien failli nous faire griller. Si elle devait se faire chasser à cause de moi, je ne me le pardonnerais jamais. Je n'ai pas le droit de la mettre en danger.

Si encore je pouvais aller à la salle de boxe... Mais je ne peux plus quitter cette maison, avec ce foutu genou.

J'ai essayé de nier, de me dire que ça allait se remettre tout seul. Je me suis forcée à rester toute une journée sans bouger. Rien. La douleur n'a pas diminué, et chaque mouvement m'arrache un cri.

Je ne regrette pas d'être allée chercher Camz, et je replongerais à l'instant si c'était nécessaire, mais je le paie le prix fort. Et tout me rappelle que plus rien ne sera jamais comme avant.

Je n'ai plus le choix, il faut que je prenne rendez-vous chez le kinésithérapeute. Et c'est comme un renoncement, comme un aveu d'impuissance. La preuve que les choses ne s'arrangeront jamais, que mon corps est définitivement abîmé.

Putain d'accident !

********************

M. Glass me connaît bien. Moi aussi je le connais bien. J'ai eu des dizaines de rendez-vous avec lui. Et je lui dois beaucoup. Chaque fois, ses cheveux blancs en bataille, sa moustache parfaitement soignée et ses yeux bleus pleins de calme et d'empathie ont eu l'étrange pouvoir de m'apaiser. Sans lui, les choses seraient pires que ce qu'elles sont.

Quand je franchis la porte, il m'accueille avec un air embêté. Il me voit boiter, grimacer à chaque pas. Il se doute que la douleur est insupportable. Il devine l'étendue des dégâts. Physiques et moraux.

- Comment est-ce arrivé ? demande-t-il, sans l'ombre d'un reproche.

J'ai toujours apprécié ça, chez lui. La bienveillance, l'absence de jugement.

Ça me change de ma soit disant famille.

- J'ai nagé, et j'ai couru...

Il me regarde, perplexe.

- Seulement ça ?

- Une jeune femme se noyait. Je suis allée la chercher. J'ai un peu trop couru, et j'ai nagé un peu trop vite, un peu trop longtemps. J'ai un peu trop tiré sur mon genou...

Il hoche la tête.

- Je n'allais tout de même pas la laisser se noyer à cause de ce genou ! m'emporté-je.

M. Glass sait que ce n'est pas contre lui que je m'énerve. Il me fait un signe d'apaisement.

- Bien sûr que non, Lauren, répond-il avec douceur. Vous élancer au secours de quelqu'un, dans votre situation, c'est très noble de votre part. On peut dire que la personne que vous avez sauvée a eu beaucoup de chance de tomber sur quelqu'un comme vous...

Apprends-moi/fan-fiction camrenWhere stories live. Discover now