Chapitre 103- A new power p3

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 " Si tu veux connaître ton ami,

couche-toi au bord du chemin et simule l'ivresse"


Chris

Il faudrait être aveugle pour ne pas se rendre compte que je viens de toucher un point sensible chez Lucian et même si cela était involontaire. Et pour cause, jamais encore je ne l'ai vu éprouver le moindre sentiment autre que toute cette colère persistante qui a sans doute balayé ce qu'il pouvait y'avoir de bon en lui.

Notre passé, chaque étape que nous franchissons nous transforment d'une façon irrévocable. Je l'ai appris à mes dépens. Chaque nuit, je revis en boucle cet instant où ma vie a basculé. Et aucun détail n'est écarté. Je revois sans mal le visage de chacun de ses monstres lorsque je leur ai donné accès à notre maison et de toutes les horreurs qui ont suivi. Je me souviens du contact des mains baladeuses de cette femme vampire sur le moi encore petit garçon, de la rage éprouvée de ma mère cherchant tant bien que mal à me sortir de là puis de ses mensonges qui ont suivi.

« Enfonce-le ! m'avait-elle supplié en me forçant à tenir ce putain de couteau de cuisine. Tel l'oiseau phénix, je renaitrais de mes cendres. Fais-moi confiance, Chris, je serais plus forte que jamais et ma morsure sera capable de les anéantir, ne l'oublie pas ! »

Naïf, j'ai obéi, mais elle, elle n'est jamais revenue comme elle l'avait promis. Moi, en revanche je suis devenu plus fort et le venin contenu dans les crocs de mon alter ego est bel et bien capable de les anéantir.

— Chris ! m'interpelle Nik. Tu n'as pas à te sentir coupable. Celui qui agit comme un connard, c'est lui !

Visiblement, il ne comprend pas l'empathie soudaine que j'éprouve pour un homme que j'ai toujours détesté. Peut-être parce qu'on m'a appris à ne jamais abandonner l'un des siens au bord du chemin. Peut-être parce qu'après toutes ces années j'ai réussi à déceler autre chose chez lui que cette réaction hermétique à tout ce qui l'entoure.

Sans répondre, je quitte le QG à la recherche de Lucian et c'est une dizaine minutes plus tard que je le retrouve assis sur un banc de Jackson square.

Je soupire puis ose m'approcher. À la différence des autres fois, Lucian ne m'apporte plus de crainte. S'il devait passer à l'attaque, je le battrais sans difficulté. Nous le savons tous les deux. Lucian a beau être encore bien taillé pour son âge, il n'égalera jamais la force physique d'un loup de la lignée des Morgan.

— Je suis désolé ! j'admets. Je n'ai pas le souvenir de t'avoir vu auprès de quelqu'un.

Comme beaucoup de fois où j'ai cherché à lui adresser la parole, il ne me porte aucun intérêt.

Lucian ne m'a jamais apprécié et je le sais. J'imagine qu'à ses yeux, je ne suis pas mieux que Niklaus et qu'il nous considère comme de simples pièces rapportées. Et pourtant, malgré toute la crainte qu'il a pu me donner au cours de ma vie, il reste l'un des miens et je me sens responsable de l'avoir blessé.

— Tu sais, je commence en m'installant à ses côtés. Je connais cette réaction... celle du deuil. Comme tu le sais, j'ai perdu ma mère il y'a longtemps et maintenant, c'est mon père qui est parti la rejoindre. Et moi, je suis coincé ici !

Lucian déglutit mais reste une nouvelle fois silencieux.

— Il s'agissait de ton âme sœur, n'est-ce pas ? Elle aussi elle n'est plus là ?

— Je ne veux pas en parler... et encore moins... avec toi, crache-t-il avec une certaine agressivité que je ne comprends pas.

— On dit qu'avec le temps on oublie et que les blessures se referment. En vérité, c'est un mensonge, les cicatrices restent et elles nous hantent à jamais ! je poursuis.

Entre rêves et réalitéWhere stories live. Discover now