Chapitre 122- Entre deux mondes

381 25 37
                                    


Klaus

Toute la maturité qui s'affiche sur son visage, je la retrouve autant dans sa voix. Mon charisme est-il aussi important que l'est celui de mon géniteur ? Face à lui, je me sens étrange. Quelque peu... penaud.

Pire, je crois bien que maintenant je tremble comme l'enfant que j'étais auparavant et qui, désormais, est si loin.

Son regard bleu métallique, similaire au mien, me harponne, et cela d'une telle force que je ne peux m'y soustraire.

- Vos bottes... je commence, elles sont sales !

Une fois encore, ce sont les seuls mots que j'arrive à prononcer face à lui.

Et une fois de plus, ils me paraissent stupides, mais lui, se met à rire. Je comprends immédiatement qu'il se souvient que ce sont ces mêmes mots qui ont franchi mes lèvres lors de notre toute première rencontre. Bien avant que nous savions ce que nous étions l'un pour l'autre.

Il m'accorde un large sourire et sans m'en rendre compte je lui réponds déjà avec l'un des miens.

Comment fait-il pour arriver à baisser mes barrières aussi rapidement ?

J'imagine que c'est précisément ce à quoi Sam faisait référence lorsqu' il évoquait Nikalan.

- Silas. Silas m'a arraché le cœur, n'est-ce pas ? j'ose lui demander.

Cela expliquerait pourquoi je ne suis plus au QG et surtout face à lui. Parce que même si je chérirai à jamais cet instant, je sais que ce n'est pas normal et la dernière image qui m'a quitté est bien la main du sorcier ayant prise sur mon coeur.

- Non, mon fils... il est toujours là, il me rassure tout en posant sa paume sur ma poitrine.

- Alors comment .... comment est-ce possible ? je demande avec une émotion palpable.

- Chris ! il m'apprend. À sa mort, les portes de nos deux mondes se sont ouvertes pour l'accueillir et désormais, il en bloque la fermeture.

Avec des sentiments de plus en plus difficiles à gérer, je laisse mes paupières se fermer.

- Niklaus ? m'interpelle mon père. Chris ne pourra pas le faire éternellement alors si tu le veux bien j'aimerais profiter de ce cadeau. J'en ai rêvé tellement de fois.

Alors nous avons un point commun parce que cette rencontre moi aussi, au plus profond de mon être, j'en ai rêvé.

Quel genre d'homme serais-je devenu si j'avais été élevé par lui et non par Mikael ? Seulement, je ne peux me montrer égoïste, égoïste de laisser ma famille face à Silas pour combler un simple désir de le découvrir.

- Ne t'inquiète pas pour eux, le temps ici ne s'écoule pas de la même façon. Quand le moment sera venu, ce moment ici, entre toi et moi, viendra se mêler à tes autres souvenirs, me dit-il comme s'il avait lu le fond de mes pensées.

- Allez-vous me dire à quel point je n'ai été qu'une déception à vos yeux ? lâché-je, ému.

Comme s'il ne comprenait pas, il fronce les sourcils puis répond :

- Non ...Niklaus ! En revanche, moi, j'aimerais te demander pardon !

Et cette fois, c'est moi qui ne comprends pas.

- Si tu savais à quel point j'aurais aimé être ton père. Avoir la possibilité... de partager des choses avec toi, même les plus futiles, mais comme un père le ferait avec son enfant. J'aurais aimé te guider tout au long du chemin, t'aider à conquérir le coeur des femmes , Caroline, par exemple, m'accorde-t-il un sourire. Ou simplement avoir la possibilité de courir à tes côtés dans une course sans fin.

Entre rêves et réalitéWhere stories live. Discover now