Chapitre 111- A fleur de toi P2

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Chris

À force de rester allongé sur cette table, mon dos ne le supporte plus. Tout comme il me devient de plus en plus difficile, de gérer toutes ces images qui tournent maintenant en boucle dans ma tête. Cet enfoiré n'a pas le droit de gagné, pas après ce qu'il a fait, et pourtant il semblerait que tout soit déjà écrit à l'avance et que la fin de cette histoire ne m'est en aucunement favorable.

Aussi loin que je m'en souvienne, j'étais tellement obnubilé par la vengeance que la mort, elle-même, ne me faisait pas peur. Mais qu'en est-il maintenant... ? Pourrais-je seulement en dire autant lorsque la faucheuse se tiendra debout devant moi ?

Mon regard pivote sur la gauche, balayant chaque recoin de la pièce. Même s'il est évident qu'il n'en a pas conscience, Nik a de la chance de posséder tout ça. Comparé à moi, il s'est libéré de la meute. Lui est libre alors que moi je resterai à jamais prisonnier.

Tout en me redressant, je tente de retrouver le contrôle sur ma jambe, mais celle-ci se montre capricieuse. Me voilà désormais en position assise à l'observer prise au piège de cette immense attelle. Immédiatement, mes doigts saisissent les scratchs et les décrochent un à un afin de la libérer. Mes gestes ne sont pas tendres. Bien au contraire. J'ai d'ailleurs tendance à me montrer brusque avec ce corps qui est devenu le mien comme si au fond je m'en fichais. Comme si je me punissais de ne pas arriver à reconnaitre mon propre reflet dans le miroir. Parce que tous ces muscles ont été façonnés dans l'unique but de me transformer en une arme redoutable.

Une douleur se réveille et me rappelle à l'ordre, mais je ne m'arrête pas pour autant. Ma jambe valide se place au sol et m'offre un appui assez stable pour soutenir mon poids. J'aide ensuite la deuxième puis me lève. Ma jambe mal en point me fait souffrir. Il me sera impossible de me reposer sur elle, c'est évident.

Finalement, et afin d'éviter une éventuelle chute, je me décide à remettre l'attelle. Une fois fait j'exécute quelques pas dans la pièce pour trouver quelque chose pour couvrir mon torse nu lorsque ma chemise en jean apparait juste sous mon nez.

Rebekah, un sourire ourlant ses lèvres, me la tend.

— Merci, je murmure en l'attrapant.

— Je l'aurais bien conservé encore un peu, mais il semblerait que tu en as bien plus besoin que moi !

Tout en disant ces mots, je sens le poids de son regard sur moi. Il est d'ailleurs si pesant que des frissons envahissent mon épiderme.

— Est-ce que tu as froid ? elle me demande subitement.

À sa simple question, je ne suis plus vraiment avec elle, mais replonge inconsciemment dans mon rêve lorsque j'étais retenu captif. Elle et moi étions dans son lit et j'étais sur elle. La pulpe de ses doigts glissait lentement sur mon visage puis on m'a obligé à la quitter pour faire face à Silas.

— Chris, m'appelle-t-elle à me faire revenir au moment présent. Est-ce que ça va ?

Désespérément, je cherche à la fuir du regard parce que rien que l'idée de penser à elle de cette façon, à nous imaginer ainsi est troublante.

Une fois de plus me servant de la douleur comme punition, j'enfile ma chemise sans délicatesse. Mes gestes toujours autant brusques malmènent ma plaie fraîchement recousue.

— Mais arrête ! s'affole Rebekah. Tu vas arracher tes fils si tu continues. Laisse... je vais le faire !

— Ce ne sera pas nécessaire..., je lâche.

Entre rêves et réalitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant