chapitre soixante trois.

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J'ouvre lentement les paupières avant de m'étirer de toute ma taille, puis de souffler pour enfin rabattre la couette de mon lit sur mon visage.

Je hais déjà cette journée.

Un mal de crâne soudain me submerge, alors que je jure et retire violemment la couverture de mon corps, avant de fixer le plafond d'un regard vide d'émotions, perdue dans mes plus lointaines pensées.

Pour une fois, ce n'est pas l'alcool qui me torture autant le crâne, mais bel et bien le manque de sommeil et la fatigue.

J'ai passé la pire nuit de toute ma vie.

Après être rentrée hier soir et avoir marchée sous la violente pluie tel une idiote, j'ai trouvée ma maison vide de monde, mes parents étant sortis et Jason et Hannah toujours chez Kilian. Alors, j'ai foncée sous la douche et suis restée une longue demi-heure sous l'eau brûlante, à verser toutes les larmes qu'il me restait en réserve, avant de me glisser sous ma couette et de pleurer durant des heures entières.

Finalement, je ne me suis endormie qu'à cinq heures du matin, après avoir entendue mon frère et Hannah franchir la porte d'entrée, et ces cinq heures de sommeil ne semblent malheureusement pas m'avoir suffies.

Mais alors que mon cerveau et mon esprit se remettent enfin en marche, mes yeux semblent directement s'imbiber d'eau, comme si je venais à l'instant de me reconnecter à la réalité.

Et ouais ma belle, t'es encore tombée sur un putain de connard.

Mais qui ça étonne encore ? Je semble avoir le don d'attirer tous les enfoirés de Manhattan, mais ma plus grosse erreur est sans aucun doute celle d'avoir pensé que Kilian serait différent des autres.

J'avais osé penser qu'il se serait différent avec moi, comme si j'avais réellement quelque chose de spécial à lui apporter. J'avais pensé que j'étais celle qui pouvait le changer, comme il m'avait changé moi.

Et finalement, je me retrouve simplement à faire parti de cette liste de filles qui ont eu le cœur brisé par les agissements et les belles paroles de Kilian Harris.

Si seulement je m'en étais tenue à ce stupide pari, et que je ne m'étais pas aventurée en terrain hostile, mon cœur serait encore intact à l'heure qu'il est, et je serais restée cette même Nora Swan que j'étais il y'a quelques mois.

Mais je l'ai laissé faire. Je l'ai laissé détruire la forteresse que je m'étais construite, je l'ai laissé entrer dans ma vie, prendre le total contrôle de mon esprit, de mon cœur et de la totalité de mes agissements. Je l'ai laissé me rendre accro et dépendante de lui.

Pour qu'il me plante un poignard dans le cœur, comme il l'a toujours fait avec tout le monde.

Parce que c'est le fonctionnement de Kilian Harris : attache-toi à lui, donne lui ta confiance et mise ton espoir sur lui, et il se fera un malin plaisir de t'arracher le cœur et te le broyer en milles morceaux.

Je lui en veux. Je lui en veux énormément. Je suis en colère, certes. Mais ma haine ne surpassera jamais la tristesse qui m'envahie un peu plus chaque secondes, ni-même la peine qui me ronge de l'intérieur et me donne envie d'hurler et de lâcher un de cri de douleur.

Parce que je souffre.

Je souffre, et j'ai terriblement mal au cœur. J'ai si mal que j'ai l'impression que mes battements vont cesser d'une minute à l'autre. Mon esprit me tiraille de tous les côtés, si bien que j'en ai l'impression d'avoir mal physiquement.

Mais au-delà du fait que je lui en veuille et que j'ai amèrement envie de brûler sa maison, je suis surtout en colère contre moi-même. Je le suis, parce que je savais pertinemment que cette histoire finirait mal. Je savais que Kilian fonctionnait comme un véritable connard et pourtant, je me suis tout de même aventurée dans ce terrain glissant, pleine d'espoir.

Play with fire [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant