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Le trajet s'était fait avec les questions de ma mère envers Mathieu, et Adam qui regardait mon ami au travers du rétroviseur. Arrivés en bas de nos bâtiments respectifs, nous descendons de la voiture.

Mathieu commence à partir après avoir salué ma mère, et je le rattrape.

— Depuis quand tu me dis pas au revoir ?

— J'ai pas envie de gêner les retrouvailles avec ton copain.

— Mon copain ? Quel copain ?

— Bah, le gars qui était devant, là.

J'éclate de rire en comprenant qu'il parle d'Adam, et devant sa mine énervée, je me sens dans l'obligation de lui expliquer.

— Mathieu.. Adam c'est mon beau-frère ! Il était dans le sud avec ma mère et son père, je ne l'ai pas vu depuis plus de deux mois.

— Ah.. J'me sens con, là.

— Tu pouvais pas savoir en même temps.

— Mais j'aurais pu te demander.

— Tu serais pas jaloux ?

— Moi ? Jaloux ? De qui même ? C'est ton beau-frère.

— Tu m'as fait une petite crise comme ça, l'autre jour, quand Jeremy a passé son bras sur mes épaules.

— Nan j'suis pas jaloux.

— T'as pas à l'être de toute façon, t'es le seul dans ma vie mon polak, dis-je en lui embrassant la joue. Bon, on se voit lundi matin du coup ?

— Euh.. Ouais, à lundi matin.

Il m'embrasse la joue rapidement, et pars dans son bâtiment, tandis que je rejoins Adam et ma mère.

— Tu as l'air d'être très proche de lui, Lou.

— Oui, c'est mon meilleur ami, logique.

— T'as jamais embrassé Assaf sur la joue, me dit Adam

— Tu ne le rattrapais pas non plus lorsqu'il s'en allait sans te dire au revoir, renchérit ma mère.

Je me renfrogne, grognant que c'est un degré d'amitié différent, et les deux ricanent alors que nous rentrons dans l'ascenseur qui nous mène aux cinquième étage.

À peine ai-je le temps d'ouvrir la porte que mon père commence déjà à crier.

— T'étais où encore petite conne ?

— Elle était avec moi, gronde ma mère. Ça te pose un problème ?

— Ouais, t'aurais pu prévenir avant d'arriver comme une fleur.

J'entraîne Adam dans ma chambre, et commence à remplir un sac d'affaires. Il ne dit rien, se contentant de regarder la décoration de ma chambre, n'y ayant jamais mis les pieds jusqu'à présent.

— C'es plutôt cool.

— Je fais du mieux que je peux. Mais bientôt je ne viendrai plus ici. Maman va se débrouiller pour avoir ma garde exclusive, même si elle est en déplacement.

— Elle ne fera plus de déplacement maintenant, elle veut arrêter pour se consacrer entièrement à ta vie, Lou.

Je souris en récupérant les cahiers et livres dont j'ai besoin pour faire mes devoirs et pour les cours de lundi, et Adam récupère mon sac d'affaires pour m'aider. Je rouvre la porte de ma chambre, et les cris qui jusque là étaient étouffés, parviennent distinctement à nos oreilles.

— De toute façon, t'as jamais été capable de t'occuper correctement de ta gamine, preuve en est : tu l'engueules dès qu'elle rentre. Ta gosse, c'est pas ton chien, connard. Quant à toi Julien, je pensais t'avoir mieux élevé que ça, mais ton père t'a retourné le cerveau à ce que je peux voir. Mais ne vous en faites pas, je récupère ma gamine définitivement. Vous la reverrez plus. Manque de bol pour vous, vous aurez plus vote paillasson attitré. Vous me dégoûtez, et j'ai honte d'avoir un jour fait partie de votre famille.

Ma mère nous fait signe de sortir de l'appartement, et elle claque la porte après être sortie à son tour. Nous retournons en vitesse à la voiture, montons dedans, et ma mère démarre en direction du seizième. J'ai hâte de retrouver Philippe et Pistache. Le trajet se fait assez vite, heureusement d'ailleurs, et je suis la première à entrer dans le bâtiment.

— Vas doucement Loulou, tu vas tomber.

— J'ai plus trois ans m'man !

J'arrive au troisième étage rapidement, et ouvre la porte. Pistache arrive en miaulant lorsque je l'appelle, et je le prends dans mes bras. Je pars dans le salon où Philippe se trouve, et lui saute dans les bras aussi.

— Oula, doucement Lou, t'es plus aussi légère qu'il y a quelques années !

— Mais je suis contente de te revoir ! Tu m'as trop manqué !

Il sourit et me sert contre lui. Philippe est avec ma mère depuis que j'ai sept ans, soit depuis neuf ans. Ils sont mariés, et je le considère comme mon vrai père. Il a toujours été attentif, affectueux et aimant envers moi, tout comme il peut l'être avec son fils biologique. À plusieurs reprises il a voulu se mêler de mes soucis au lycée, comme un vrai père. Je l'aime réellement.

— C'était bien les cours ? Raconte-moi. Et ce Mathieu alors ?

— Maman ! Tu lui en as parlé ?

— Oups ?

Je ricane, et m'installe sur le canapé à côté de Philippe.

— Mathieu c'est mon ami. Mon meilleur ami même. Il est adorable, gentil, attentionné, et il m'a inclus à sa bande d'amis ! Du coup pour la première fois depuis Flavie j'ai des amis, j'suis trop heureuse !

— Un ami que tu embrasses sur la joue, hein.

— Oui, bah j'allais pas l'embrasser ailleurs !

— Tu sais, tu peux le dire si c'est ton copain, c'est de ton âge.

— Mais ça ne l'est pas ! dis-je en rougissant un peu.

Parler de mes relations me gênent, bien qu'elles soient inexistantes. Je n'ai eu que quelques amis seulement, pas de copain. Et ça ne me donne pas plus envie que ça. Quand je voyais que Flavie se prenait constamment la tête parce qu'elle ne sortait qu'avec des imbéciles qui la trompaient ou s'amusaient d'elle, je n'ai pas envie de ça. De plus, sortir avec quelqu'un est synonyme de distraction, et je veux absolument réussir mes études avant de me concentrer sur le côté sentimental de ma vie.

— Laissez-la, pauvrette, si elle dit que c'est son ami c'est que ça l'est. On verra dans quelques temps.

Je remercie intérieurement Adam pour son intervention, et je pars dans ma chambre ranger mes affaires, et profiter d'un lit vraiment confortable.

IdioteWhere stories live. Discover now