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Lorsque notre avion a atterri à CDG et que nous avons récupéré nos bagages, j'ai salué les filles et nous sommes parties chacune de notre côté. Iris et Aléona sont parties avec la soeur de Ken, Gaïa. Adèle et Ismaël sont repartis avec Tina, et Deen est venu chercher Sally. Je soupçonne qu'il se passe quelque chose entre eux, mais préfère ne pas m'en mêler. Ils sont assez grands pour savoir ce qu'ils veulent.

Quant à moi, sachant que Mathieu est en studio toute la journée comme à son habitude, je suis bonne pour appeler un taxi et rentrer seule.

Lorsqu'une voiture me klaxonne alors que je vais pour faire un signe à un taxi, je me tourne vers cette dernière. Il s'agit de Benjamin.

— Eh, j'te dépose ?

— Je veux bien oui, merci.

— Allez, grimpe.

Je mets ma valise dans son coffre et monte côté passager, et le remercie à nouveau.

— Ça fait un bail cousine !

— Cousine ? T'es sérieux ?

Il éclate de rire.

— J'avoue c'était nul. Mais ça fait un bail qu'on s'est pas vus quand même !

— Oui c'est vrai.. Mais tu traînes plus trop avec les gars toi aussi, et quand je t'envoie un message tu fais le mort.

— C'est vrai, désolé pour ça. Après, avec les gars, on évolue différemment. Regardes : Nek s'est barré au Japon, le S l'a suivi. Moh et eux c'est un peu la guerre froide on sait pas pourquoi, et chacun bosse dans son coin, donc forcément c'est pas top pour qu'on fasse une réunion à l'ancienne t'as vu ?

— Ouais, soupiré-je. C'est dommage que Ken et Moh soient en froid, les deux sont comme mes frères et je trouve ça con qu'on ne puisse plus se voir en même temps.

— Genre y'a que ces deux-là qui sont tes reufs ? J'suis déçu de toi.

— Mais non Benji ! Vous êtes tous mes frères, ma deuxième famille ! C'est juste que je suis beaucoup plus proches d'eux que je peux l'être d'Ivan ou d'Elliot, par exemple.

— Ouais, vu comme ça. Bon, ça raconte quoi du coup ?

— Rien de spécial, j'ai entamé ma deuxième année de droit, autrement dit je vais encore galérer mais tranquille. Et toi alors ? Comment ça se fait que je te croise à CDG ?

— J'ai déposé ma copine, elle partait pour le Portugal.

— T'as une copine ? Tu aurais pu commencé par là !

— J'y ai pas pensé. Au fait, j'te dépose où ?

— J'ai pas envie de rentrer maintenant chez moi.. On va se poser quelque part ?

Il accepte volontiers, et c'est ainsi que nous nous retrouvons aux jardins du Luxembourg, en train de marcher pour finir par aller s'asseoir sur un banc.

Benji m'explique alors sa vie en ce moment. La dernière fois que nous nous sommes vus, ça remonte à trois ou quatre mois. Les choses changent, assez rapidement en ce moment à priori. Il m'explique qu'il côtoie une fille, Paola, depuis quelques mois, mais qu'ils sont réellement ensemble depuis peu. Elle alterne beaucoup entre Lisbonne et Paris, sa famille habitant au Portugal et ayant quelques détails à régler avant d'emménager définitivement ici, avec lui. Il est réellement heureux, ça se voit sur son visage. Il a des étoiles dans les yeux en parlant d'elle, et elle est ravissante. Il m'a montré une photo d'elle, et il est vraiment tombé sur le gros lot.

Je lui explique par la suite ma vie. Les études et leur difficulté, l'accrochage avec Alison, ma "nouvelle" relation avec Mathieu, mon envie de changement, et l'accident de Maxime.

— Merde, il va mieux ?

— Ça peut aller, il a du mal à s'habituer au plâtre, mais il a pas le choix. Deen le surveille, sa copine aussi, et je vais aller lui rendre visite demain ou après-demain.

— Tant mieux. Au fait, j'viens à peine de capter mais bon, depuis quand t'es blonde toi ?

— Je te l'ai dit, j'avais envie de changer un peu, et du coup à la toute fin Décembre j'ai fait un saut chez le coiffeur. J'aime bien, mais je pense faire une couleur un peu différente la prochaine fois.

— Ah ? Comme ?

— Violet ou rouge.

— Ah ouais, différent.

Je ricane, et voyant que le temps passe et que je dois quand même rentrer, je lui demande s'il peut me  déposer chez moi. Il accepte, et une fois dans sa voiture je lui indique le chemin à prendre. Une fois en bas de chez moi, je lui fais la bise et un rapide câlin.

— Passe ici à l'occasion, ça me ferait extrêmement plaisir.

— Pas de soucis Loulou, à bientôt.

Je sors de sa voiture, récupère ma valise et mon sac à main, puis rentre dans mon bâtiment. Une fois dans l'ascenseur, j'enlève le mode avion de mon téléphone. Puis, étonnamment, je me retrouve à fouiller pendant je ne sais combien de temps dans mon sac afin de trouver mes clés.

— Excusez-moi, vous habitez ici ?

Je me tourne vers la personne qui m'a adressé la parole. Il s'agit de mon voisin du bout d'en face, un homme d'une cinquantaine d'années peut-être.

— Oui, il y a un problème ?

— Un léger, je dois l'avouer. Vous pourriez éventuellement faire moins de bruit la nuit quand vous.. Vous savez, passez du bon temps avec votre copain ? L'immeuble n'est pas insonorisé, on entend pratiquement tout, c'est assez dérangeant, surtout quand mes petits-enfants me demandent pourquoi la gentille dame d'en face crie..

— Je viens de rentrer d'une semaine de vacances, annoncé-je monotonement.

Il paraît gêné.

— Désolé, je ne savais pas. Une femme d'à peu près votre âge et avec la même coupe et la même couleur est venue fréquemment, c'est pour ça que je pensais que c'était vous.

— Elle était accompagnée d'un homme blond platine ?

— La majorité du temps oui.

— Merci, sachez que ça ne se reproduira pas de la sorte.

— Passez tout de même une bonne fin de journée mademoiselle.

— Merci, vous aussi.

Je lui adresse un léger sourire, il n'y est pour rien. Puis je trouve enfin mes clés. J'ouvre la porte de chez moi rageusement, entre ma valise et ferme la porte derrière moi.

Et je dois avouer que je suis plutôt surprise de ce que je vois.

C'est-à-dire Nina, sur mon canapé, lâchant des gémissements assez bruyants.

— C'est une blague j'espère ? m'emporté-je.

IdioteWhere stories live. Discover now