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PDV MATHIEU

Après avoir graille au McDo pas loin, on est allés à l'hosto rendre visite à ma mère. Elle y est depuis un moment, à cause d'un putain de cancer des poumons à la con. Elle a jamais fumé d'sa vie, et c'est elle qui est atteinte de c'te merde. J'comprends pas la logique de c'putain de monde, mais en même temps il est illogique.

Elle avait l'air faible, plus que d'habitude j'veux dire, mais quand même très souriante de nous voir tous les quatre. Nina et mon daron sont rentrés avec ma grand-mère, Nina étant pas la fille de ma daronne, et mon père ne voulant pas la voir. Puis ma grand-mère, elle commençait à être fatiguée, elle a plus trop l'habitude de sortir de chez elle, alors on les a ramené et on a tracé à l'hosto.

Ma daronne était archi contente de voir les trios frangins en même temps. C'est là que j'passe pour un fils indigne, parce que Thomas et Lucas passent la voir assez souvent, alors que moi j'passe mes journées au stud et mes soirées avec Louna, alors que j'pourrais prendre une journée et la passer avec ma mère. Elle m'en veut pas, elle comprend que j'veux vraiment percer dans le rap, et elle est fière de moi. Entendre ses darons dire qu'ils sont fiers de nous c'est la plus belle récompense du monde j'crois. Et ma mère me l'a dit cet aprèm, devant Louna. C'était encore plus beau.

En parlant de Louna, elle m'a expliqué le numéro de mon père. J'ai goleri fort. Ça m'étonne pas de mon daron, même si j'aurais plus vu ma daronne lui poser ce genre de questions. Ma mère a adoré Louna. Toute façon, qui ne l'aime pas ? Elle est magnifique, intelligente, et sait bien parler. C'est la meilleure, c'est tout.

On a été mangé un grec avec mes reufs, et on est rentrés assez tard. On a récupéré le sac de fringues, et on est allés à Clamart. Déjà que ma grand-mère nous reçoit pendant deux jours, on va pas lui imposer notre présence la nuit non plus, sachant que Nina, Thomas et Lucas dorment chez elle.

On vient d'arriver en bas de l'immeuble de ma grand-mère, quand deux mecs de la BAC s'approchent de nous. J'en reconnais un, c'est un fils de pute qui m'avait déjà serré pour trafic de stups. Il a pas l'temps lui, il me plaque par terre comme si j'avais fait un truc de dingue, me demande ce que j'ai sur moi, me fouille et trouve de l'argent sur moi. J'suis sûr qu'il imagine que c'est de l'argent sale ce con.

— Lâchez-moi, grogné-je.

— Tout doux, Prusk. Allez, griimpe dans la voiture.

De toute façon j'ai pas le choix, il m'a menotté et j'allais pas me barrer comme ça. Un délit de fuite tu prends tarif en plus.

Avant que l'autre con ferme la portière, je vois Louna affolée m'adresser un regard assez chelou.

— Retourne en haut avec mon daron et les autres, ça va bien s'passer. Promis.

Elle acquiesce, récupère mes clés et retourne dans l'immeuble, alors que les deux bleus montent dans la caisse à leur tour et m'emmènent au comico. À peine arrivé là-bas j'suis pris en charge pas un bleu que avait déjà géré une de mes gardav', il est un peu con sur les bords et croit toujours qu'il va me serrer.

— Bah alors M'sieur Pruski ? Ça va ou quoi depuis l'temps ? Ça fait longtemps qu'on vous a pas vu ici ! Bon j'vais vous notifier vos droits, vous êtes placés en garde-à-vue pour un trafic de stup. Donc vous avez l'droit à l'aide d'un avocat ou l'appel d'un médecin, mais bon, j'vous l'conseille pas, ça va faire perdre du temps, vous risquez d'être prolongé, 'fin, vous connaissez déjà la, la maison, vous savez comment on procède, hein !

— Ouais, mais vous trouverez rien, parce qu'il s'agit pas de moi cette fois.

Il a un sourire satisfait, puis se barre en me laissant comme un con dans une pièce, seul. Je récupère difficilement mon tél, active le dictaphone et attends que le flic revienne.

C'est con d'enregistrer, surtout que j'peux me faire choper, mais on peut l'utiliser dans un son. Y'a moye que j'fasse un son sur ce soir, justement. Peut-être, j'en sais rien. P'têtre que j'vais oublier ça d'ici un moment, on verra.

Il revient peu après, m'annonçant qu'ils m'emmènent jusque chez moi, voulant fouiller.

— Sale enfoiré, jamais tu m'envoies à Nanterre.

— On verra ça, Pruski.

Il me force à me lever, et on sort du comico. Retour dans leur bagnole peu confortable, direction Clamart. En bas de chez moi, le "chef" se tourne vers moi.

— Bon, maintenant qu'on est en bas d'chez toi, c'est l'moment ou jamais d'dire si t'as quelque-chose là-haut. Parce que d'toute façon, on va tout défoncer, tu connais déjà. On te l'a déjà fait une fois, deux fois, t'as jamais rien voulu dire, alors on va continuer ! J'préfère te prévenir maintenant. Alors si on trouve quelque-chose, ça sera pire. J'espère qu't'as bien entendu c'que j'viens d'te dire.

— Ouais.

On monte, il m'enlève les menottes. J'ouvre la porte, et les laisse faire leur fouille. Moi, j'souris. Parce que je sais que mon daron est passé. Ça sent le Febreze que Louna m'a forcé à acheté, elle l'a prévenu. Quand j'dis que c'est la meilleure, je mens pas.

Quand les bleus en ont ras le cul de fouiller sans rien trouver, on retourne au poste. Retour dans cellule à la con, en attendant le verdict. Toute façon j'risque rien. Le gars m'ayant pris en charge se poste devant la cellule, main sur la ceinture, et lâche un soupire. Bah ouais connard, tu m'auras pas.

J'reste quand même toute la nuit au comico, comme la dernière fois.

**

Le bleu d'hier soit me réveille en cognant contre les barreaux. Je soupire, me passe une main sur le visage, et le regarde.

— Bon là, j'vais appeler l'parquet, là. J'pense que tu vas être prolongé. On a encore des trucs à fouiller. Y'a encore deux-trois p'tits trucs sur lesquels on n'est pas sûr. Là, t'es mort mon pote, on va t'coffrer, là, tu vas tout droit, j'te l'dis. Là, c'est fini pour toi, là. Le rap tout ça, t'oublies, j'te l'dis ! Là, c'est mort, j'te l'dis !

J'ai un sourire en coin. Lui ? Réussir à me coincer ? Jamais d'la vie.

— Eh, Patrick, viens voir ! Y'a la réponse du parquet qu'est tombée.

Patrick se barre vers ses collègues, et revient peu après, dégoûté.

— C'est bon, tu peux te barrer. L'affaire est classée sans suite.

— J'te l'avais dit, jamais tu m'envoie à Nanterre.

Je lui adresse un dernier grand sourire, et sors du comico. Cimer le daron, cimer Louna.

À peine sorti du comico, j'éteins le mode dictaphone que j'avais zappé, et appelle Louna, qui décroche direct.

Mathieu ?

— C'est bon, j'suis sorti. Vous avez géré hier soir, cimer. Tu peux venir me chercher par contre ?

J'arrive, laisse moi une quinzaine de minutes.

IdioteDonde viven las historias. Descúbrelo ahora