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Samedi 10 Janvier 2015.

Toute la semaine, au lycée, Elyo, Ormaz, Lesram et moi avons mis au point ce que nous comptions faire au sujet de Damien.

Et tout est au point.

J'ai réussi à récupérer son numéro de téléphone, et je lui ai donné rendez-vous pour une soirée chez un des gars. Je ne lui ai pas donné l'adresse, juste un endroit où se rejoindre. Bien entendu, la soirée n'est qu'une ruse pour obtenir ce que nous voulons de lui.

En l'occurrence des aveux.

Puisque la justice n'a rien voulu faire pour Flavie lorsqu'elle était encore parmi nous, puisqu'il est libre alors qu'il m'a violé (et a certainement dû en violer d'autres), puisque lui aussi est consommateur de cannabis, on va le faire tomber.

Je mentirai en disant que je ne stresse pas, ni que je suis sûre que ce plan est infaillible. Il est quand même un minimum intelligent. Et j'ai dû prendre sur moi pour que l'appel que je lui ai passé semble cordial et réel. Je ne sais pas comment j'ai fait pour paraître sérieuse quand je disais que je voulais m'excuser pour la dernière fois.

Quoiqu'il en soit, il a accepté. C'est pourquoi j'ai demandé à Adam de venir avec moi chez Ormaz, là où se déroulera tout ceci. Il a accepté, voulant lui aussi obtenir vengeance pour Flavie et moi.

Durant tout le trajet en métro, ma jambe tressaute, je ronge mes ongles et regarde partout. Je stresse, et Adam a l'air un peu trop relax  pour moi.

Lorsque nous arrivons au lieu de rendez-vous, j'envoie un message à Ormaz.

À : Ormaz
Tout est bon ? Mathieu n'est pas là ?

De : Ormaz
Tt est bon, on a v'là la tise. PLK est pas là, il est avec l'Entourage pr la soirée

À : Ormaz
OK nickel, merci de nous laisser dormir chez toi ce soir, je n'aurais pas eu la foi de rentrer chez moi après

De : Ormaz
Tkt, c la mif, puis j'allais pas vs laisser rentrer à ieps en pleine nuit t folle

Adam me signale que Damien arrive, et je range mon téléphone. Lorsqu'il arrive devant nous, j'ose un sourire bien que j'ai envie de vomir. Il serre la main d'Adam, et me fait la bise.

— Encore désolée pour la dernière fois, mens-je.

— Je comprends, et j'accepte tes excuses. J'y ai été fort aussi.

J'acquiesce, et nous partons en direction de chez Ormaz. Arrivés chez lui, c'est Elyo qui nous ouvre. Je vois qu'il est à deux doigts de lui sauter dessus, mais il se retient et lui serre la main. Nous rentrons, et j'adresse un "merci" silencieux à Elyo. Il me prend dans ses bras rapidement, et nous allons dans le salon. Damien prend ses aises, ce qui m'agace vraiment énormément, Alors que je vais pour m'asseoir, mon téléphone sonne. Je m'excuse, et m'éloigne pour répondre à Deen.

— Oui ?

— T'as beaucoup de plans foireux comme celui qu't'es en train de faire ?

— Pardon ?

— Le polak nous a expliqué. T'es inconsciente ou ça s'passe comment ?

— Deen, calme-toi s'il te plaît.

— Non ! Putain mais même le fennec il est vénère, les gars sont tous vénères parce que ton plan est merdique et que je sais que t'as envie qu'il paie pour ce qu'il a fait à ta meilleure pote mais c'est complètement con merde !

Il a pas tout expliqué, et tant mieux d'ailleurs.

— Comment ça tant mieux ? Tu te fous de ma gueule là j'espère ?

— Deen, tu me les brise, je vais pas expliquer ça au téléphone alors soit tu prends ton mal en patience et j'expliquerai toute l'histoire quand on sera tous réunis, soit tu forces Mathieu à parler. Autrement, laisse-moi faire, je gère.

Je lui raccroche au nez, et retourne dans le salon. Je m'installe, et bois un verre cul sec pour me mettre dans l'ambiance.

— Bah dis donc, t'étais pas comme ça avant ! raille Damien.

— Les gens changent, et comme tu peux le voir, j'suis enfin une adolescente normale.

— Ouais, avant c'était pas gagné.

Je souris hypocritement, et nous finissons par tous boire plus ou moins la même quantité.

Après un long moment, où la musique et les anecdotes fusent, je regarde Elyo et lui fais signe qu'on doit agir maintenant. Je sors mon téléphone, prétextant répondre à un message, et enclenche le dictaphone dès qu'Adam me met un léger coup de coude.

— Dis-moi mec, vous vous connaissez depuis longtemps avec Lou ?

— Depuis toujours presque. Elle traînait toujours avec Flavie, alors c'est devenue un membre de la famille, un peu comme ma petite soeur quoi.

— Pourtant on ne se parlait pas énormément non plus, déclaré-je.

— Ouais, mais Flavie parlait constamment de toi, donc on te connaissait comme si t'étais de notre famille quoi.

— C'est chanmé ça, intervient Lesram.

— Pourtant Flavie a jamais évoqué le fait qu'elle parlait de Louna chez vous, explique Adam. Quand elle venait à la maison, elles parlaient de leur journée de cours, de ce qu'il se passait. Je suppose qu'elle faisait pareil chez vous.

— Elle parlait vraiment beaucoup de Louna, et j'avoue que ça me saoulait beaucoup.

Je souris doucement, espérant de pas me faire remarquer. Il commence à avouer ce qu'il ressentait, ce dont il se souvient, c'est une aubaine. L'alcool est vraiment un bon moyen de faire parler des gens. Je saisis un verre, et bois à nouveau.

— Pourquoi ça te saoulait le fait qu'elle parle de Lou ? C'était sa meilleure pote, c'est normal qu'elle parle d'elle.

— Ouais, mais c'était pas pareil. Elle parlait de Louna comme elle aurait pu parler d'un de ses mecs, avec des étoiles dans les yeux et une admiration flagrante. Sans mentir, ça donnait l'impression qu'elle l'aimait, genre qu'elle avait des sentiments.

Je fronce les sourcils, et vais pour intervenir mais Ormaz me coupe et parle à ma place.

— Frère, c'est normal que ta reus parlait en bien de sa pote. J'sais pas, c'est logique. Tu vas forcément être fier de tes potes, tu les aimes même si tu leur avoue pas forcément. J'parle au nom de tous là, mais nous on va pas cracher dans le dos de nos potes quand ils sont pas là et quand on parle d'eux. On sera toujours de leur côté, on sera toujours là à prendre leur défense, à les aider à monter, quoiqu'ils fassent.

IdioteWhere stories live. Discover now