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La famille de mon oncle étant sur Paris jusqu'à la fin des vacances scolaires, Agathe est venue hier chez ma mère pour qu'on puisse passer un moment toutes deux.

Ce soir, c'est la soirée du Nouvel An. Et Agathe m'a forcé à changer ma tenue. Pour elle, le jean était trop basique, et la chemise faisait trop sérieux. C'est ainsi que je me retrouve en robe moulante arrivant au milieu de mes cuisses, un collant fin et mes Converses hautes. Elle voulait absolument que je mette des chaussures à talons, chose que j'ai refusé. Quant à elle, elle est vêtue d'une robe similaire à la mienne, une paire de bottines à talons en supplément. On a préparé un sac avec des affaires de rechange, nos chargeurs et un kit de toilettes, puisque nous allons dormir sur place. À ce que j'ai compris, la soirée se déroule chez Deen, qui a le plus grand appartement de tous.

J'enfile ma doudoune et récupère mon téléphone ainsi que mon portefeuilles, et attends Agathe, qui a du mal à dompter ses cheveux.

— Tu peux m'aider à les coiffer s'te plait ? Ça me saoule.

Je prends la brosse et la coiffe rapidement mais efficacement, et la laisse faire ce qu'elle veut. J'attache les miens en queue-de-cheval haute, puis sors de la chambre, Agathe sur les talons.

— Maman, on y va. Ken ne devrait pas tarder.

— Déjà ?

— Oui, tu peux descendre avec nous s'il te plaît ? J'aimerai que tu le rencontres.

— Tu vas me faire rencontrer Nekfeu ?

— Oui ?

— J'arrive !

Elle part à toute allure dans la salle de bains, et j'éclate de rire. Au même moment, mon téléphone vibre, m'annonçant l'arrivée d'un message de Ken.

De : Ken
Je suis en bas de chez toi normalement, et j'ai ce que tu m'as demandé. Chose cheloue au fait.

À : Ken
Ok, on arrive, ma mère descend avec nous. Oui je sais, mais elle est fan de vous, et je lui avais dit qu'elle l'aurait.

De : Ken
Ta mère est fan ? C'est chanmé !

Je ricane mais ne réponds rien, et ma mère revient, cheveux détachés et un minimum maquillée.

— Je suis présentable ?

— Maman, il s'agit de Ken, tu n'as pas besoin d'en faire des tonnes. À coup sûr il est en jogging-baskets, ou alors il aura fait un effort et mis un jean.

— C'est pas grave. Allez, on descend, vous allez être en retard sinon.

Nous sortons de l'appartement puis de l'immeuble, et je vois en effet que Ken est garé en double-file, juste devant le bâtiment. J'ouvre le coffre pour y mettre les sacs, et Ken descend au même moment. Il me prend rapidement dans ses bras, et se tourne vers Agathe et ma mère.

— Bonsoir, Ken, enchanté.

— J'y crois pas, Nekfeu est en face de moi.., geint ma mère.

— Me considérez pas comme l'artiste en vogue en ce moment, mais juste comme l'ami de votre fille. En dehors du studio et des concerts, j'suis Ken, pas Nekfeu.

— Peut-être mais pour nous c'est quand même archi bizarre de te rencontrer en chair et en os, explique Agathe. T'imagines pas combien j'me retiens pour pas te sauter dans les bras et faire groupie.

Ken ricane, et s'approche de ma mère.

— Donc, Louna m'a missionné, entre guillemets, pour vous offrir ceci.

Il lui tend la carte, et je souris de toutes mes dents. Ma mère l'ouvre, expliquant que ce n'était absolument pas la peine, et je jure voir ses yeux briller, même dans la pénombre.

— Wow, j'ai vraiment les autographes de tous vos amis ?

— Vous pouvez me tutoyer, et oui, en effet. Louna a pensé que ça vous ferez plaisir.

— Elle avait raison. Viens là, Louloute.

Je m'approche de ma mère, gênée qu'elle emploie ce surnom, et elle me prend dans ses bras, me remerciant mille fois.

— Bon, je vous laisse aller vous amuser. Pas trop d'alcool, et surtout, me fais pas de petits-enfants s'il te plait ! Ken, je compte sur v.. toi pour la surveiller.

— Maman, ça serait plutôt l'inverse.., dis-je.

— Peu importe ! Merci encore Ken, à demain les filles !

Agathe et moi lui faisons un dernier signe de main, et montons dans la voiture. Ken nous avertit que nous devons passer chercher Moh, et nous nous mettons en route. Agathe a l'air surexcitée, et je ne peux m'empêcher d'être contente. Lorsque nous arrivons en bas de chez Moh, il nous attend déjà dehors. Je sors pour le saluer et lui laisser la place devant.

— Tranquille Loulou, t'aurais pu rester. J'aurai tenu compagnie à la jolie demoiselle derrière t'sais.

— C'est ma cousine et elle a un copain, Moh. Pas de conneries.

— wAllah je ferais rien, j'touche pas à la famille des khos.

Je souris et le prends dans mes bras, puis vais m'installer derrière.

— Salut, Moh, a.k.a Sneazzy le bg d'la street, enchanté.

— Agathe, heureuse de te rencontrer.

Une fois les présentations faites, Ken reprend la route et Moh s'amuse à mettre de la musique à fond. Connaissant plus ou moins les paroles, Agathe et moi nous amusons à les chanter, ou plutôt les hurler. Nous sommes rejointes assez rapidement par Moh et Ken, alors que nous nous dirigeons vers Aubervilliers.

Après vingt bonnes minutes de route, nous arrivons enfin. Je constate que le scooter de Mathieu est déjà garé devant, ce qui me rassure un peu. Nous sortons de la voiture, et Moh tend son bras à Agathe, qu'elle prend en gloussant. Je regarde Ken, qui me regardait déjà.

— Comptes pas sur moi pour faire la même chose, j'veux pas me faire éclater par Lisa. Elle a déjà pété une crise la dernière fois que j'lui ai dit qu'on s'était vus.

— J'ai dix-sept ans, j'veux pas sortir avec toi, et je sors déjà avec Mathieu. Il faut que j'aille lui expliquer ?

— Fais amie-amie avec elle, j'sais pas, mais ça me pompe l'air ses crises à deux balles. J'lui ai déjà dit que t'étais comme ma reus.

— Te prends pas la tête pour le dernier soir de l'année. Profites plutôt, ok ?

Je lui tends ma main pour qu'il me tcheck, ce qu'il fait, et nous suivons Agathe et Moh.

IdioteWhere stories live. Discover now