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Alors que je remonte dans la chambre que je partage avec ma garce de cousine, mon téléphone sonne à nouveau. Je réponds et m'enferme dans la chambre.

— Oui ?

— Wesh Nana, ça va ?

Vraiment très bien, et toi ?

— C'est pas top. J'suis crevé, on a déjà fini de fêter Noël en plus. Ma reus et mon frère sont occupés à jouer avec leurs jouets. Pourquoi ça va si bien ?

— J'ai réussi à faire fermer son clapet à ma cousine.

— Bah explique non ?

Je ricane. Mathieu est je genre de personne à tout vouloir savoir lors d'une embrouille, surtout lorsque c'est un de ses amis ou moi qui est impliqué.

Tous les ans, elle me gonfle, à la ramener. Elle est toujours là à dire qu'elle a une vie parfaite, un copain parfait, des notes parfaites, des amis parfaits. Et chaque année, elle se moque de moi parce que je n'ai personne, que ça soit en amis ou en copain. Et pour une fois que c'est pas le cas, que je t'ai toi et les autres, madame m'a expressément traité de menteuse, en disant que prude comme je suis y'a pas moyen que je me sois mise avec quelqu'un en le connaissant au bout d'un mois à peine.

— D'où t'es prude ? J'vais la gifler.

— Attends j'ai pas fini. Du coup j'ai dû sortir mon téléphone, lui montrer les photos de toi et moi, et je lui ai dit que tu faisais parti du Panama Bende, et qu'en prime je connaissais l'Entourage, 1995 et le S-Crew. Là encore elle a failli ouvrir sa bouche pour me rabaisser mais j'ai lâché tout ce que j'avais à dire. Je l'ai traité de peste, en lui disant qu'en changeant de mec tous les trois à six mois ça faisait d'elle une fille facile plus qu'une fille intéressante. J'ai dit ça devant tout le monde, comme ça elle ne pourra pas modifier les propos que j'ai tenu envers elle.

— Ma meuf c'est la plus forte !

Je souris doucement et m'assieds au bord de mon lit. Pistache en profite pour venir s'installer sur moi, et je le câline.

— Au pire t'avais pas à te justifier. Qu'elle te traite de mytho si elle en a envie, nous on sait que c'est vrai et c'est c'qui compte. Nan ?

— Oui, c'est vrai. Et sinon ! Je t'avais envoyé un message pour savoir ce que tu voulais que je te ramène comme cadeau.

— Ouais j'ai vu, j'avais répondu une connerie. T'avais pas fait gaffe ?

Non.. Une fois arrivée à Bordeaux j'ai lâché mon téléphone dans ma chambre et j'ai aidé mon grand-père à préparer.

Tu sais faire à manger ?

Oui, je tiens tout ce que je sais en cuisine de mon grand-père.

Tu m'feras goûter un jour ?

Si tu veux oui.

— Waaaah trop ienb ! Et du coup pour te répondre sérieux, j'en sais rien. Déjà que tu reviennes ça s'ra génial. Après.. J'm'en tape du cadeau.

— T'as pas de préférence ?

Nan, du moment que ça vienne de toi j'm'en tape.

Je souris doucement.

— Je vais devoir y retourner, j'ai pas envie que le reste des vacances se passent mal.

— Pas de soucis. On se rappelle demain ?

Ok. J'attendrais que tu m'appelles pour pas te déranger.

Je bosse pas demain, mais j'sais pas à quelle heure j'vais me lever. Dès que j'suis debout je t'envoie un message, et on voit quand on s'appelle.

Ça me va. Passes une bonne fin de soirée mon polak.

— Bonne soirée Nana. Et si ça va pas appelles-moi hein.

— Oui, t'en fais pas.

Je raccroche, et hésite à lire son message maintenant. Il m'a dit qu'il avait écrit une connerie, j'en conclus donc que je dois le lire seule. Néanmoins, si je le lis maintenant, je suis capable de le rappeler pour savoir pourquoi il m'a écrit ça. Je décide donc de le lire lorsque j'irai dormir, même si Agathe sera dans le lit à côté, ça n'est pas si grave. Dans le pire des cas j'aurais une crise de rire.

Je retourne en bas, et vois qu'ils sont toujours à table. M'étant un peu calmée, je décide de présenter mes excuses, quand bien même je n'ai pas à présenter mes excuses.

Je me racle la gorge en arrivant à l'entrée de la salle à manger, et tous les regards se braquent sur moi.

— Je voulais m'excuser pour la brutalité des mots et mon manque de tact. J'aurais dû dire ça plus gentiment, mais le fait que je sois accusée de mentir sur ma relation.. Ça m'a agacé, et j'ai tout lâché sans mettre de filtre entre mes pensées et ma bouche. J'espère ne pas trop avoir gâché Noël non plus.

— Au contraire, me lance mon oncle. On sait tous qu'Agathe aime se mettre en avant, un peu trop parfois, et tu as dit ce que nous on pensait. Même en étant son père, elle ne m'écoute pas forcément lorsque je lui fais comprendre qu'elle devrait se calmer un peu et trouver de bonnes fréquentations.

— Puis, j'ai dû un peu trop la couver quand elle était enfant, même avant que Samuel ne naisse. Depuis qu'il est là, j'ai tendance à plus m'occuper de lui que de ma fille, ajoute Fanny.

— Je comprends. Mais pour autant, elle a seize ans, à cet âge-là on n'est pas censés mal réagir parce que nos parents s'occupent plus de nos cadets que de nous.

— Agathe est.. spéciale, sur ce coup-là. Mais elle reste un membre de notre famille et on l'aime, cingle ma mère.

— Je n'ai pas dit que je l'aimais pas, Maman. C'est son comportement qui m'agace. J'ai présenté mes excuses, elle est là, elle les a entendu, je ne vais pas non plus m'agenouiller ou je ne sais quoi.

Agathe intervient enfin.

— C'est bon, vous battez pas. T'as été franche et c'est cool. J'aurai pas dû t'enfoncer en disant que tu mentais, et j'aurais pas dû non plus me foutre de ta gueule les ans passés parce que t'avais personne et moi si.

Je hoche la tête, et lui fais un petit sourire.

IdioteWhere stories live. Discover now