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La semaine a été pire qu'éprouvante. Ma mère m'a fait comprendre on point de vue, que j'ai réfuté en expliquant que je ne suis plus une enfant et que je n'étais pas seule. Je lui ai aussi dit que Deen m'avait fait la morale et que ça n'allait pas tarder de venir de la part de Ken et des autres, sachant que je suis censée les voir ce Week-end. Ma mère a levé ma punition, et a écouté l'enregistrement. Elle m'a fait comprendre que je n'aurais pas dû faire ça sans lui en parler avant, et j'ai acquiescé. On ne peut pas revenir en arrière, ce qui est fait est fait, et c'est un petit mal pour un gros bien.

Un officier de police m'a appelé pour parler de l'enquête, qui finalement n'aura pas lieu puisque l'enregistrement n'est pas considéré comme preuve valable. Certes il y a des aveux, mais il était ivre donc ils ne comptent pas. De plus, il a osé me dire que "dans un sens j'avais dû être consentante puisque j'ai avoué qu'il me plaisait". J'ai vu rouge et l'ai insulté. D'accord, je n'aurais pas dû, c'est considéré comme outrage à agent. Mais il l'a mérité.

J'ai tout raconté à Emma, qui m'a prise de pitié et m'a dit que s'il revenait elle allait s'en mêler aussi. J'ai refusé, sachant que même s'il revient, je peux faire marcher l'enregistrement comme outil de chantage pour le forcer à s'éloigner de moi.

Ce soir, Samedi 17 donc, je suis invitée chez Ken. La soirée a lieu chez lui, et sa copine voulait me parler de je ne sais quoi. Emma vient avec moi, Adam aussi. D'ailleurs, en parlant d'Adam, je l'ai incendié, précisant qu'il n'avait as à en parler aux parents ni à qui que ce soit, et qu'il a rompu notre pacte. Je n'ai pas prévenu les gars, n'ayant pas envie de créer d'autres tensions. Il s'est excusé, pensant bien faire, et je l'ai excusé. Je n'ai pas totalement pardonné, ni oublié, mais il reste mon frère.

Nous arrivions devant l'appartement de Ken, qui  nous ouvre avec un sourire aux lèvres. Lorsqu'il me voit, son sourire quitte son visage, et nous laisse entrer, sans même m'adresser un regard chaleureux dont il a le secret. Je soupire, sachant que ça va être la même chose de la part de chacun des gars.

Nous entrons dans le salon, et Moh vient me prendre dans ses bras.

— Ma reus ! Désolé pour leur comportement de hmars mais on se faisait du souci pour toi.

— Pas besoin de t'excuser, ils sont en droit de me faire la gueule parce que j'ai voulu venger ma meilleure amie.

— Dit comme ça, non.

— Je vais tout expliquer de toute façon.

Il me garde dans ses bras encore un moment, et Théo s'approche de nous.

— Louna. Balcon. Maintenant.

Je soupire, et le suis, un peu à contrecoeur. Lorsque nous sommes sur le balcon, il referme la baie vitrée derrière nous.

— T'as foutu quoi encore la semaine dernière ?

— Théo, j'ai prévu de tout expliquer ce soir. Viens pas me faire la morale, s'il te plait.

— T'es inconsciente. On t'apprécie tous énormément ici, t'es notre reus. Mais t'es encore plus conne que nous, sur le coup.

Alors que je vais pour ajouter quelque chose, Areno nous rejoint.

— Wesh, bien ou quoi ?

— Oui, Benjamin. Tout va bien. Et toi ?

— Content de voir que t'es en un seul morceau gamine.

Je lui souris, et la copine de Ken vient s'incruster sur le balcon.

— Théo, Benji, dégagez à l'intérieur. Je dois lui parler.

— Mais..

— Pas de mais. Oust.

Ils soupirent et obtempèrent, et elle vient se poster à côté de moi, appuyée sur la rambarde. Iris, je crois qu'elle s'appelle comme ça, finit par me mettre un léger coup de coude.

— Je sais que Ken te considère comme sa soeur. T'as beaucoup d'importance à ses yeux. Comme pour chacun des gars. Faut pas leur en vouloir de s'être autant inquiétés. Puis.. Il faut dire que ton plan était merdique.

— Je sais. J'ai pris assez de reproches dans la face de la semaine, j'ai pas envie que ça reprenne de plus belle.

— Ce que je veux dire par là, c'est que t'aurais dû faire en sorte qu'il y ait au moins un des gars. Ok ils sont connus, mais on s'en fout de ça. Là c'était qu'une réunion d'ados avec un mec dérangé mentalement. Il est là le souci, on aurait dit que tu voulais tenter le diable. Je sais que ça partait d'une bonne intention, mais fais ça avec un adulte la prochaine fois.

— Et avec qui ?

— Moi. Je suis pas connue, j'ai vingt-quatre ans et j'aime bien régler les histoires à ma façon, qui au final est la même que la tienne. Et si ça peut éviter à Ken d'être sur les nerfs toute la semaine et de recommencer à fumer, ça m'arrange.

Je grimace. J'ai foutu un beau bordel sans le vouloir quand même.

— Iris, c'est ça ? Je peux avoir ton numéro ? Histoire qu'on puisse parler de tout ça calmement à une autre occasion ?

— Bien sûr Louna. Tu sais, je t'aime bien. T'es vachement mature pour ton âge, et t'es mignonne avec Mathieu. J'espère qu'il fera pas le con avec toi.

— J'espère aussi.

Elle me demande mon téléphone pour qu'elle puisse entrer mon numéro, et je lui tends. Nous rentrons peu après, et tous les regards sont braqués sur moi.

— Explications. Maintenant, gronde Ken.

J'explique alors dans les grandes lignes l'histoire Damien, éludant et préférant dire qu'il a abusé de moi au lieu d'évoquer le mot tabou pour pas mal de gens dans la société. J'explique pour Flavie, le manque de réaction de la justice, et pourquoi j'ai préféré suivre le plan d'Assaf plutôt que de laisser couler.

— Putain Louna, t'aurais dû nous en parler, on se serait débrouillés pour faire en sorte qu'il ait ce qu'il mérite, souffle Deen.

— Et après quoi ? Vous aviez pas à risquer vos carrières pour moi. Ce qui est fait est fait, les flics veulent rien faire parce que pour eux les aveux n'en sont pas réellement vu qu'il était bourré. Mais c'est pas grave. Je le vis bien. J'ai essayé, la justice ne veut rien faire, alors tant pis.

— Dis pas ça.

— Tu veux que je dise quoi d'autre ? Ou que je fasse quoi d'autre, même ? Ils veulent rien faire, tant pis. J'ai essayé, j'ai gardé l'enregistrement, ça sera mon outil de chantage. Il sait pas que les flics l'ont déjà. Donc c'est simple: il revient, je le menace de tout balancer s'il ne me laisse pas tranquille. Maintenant que tout est dit, on peut laisser ça de côté et profiter ? Sinon je rentre chez moi.

IdioteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant