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J'arrive à mon premier cours de la journée pratiquement en retard, et vais m'installer au fond de l'amphithéâtre. Je sors mon ordinateur de mon sac, et l'allume rapidement. Je soupire dès les premiers mots que mon professeur prononce, et la fille à côté de moi m'adresse la parole.

— Dure soirée, hier ?

— Dure nuit, plutôt, grogné-je.

Elle sort un aspirine et une bouteille d'eau de son sac, et me les tend. Je la regarde, et esquisse un léger sourire.

— C'est gentil, mais je n'ai pas la gueule de bois, ni un mal de crâne fulgurant. Juste un manque de sommeil flagrant.

— Pour ça, j'ai aucun remède miracle, désolée.

Je lui souris un peu plus franchement, et essaie de reporter mon attention sur le cours qui se déroule. Je ne comprends que la moitié de ce que dit l'homme nous enseignant la magistrature, mais essaie de noter le plus de choses.

Lorsque les trois heures sont écoulées, je sors de l'amphi, prête à aller dans l'autre pour suivre mon TP du jour, lorsque la fille assise à côté de moi précédemment m'interpelle.

— Hé, attends-moi !

Je me retourne, et l'attends. Arrivée à mon niveau, elle me sourit.

— Désolée, j'ai oublié de me présenter. Moi c'est Alison. Et toi ?

— Louna, enchantée. Désolée, mais je vais être en retard à mon TP.

— Oh, mais le prof n'est pas là ! Tu n'es pas au courant ?

— Non, dis-je en fronçant les sourcils.

— Pourtant tout le monde a reçu un mail de sa part, il prévenait qu'il serait absent aujourd'hui pour je ne sais quelle raison.

Je saisis mon téléphone et vérifie mes mails. En effet, j'ai un mail non-lu de mon professeur, annonçant son absence d'aujourd'hui.

— Tant mieux dans un sens, soupiré-je.

— C'est clair ! Ça te dit de manger avec moi ce midi ? J'ai remarqué que tu étais souvent seule, et j'aime pas voir les gens seuls.

J'accepte, n'ayant rien d'autre de mieux à faire, et étant proche de mon lieu de travail. Nous décidons d'aller manger maintenant dans une brasserie pas loin, j'envoie un message à Jehk pour le prévenir que je ne rentre pas, ce à quoi il me répond qu'il n'est pas à l'appartement de toutes façons.

Pendant le repas, nous discutons d'elle, en premier. J'apprends qu'elle est arrivée à Paris il y a peu, pour ses études supérieures, qu'elle vivait auparavant à Quimper. Elle me dit qu'elle a un copain depuis trois ans maintenant, un petit frère encore au lycée, et que ses parents sont divorcés. C'est une pipelette, mais elle met tant d'énergie dans ce qu'elle raconte que c'en devient supportable.

— Et toi alors ?

— Oh, eh bien j'ai aussi un copain, et j'ai un grand frère. Mes parents sont divorcés depuis longtemps, et je n'ai plus aucun contact avec ma famille. J'ai toujours vécu à Paris, mais je descends souvent à Toulon, dans la famille de mon copain, ou à Bordeaux, rendre visite à mes grands-parents.

— Tu as dit que t'avais plus contact avec ta famille, dit-elle en fronçant les sourcils.

— C'est le cas. Je ne parle plus avec ma mère, mon père, mon beau-frère et mon beau-père. Néanmoins, j'ai toujours été proche de mes grands-parents, alors même s'ils habitent loin, j'essaie d'aller les voir assez régulièrement.

— C'est cool ça !

Nous parlons encore une bonne demi-heure, puis je mets fin à ce moment.

— Désolée Alison, je dois aller travailler. On se voit demain ?

— Oui, mais tu pourrais peut-être me donner ton numéro ? Comme ça on reste en contact au cas où. T'es une fille cool, je t'aime bien.

Je lui souris en notant mon numéro sur un bout de papier, et après l'avoir salué, je pars récupérer ma voiture sur le parking de la fac, et me dirige vers mon lieu de travail.

Je travaille dans un Foot Locker près de l'université environ trois jours par semaine. En général c'est par créneau de quelques heures l'après-midi ou le matin, lorsque je n'ai pas de cours importants, et le samedi, une semaine sur deux. J'y travaille depuis le début de mes études supérieures, et j'aime beaucoup mon travail. J'essaie de conseiller les clients comme je le peux, alors que je ne suis pas experte en sneakers, et ils semblent apprécier le fait que je fasse l'effort.

Une fois au magasin, je salue le personnel déjà là, et pars dans les vestiaires poser mon sac et enfiler mon t-shirt de travail. Une fois fait, mon manager m'explique que je m'occupe exclusivement de la caisse cet après-midi, les deux autres employés s'occupant de conseiller. J'acquiesce, et me mets derrière le comptoir.

J'encaisse les clients un à un, toujours avec le sourire aux lèvres. La plupart ne sont pas forcément aimables ou souriants, mais cela fait partie du métier.

— Mais wesh j'te croise partout c'est ouf ! Eh polak, guette y'a qui !

Je soupire en voyant l'enthousiasme d'Ormaz, et la nonchalance de Mathieu.

— Bonjour à toi aussi Ormaz. Tu vas bien ?

— Ouais et toi ? J'savais pas que tu bossais ici, t'es nouvelle ?

— Non, je travaille ici depuis un an et des poussières.

— C'est grave cool ça.

Je scanne sa paire, lui annonce le prix, et encaisse.

— On se voit bientôt ?

— T'as mon numéro de toute façon, lui lancé-je.

— Ouais, bah on se tient au jus. Bon courage et bonne journée Loulou !

J'éclate de rire face à son surnom enfantin, et saisis les boîtes que Mathieu vient de poser sur le comptoir. Je les scanne, lui annonce le prix, et récupère les billets qu'il me tend.

— Désolé pour hier soir, marmonne-t-il.

— Quoi ? Désolée, je n'ai pas entendue. Il y a du bruit, donc parles plus fort.

— J'ai dit que j'suis désolé pour hier soir. J'avais pas à débouler et me vénère après toi comme as juste parce que t'es venue à une ress.

— Enfin un peu de bon sens. Je ne t'en veux pas, mais agis avec diplomatie, ou du moins réfléchis avant d'agir. Je sais que t'es un nerveux, mais c'est pas forcément ce qu'il y a de mieux par moment.

— Hm. On s'voit lors d'une ress d'un des gars, à plus.

— A bientôt Mathieu.

Il m'adresse un léger signe de tête après que je lui ai rendu sa monnaie, et il sort du magasin.

IdioteWhere stories live. Discover now