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Après avoir raconté la petite anecdote à Iris, nous avons fini nos cafés et sommes partis dans les boutiques avoisinantes. Comme à son habitude, elle met un temps fou en cabine, alors que je suis sur le canapé en face, à attendre qu'elle se décide à trouver la perle rare de la journée selon elle.

Alors qu'elle me dit qu'elle n'en a pas pour longtemps, je sors mon téléphone, et allume un jeu sur mon téléphone, lorsque j'entends une voix qui ne m'est pas inconnue.

— Louna ?

Je relève la tête, et aperçois Ormaz, à deux mètres de moi. Je me lève et vais vers lui, tout sourire.

— Ormaz, purée ça fait un bail !

— Tu l'as dit ! Regardes-toi, t'es encore plus fraîche qu'avant !

Je ricane avant de le prendre dans mes bras. Je mentirai en disant qu'il ne m'a pas manqué. Bien que l'on se parle une fois tous les trente-six du moins pour prendre des nouvelles l'un de l'autre, c'est différent que de l'avoir en face de moi. Nous restons quelques secondes à s'étreindre, et lorsque nous nous séparons, il me regarde de la tête aux pieds.

— Nan, franchement t'es archi fraîche, c'est ouf ! C'est ta rupture avec Mathieu qui a causé ce glow-up ? T'as la peau archi belle aussi, explique moi comment t'as fait.

J'éclate de rire.

— On va dire que pleurer pendant six mois, faire une dépression et avoir les bonnes personnes autour de soi, ça aide beaucoup.

— Aaah je vois ! Ça devient quoi du coup ?

— Je fais des études de droit social, je suis en première année. Et toi ?

— Je suis le polak en tournée, et je fais de la photo aussi.

— T'as enfin trouvé ton domaine de prédilection ?

— Faut croire. Alors, ça fout quoi ici ?

— Je chasse le zèbre.

C'est à son tour de rire, faisant se retourner quelques clients, ce qui ne semble pas le déranger outre mesure.

— T'es conne. Nan sérieux, t'achètes des sapes, j'suis pas con. Mais t'es accompagnée ?

— Oui, d'Iris. Et toi ?

— J'suis venu acheter deux trois sapes pour une soirée ce soir. Tu veux venir ?

— Je ne sais pas, j'ai cours demain, grimacé-je.

— Allez, en hommage au temps du lycée ! Tu partiras quand tu le voudras, même si c'est au bout de vingt minutes.

Je soupire, mais finis par céder.

— Bon, ok, mais c'est bien parce que c'est toi. Tu as toujours le même numéro ?

Il me dit que non, et me donne le nouveau que j'inscris dans mon répertoire. Je lui donne le mien, qui a changé aussi, et il me salue, précisant qu'il est content que je vienne ce soir. Je lui souris et retourne m'asseoir sur le canapé, au moment où Iris sort de la cabine.

Elle me montre ce qu'elle a dégoté de "magistral et trop bien", et je lui montre ce que je garde. Je lui explique aussi qu'il faut que je me trouve une robe ou un nouveau jean pour ce soir, en lui expliquant que j'ai croisé Ormaz qui m'a proposé d'aller à une soirée.

— Tu sais que tu risques de croiser Mathieu, là-bas ?

— Oui, je sais. Mais si j'arrive à aller à un endroit où il risque d'être, je suis capable de supporter qu'il revienne dans ma vie d'une quelconque façon.

— Je pense surtout que s'il revient dans ta vie, c'est pour reprendre sa place.

Je lève les yeux au ciel, et nous retournons faire un tour dans les rayons. Elle me trouve une robe assez simple, noire, un peu évasée, avec les manches ouvertes au niveau des coudes et des épaules, et un décolleté pas trop prononcé. Je décide de la prendre, et nous allons à la caisse.

Après encore trois bonnes heures dans les boutiques, nous décidons de rentrer chacune chez soi. Je la dépose en bas de chez elle, et repars en direction de chez moi. Une fois chez moi, je constate que Maxime n'est pas là, j'en conclus qu'il passe la soirée avec Deen, François et Ivan. Je pars alors ranger mes affaires, en gardant sous la main ma nouvelle robe. Je récupère une paire de Converses montantes bordeaux que j'avais acheté il y a peu, et pars dans la salle de bains. Je me douche et me change rapidement, puis me maquille légèrement.

Plus le temps passe, et plus j'aime m'apprêter, me sentir femme. J'ai mûri assez vite, mais mon apparence ne suivait pas. J'ai passé toute mon adolescence à avoir vingt ans mentalement, mais à ressembler à une fille de douze ans. Maintenant que mon corps s'est raffermi, que je ressemble plus à une femme qu'à une enfant, j'en profite. Je me permets de mettre des robes, de me maquiller un peu plus. Et de porter des lunettes. Avant, j'étais complexée de ressembler à une enfant avec des lunettes. Maintenant, je n'en ai que faire. Au contraire, je préfère porter des lunettes que des lentilles. Cela demande moins de temps, moins de soin.

Je me regarde dans le miroir, et j'apprécie ce que je vois. Il m'a fallu du temps, beaucoup de temps, avant de me trouver belle. Parfois, j'ai encore du mal à me trouver agréable à regarder. Je me trouve toujours trop fine, avec les hanches trop larges. Mais la majorité du temps, j'arrive à aimer mon reflet. Et j'en suis fière.

Une fois prête, je récupère mon sac, mes papiers, mes clés, et sors de chez moi. Une fois dans ma voiture, j'envoie un message à Jehk pour le prévenir que je ne suis pas chez moi ce soir, et roule en direction de chez Ormaz. Entre deux magasins, je lui ai envoyé un message pour récupérer son adresse. Il m'a dit qu'elle n'avait pas changé depuis le temps, ce qui m'arrange un tant soit peu.

Après avoir tournée bien bon dix minutes, voire plus, pour trouver une place, je paie l'horodateur, et me dirige vers le bâtiment d'Ormaz. Je sonne, et la porte s'ouvre assez rapidement. Je grimpe alors les escaliers m'amenant au deuxième étage, et m'arrête devant l'appartement où on avait exposé mon violeur.

J'inspire un grand coup, et toque trois fois. J'entends des voix, mais ne parviens pas à distinguer ce qui se dit. Je vais pour frapper à nouveau mais la porte s'ouvre.

Pas sur mon hôte, non.

Sur Mathieu.

IdioteWhere stories live. Discover now