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Lorsque j'ouvre mes yeux, la blancheur de la pièce m'agresse. Les événements de la veille me reviennent légèrement, et j'en déduis que je suis à l'hôpital. Je grimace, et tourne la tête légèrement. Moh se trouve assis sur une chaise, juste à côté du lit. Ses bras sont croisés sur le lit, sa tête repose sur ses derniers. Il doit dormir.

Je passe ma main dans ses courts cheveux pendant plusieurs minutes, fixant le mur se trouvant en face de moi.

Je ne sais pas quoi faire, quoi penser.

Je sais que l'impact était violent. L'autre conducteur se trouve-t-il aussi à l'hôpital ? Est-il amoché, lui aussi, ou est-ce qu'il n'a rien ? Va-t-il prendre, ou s'en sortir ?

Moh s'agite un peu, et se redresse d'un coup. Il me lance un regard ahuri, et me prend dans ses bras doucement.

— Wesh, refais plus jamais ça t'es folle.

Je souris doucement, même si j'ai la gorge nouée. J'ai mal partout.

— Je vais bien, ne t'en fais pas.

— Mouais, j'y crois pas. J'vais chercher quelqu'un.

Il sort de la chambre, pour revenir peu de temps après avec une infirmière, qui paraît étonnée de voir que je suis réveillée.

— Mademoiselle Deslys, bonjour. Comment vous sentez-vous ?

— En toute honnêteté, pas si mal. J'ai juste l'impression qu'on m'a roulé dessus.

— Vous souvenez-vous de ce qu'il s'est passé ?

— Oui. J'étais en voiture, je conduisais alors que je pleurais. J'arrivais quand même à voir un minimum. Je faisais attention, et une voiture a déboulé de nulle part et m'a percuté.

Elle acquiesce, et m'annonce l'étendue des dégâts.

Deux côtes fêlées, plusieurs blessures superficielles, un poignet tordu et plusieurs hématomes.

— Vous avez de la chance de vous en êtes sortie pratiquement indemne, vu la puissance de l'impact.

— Bah ouais, c'est une warrior la Louna !

— Néanmoins, il vous faudra quand même beaucoup de repos. Ménagez-vous pendant quelques temps, que ça soit physiquement ou mentalement. Vous pourriez avoir des séquelles psychologiques des suites de l'accident.

— Vous inquiétez pas, j'vais prendre soin d'elle comme si c'était ma fille !

Je souris doucement à Moh, tout comme l'infirmière, qui semble rougir un peu. Le charme de Sneazzy a dû lui faire de l'effet. Elle repart au bout d'un petit temps, après m'avoir dit qu'une fois que le médecin était passée, je pourrais retourner chez moi.

Je tends ma main pour récupérer mon téléphone devant normalement se trouver sur le chevet, mais Moh le saisit avant moi.

— Moh ! Rends-moi mon téléphone !

— Non, la jolie demoiselle a dit qu'il fallait que tu te reposes et que tu te ménages mentalement.

— Où est le rapport avec le fait que je voulais utiliser mon téléphone ?

Il semble chercher une réponse adéquate, ça se voit.

— Qu'est-ce que tu as encore fait ?

— Moi ? Rien.

— Ne me mens pas. Je répète, qu'est-ce que tu as encore fait ?

— Rien ! s'énerve-t-il légèrement. J'veux juste pas que tu lises des trucs à la con sur ton accident sur tes fanpages Insta. Y'en a qui ont certainement dit que t'aurais mieux fait de crever ou j'sais pas quoi, et j'veux pas que tu les lises sinon tu vas te sentir mal et tu vas te renfermer sur toi-même et j'veux pas.

— Moh, t'es adorable, mais je comptais juste envoyer un message à Alison pour qu'elle me prenne les cours de cette semaine, c'est tout.

— Ah, j'me sens con là. Tiens, désolé.

— Je t'en veux pas, lui sourié-je.

Je déverrouille mon téléphone et envoie un message à ma nouvelle amie.

À : Alison
Coucou Ali ! Tu vas bien ?
Petit topo : Je ne viendrais pas en cours de la semaine, j'ai eu, comme qui dirait, un léger accrochage en voiture. Tu pourras me prendre les cours, histoire que je ne foire pas les prochains partiels ?
Passe me voir dans la semaine si tu veux, je t'enverrai mon adresse. Merci ma belle, à très vite !

Je constate, par la même occasion, que j'ai je ne sais combien de messages non-lus, tous provenant des gars.

Je ne les ouvre pas, sachant pertinemment que Moh a dû les prévenir que j'allais bien, mais que j'étais un peu amochée.

J'ouvre quand même rapidement Instagram, et constate que j'ai des demandes de discussions. Je les survole rapidement, me promettant d'y répondre lorsque j'aurais le temps et le courage.

Néanmoins, en revenant en haut de page, je tombe sur une demande assez inattendue.

De Mathieu.

Je l'ouvre.

plkpb : On peut s'voir ?

Je coule un regard en coin à Moh, qui est lui-même sur son téléphone, puis décide de répondre à Mathieu. J'accepte sa demande.

desslyss : Passe à l'hôpital si c'est urgent, autrement, attends que je sois rentrée chez moi.

Il a lu mon message, mais ne réponds pas. Je repose alors mon téléphone sur le chevet à côté du lit, et regarde Moh.

— Moh ? Pourquoi t'as tenu à venir ?

— T'es ma reus, j'allais pas te laisser seule ici. Et aussi parce que les autres étaient trop paniqués pour réagir.

Je ricane doucement, alors que son téléphone sonne. Il me fait signe qu'il revient, et sort de la chambre. Peu après, il revient.

— J'ai pas compris pourquoi, mais le polak va passer, et m'a dit qu'il se chargeait de te ramener chez toi. C'est pas que j'voulais pas rester, mais j'ai un peu de boulot au stud. Ça te dérange si j'me taille maintenant ?

— Non, vas-y. Je suppose que t'es là depuis le début, t'as des choses à faire plus importantes que de rester là, à me surveiller. Je vais dormir un peu, files bosser.

— T'es la meilleure. Préviens-moi dès que tu sors d'ici, et dès que t'es chez toi. Et tu m'appelles si t'as besoin de moi pour quoi que ce soit, hein ?

Je hoche la tête, il enfile sa veste et file rapidement. Quant à moi, je repose ma tête confortablement sur l'oreiller, et laisse Morphée m'embarquer à nouveau.

IdioteWhere stories live. Discover now