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J'ai quitté Ken vers quinze heures, après avoir mangé et parlé un long moment de Mathieu. Il m'a aidé à comprendre le mécanisme des gars, chose qui m'est quand même assez utile connaissant mon inexpérience dans le domaine.

Avant de rentrer, je suis passée au Macdo se trouvant à quelques minutes du bâtiment où se trouve Mathieu, et j'ai pris le chemin du bloc. Une fois devant la porte d'entrée, je toque, n'ayant pas de clés. Odeta vient m'ouvrir.

— Je rentre plus tôt que prévu, et j'ai même ramené un peu à manger.

— C'est gentil, mais j'ai déjà mangé. Mathieu n'est toujours pas sorti de sa chambre par contre, pas même pour manger.

— Je vais aller voir ça. Tiens, je te laisse quand même ceci.

Je sors un sundae du sac, et elle sourit.

— Tu me prends pas les sentiments ma fille, c'est pas bien !

Je ricane doucement après qu'elle ait passé sa main sur ma joue en me remerciant, et je pars dans la chambre de Mathieu. J'ouvre la porte, et constate qu'il est allongé sur son lit, ordinateur sur les genoux, et casque sur les oreilles. Je m'assieds à côté de lui, et le fixe jusqu'à ce qu'il pose son casque et son ordinateur.

— Tu veux quoi ?

— Déjà, que tu me parles moins sèchement. Ensuite, je ramène à manger. Enfin, faut qu'on parle.

— J'ai pas faim.

— Commence pas à faire ton gamin.

— Dit-elle alors qu'elle me raccroche à la gueule.

— C'est ça qui te pose problème ? Mais c'est hallucinant.

Il se tourne enfin vers moi, et son regard est noir. Encore plus que lorsque je lui ai fait part de l'acte de Jeremy.

— C'qui m'pose problème c'est pas ça, j'm'en bats les couilles. C'qui me casse les couilles, c'est qu't'agisses comme ma meuf à un moment, et que l'instant d'après tu d'viennes une go différente, en présence de gens. Ça ça m'casse les couilles.

— Pardon ? À quel moment j'ai agi comme si j'étais ta copine ?

— T'es àl, tu m'fais des papouilles dans les cheveux, tu m'masses le dos, tu t'colles à moi quand on regarde un film, t'es archi câline et tout et j'kiffe ça. Pour toi c'est un comportement de pote, pour moi ça l'est pas.

— Si ça te pose problème, maintenant on se contente juste de la bise, ou d'une poignée de main. On regarde plus aucun film, et t'as plus aucune attention.

— Non ! J'veux pas que ça s'arrête ! Mais j'veux pas que tu sois distante devant les autres. À croire t'as honte d'être ma pote, comme l'autre jour au stud.

— Ouais, donc en fait tu m'en veux de pas avoir pris ton parti, soupiré-je. Écoute, je cautionne pas le fait que tu fumes et vendes, pour autant je te laisse faire. Mais je vais pas prendre ta défense alors que c'est illégal, et qu'en prime tu peux te faire arrêter à n'importe quel moment. J'ai pas été distante l'autre jour, c'est toi qui a mis une distance. Tu ne t'es souvenu de ma présence que lorsque Ken m'a embarqué avec lui, et lorsque nous sommes rentrés. Autrement, je peux dire merci à tes amis de m'avoir intégré.

— Tu m'aurais dit que ça te saoulais j'serais resté un peu plus avec toi.

— J'allais pas t'empêcher d'être avec tes potes. Le truc, c'est que là tu crises parce que je joue la fille qui a honte d'être amie avec toi, alors que c'est plutôt l'inverse. Ok tu m'as inclus à ton groupe d'amis, c'est cool hein, mais est-ce qu'au moins tu te soucies de savoir s'il m'apprécie ? Les gars du studio oui, mais je te parle au lycée ? Elyo ne m'apprécie pas, Ormaz et l'autre non plus, du moins je ne pense pas. Heureuse qu'il y a Assaf, sinon je serais clairement seule.

— Bah non, j'suis àl oim.

— Non, toi, tu es là que lorsqu'on est en classe, ou en dehors du lycée, comme là par exemple. Autrement, tu ne l'es pas. Bref, sujet clos. Je voulais pas parler de ça, mais de tes crises de jalousie.

— Mais j'suis pas jaloux putain, rentre toi ça dans l'crâne.

Je ricane, et mets le bout de mon index sur son front.

— Rentre toi dans la tête que tu l'es, et qu'il n'y a aucune raison que tu le sois. Tu es mon ami, tout comme Ken, Assaf et Mohamed le sont. À partir de quel moment tu es censé être jaloux de tes amis ? T'as aucune raison de l'être. Pourtant, tu trouves quand même le moyen de m'appeler et de commencer à faire le gars jaloux parce que j'ai pas répondu à ton premier appel.

— Tu connais pas Ken.

— Si on parle de Ken Samaras, connu sous le nom de Nekfeu, alors si, je le connais. Je le connais bien même, puisqu'il a une copine, et que t'as aucune raison d'être jaloux ou d'avoir peur. Et d'ailleurs, pourquoi tu tapes des crises ?

— J'suis pas jaloux.

— Ah non ? Territorial, peut-être ?

— Nan, mais t'es à moi, c'est tout.

— Donc sous prétexte que je te considère comme mon meilleur ami, ça fait de moi ta chose ? Ton objet attitré, que personne n'a le droit de toucher ?

Je me lève du lit, et range mes deux-trois affaires qui traînaient dans mon sac d'affaires.

— Tu sais Mathieu, beaucoup de personnes disent que la jalousie est souvent synonyme d'amour. Sauf que, quand tu aimes quelqu'un, que ça soit amicalement ou amoureusement, t'as aucune raison d'être jaloux. Tu fais entièrement confiance en la personne. Tu es jaloux, tu ne me fais pas confiance, donc.

Je récupère mes différents sacs, et me poste devant sa porte.

— À aucun moment je me suis montré jalouse, ou territoriale. Je t'ai toujours fait entièrement confiance, et je ne comprends pas pourquoi ça n'est pas réciproque. Surtout que, je le répète, on n'est pas ensemble. Peut-être que tu as cru que c'était le cas, et je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, mais je pense que je le saurais jamais. Je rentre chez moi, on se voit à ma soirée d'anniversaire, si tant est que tu veux toujours venir. Bonne semaine, Mathieu.

Je sors de sa chambre, préviens Odeta que je rentre, prétextant que ma mère est rentrée plus tôt que prévu. Je la remercie encore, et retourne prendre le métro pour rentrer dans le seizième.

IdioteWhere stories live. Discover now