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Je me réveille à cause des rayons du soleil m'agressant les yeux, et essaie de me tourner mais n'y arrive pas. J'ouvre les yeux doucement, et vois le bras de Mathieu en travers de mon ventre. Je le décale doucement, et pars dans la salle de bains chercher un cachet d'aspirine. Puis je pars dans la cuisine boire un grand verre d'eau et avaler mon médicament par la même occasion. Bien que je n'ai pas réellement mal à la tête, je préfère anticiper.

Étant dans la cuisine, j'en profite pour faire mon éternel thé au citron, et le bois lentement, plongée dans mes pensées. J'en sors lorsque je sens deux bras autour de mes épaules, ce qui me fait sursauter.

— T'es une flippette en vrai, ricane Mathieu.

— J'étais dans mes pensées, c'est pour ça. Tu veux un café, un thé, un chocolat ?

— J'veux bien un café s'te plaît.

— Ok, mais va falloir que tu me lâches.

— Fais moi d'abord un câlin alors.

Je me lève et me tourne afin de lui faire face. Un de ses bras prend place autour de ma nuque, et l'autre autour de ma taille. Je me retrouve donc collée à son torse, et je passe mes bras autour de sa taille. Ayant les cheveux détachés, Mathieu enfouit son nez dans ma crinière, et reste immobile. De temps à autre, il exerce une légère pression avec son bras autour de ma nuque, mais n'exprime aucune envie de me laisser partir de son étreinte.

— Si tu veux ton café, il va vraiment falloir que tu me lâches.

— Mais j'suis ienb là.

— Moi aussi, mais c'est pas pratique pour faire le ménage et préparer ton café.

Il finit par me lâcher à contre coeur (je n'avais pas non plus envie de m'éloigner de ses bras), et je peux enfin lui préparer sa boisson chaude. Une fois celle-ci versée dans sa tasse, je lui pose sur la table, et pars dans le salon faire un grand rangement. Il faut que je remette les meubles en place, que j'aère à nouveau et passe du Febreze spécial tissus sur le canapé et les fauteuils, baisse le son de la chaîne Hi-Fi, et change la litière de Pistache.

Une fois qu'il est bien réveillé, Mathieu vient m'aider à replacer les meubles correctement. Une fois fait, je m'assieds sur le canapé, vite rejoint par mon blond. Alors que je veux allumer la télé, Mathieu pose sa main sur la mienne, m'en empêchant. Je tourne la tête vers lui en quête d'une explication, et il soupire.

— J'aime pas ça, mais j'crois qu'on devrait parler.

— C'est vrai. De quoi tu veux parler ?

— De.. Bah de nous quoi, même si y'en a pas forcément tu vois ?

Je me remémore la soirée. Je me remémore l'action ou vérité. Son baiser. Mon premier baiser. Le fait qu'il soit resté. Que j'ai bu. Qu'il m'a laissé me plaindre de lui. De notre proximité physique. Puis du second baiser qu'il m'a donné. Du fait qu'il m'ait offert un magnifique collier, et qu'il soit resté dormir avec moi.

Je ne sais pas ce qu'est l'amour, car pour le connaître, il faut l'avoir vécu. Or, je pense l'aimer. Je ne sais ce qu'est avoir des sentiments pour quelqu'un, n'en ayant jamais eu, et de toute façon je ne pense pas en avoir. Mais je sais que je l'aime. Et qu'il dise qu'il n'y a pas de "nous" après nos échanges de cette nuit me fait mal.

— Je veux juste savoir une seule chose avant qu'on continue sur cette lancée. Lors de l'action ou vérité, tu avais envie de m'embrasser, ou tu l'as fait par dépit ?

— J'savais pas quoi faire à la base. Vu comment tu t'es cassé de chez oim la dernière fois, j'savais pas quoi dire, quoi faire tu vois ?

— Réponds par oui ou non, Mathieu. Je veux aucune justification, juste une réponse. Claire, nette, précise.

— Oui.

— Oui quoi ?

— Oui j'voulais te galoche, encore maintenant j'en ai envie, et j'sais que j'en aurais envie encore un moment.

Je le regarde droit dans les yeux, mais je ne vois que de la vérité.

— Est-ce.. Est-ce que ce que je t'ai fait sous-entendre cette nuit, c'est réciproque ?

— J'aime pas avouer que le fennek a raison, ça fait mal à ma fierté de polak t'as vu. Mais s'il avait raison pour toi, alors c'est Zer2 qu'avait raison pour oim.

— C'est-à-dire ?

— Il m'a dit que c'était pas dans mes habitudes d'être juste pote avec une meuf sans avoir d'envies. Et il a pas tord ce con, en général quand j'suis proche d'une go c'est juste pour la foutre dans mon pieu une nuit, et basta. Mais avec toi, j'veux plus. J'veux pas te ken, j'veux pas t'embrasser pour faire style que, j'veux pas te tej au bout d'une nuit. J'veux t'embrasser parce que j'en ai envie, parce que tu veux toi aussi. J'veux que tu restes avec moi et ma sale gueule un moment. J'veux pas te ken, parce que j'sais que t'as encore rien fait, et que j'veux y aller en douceur avec toi. Tu m'rends bizarre.

— Je sais pas si je dois bien le prendre.

— Laisse-moi finir wesh ! J'disais que tu m'rends bizarre, mais j'aime ça. T'es la seule personne pour qui j'pourrais essayer d'arrêter de bicrave et bédave. T'es la seule go qui reste dans ma vie plus d'un mois sans que j'ai tenté de te baiser. T'es la seule qui arrive à me remettre un peu dans l'droit chemin, alors que ma grand-mère essaie depuis que j'suis gamin. T'es la seule à qui j'ai offert un truc.

— Et ça, ça te rend bizarre ?

— J'ai toujours pas fini, grogne-t-il en posant sa main sur ma bouche pour que j'arrête de le couper. J't'avoue, au départ, j'pensais pas qu'on allait être potes, toi et moi. On est graves différents. Et même si ça fait pas vraiment longtemps qu'on s'connait, bah mon opinion sur toi il a géchan. Avant j'te voyais juste comme ma pote qui a du mal à se saper, maintenant j'te vois comme une fille qu'est magnifique avec n'importe quelle sape. Même tes vieux t-shirts là, ils te vont ienb. Quand j'te vois arriver j'ai envie d'sourire, parce que tu m'rends heureux. Rien que de t'avoir dans ma vie ça m'rend heureux. Quand j'te vois proche d'un gars ça m'fait vriller, et quand tu m'fais des papouilles j'me sens ienb. J'te vois pas comme une go lambda, comme une pote, mais comme une fille qui m'attire pour autre chose que le cul. Et j'ai jamais dit ça à quelqu'un alors sois heureuse.

Il enlève sa main de ma bouche, et je souris grandement, et niaisement. Je l'aime.

— Je le suis, t'en fais pas. Et tout est réciproque. Tu me rends bizarre aussi. Alors.. On essaie d'être bizarre à deux, je suppose ?

Pour toute réponse, il plaque ses lèvres contre les miennes.

IdioteWhere stories live. Discover now