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Deen m'ayant dit qu'il attendrait dans la salle prévue à cet effet, j'ai mis plein gaz pour arriver au plus vite, Mathieu à mes côtés me disant qu'il aimait bien ce côté de moi qui bravait le danger.

J'avais juste envie de lui répondre qu'un de mes amis, qui est mon ex par la même occasion, était à l'hôpital sans qu'on ne sache s'il était dans un état critique, alors forcément je n'allais pas rouler à deux à l'heure.

Mais je me suis retenue, et nous voilà devant l'hôpital. Nous rentrons dans ce dernier, et cherchons Deen du regard. Lorsque je l'ai en visuel, je me dirige vers lui et me jette dans ses bras. Il me réceptionne et me serre contre lui, tandis que je frotte son dos de haut en bas. J'ai un peu envie de pleurer, je dois l'avouer.

— Tu sais ce qu'il s'est passé ?

— Apparemment il aurait eu un accident, mais j'ai pas trop fait gaffe à ce qu'on me disait, j'essayais d'assimiler c'qu'on me disait.

— On t'a pas non plus dit si c'était grave ?

— Si, si j'ai bien compris il est au bloc pour fracture ouverte.

J'acquiesce, et me laisse tomber sur la chaise à côté de lui. Mathieu vient s'asseoir à son tour à mes côtés, mais ne pipe pas mot.

Nous patientons sans rien dire pendant un long moment. C'est Mathieu qui brise le silence.

— Nana, j'dois aller au stud, askip y'a un son qui déconne. Ça te dérange pas ? Sinon j'recule le truc à demain.

— Non, vas-y si tu veux, dis-je en lui tendant les clés de ma voiture. Tu me la ramènes en un seul morceau et tu viens me chercher, c'est tout.

— Ok, pas de soucis. Cimer, t'es la meilleure.

Il m'embrasse rapidement, serre la main de Deen, et s'en va en me remerciant à nouveau. Lorsqu'il s'éloigne du bâtiment, Deen intervient.

— T'aurais pas plutôt préféré qu'il reste là ?

— Si, mais je ne peux pas l'empêcher d'aller bosser non plus. Il bosse dur, un peu trop même, mais c'est sa passion et son métier, je ne peux pas dire grand-chose. Si je lui avais dit que ça me gênait qu'il parte au studio aujourd'hui, il y aurait passé toute la journée de demain non-stop, et peut-être la nuit.

— Comment tu fais pour toujours prendre en compte ce que veulent les autres, et pour toujours faire en sorte de les aider ou d'aller dans leur sens ?

— Tu te trompes, Deen. Je fais toujours en sorte d'aider les gens et d'accéder à leur requête, mais bien souvent je ne vais pas dans leur sens. J'ai toujours fait passer les autres avant moi, ça sera toujours comme ça. C'est pour ça que, même si j'aurais aimé avoir Mathieu avec moi le temps de savoir ce que Max a, lui avait besoin d'aller au studio alors je l'ai laissé y aller. Il sera là pour moi quand il rentrera, c'est déjà ça.

Le trentenaire passe son bras sur mes épaules, et je m'autorise à poser ma tête sur son épaule.

Nous attendons encore un moment avant qu'une infirmière ne vienne nous chercher. Elle nous emmène dans une chambre où se trouve Maxime, allongé, très certainement endormi, une perfusion à son bras et la jambe dans le plâtre.

Elle nous explique alors la situation : Accident de voiture, plus brutal que celui que j'ai pu avoir l'an dernier. Deux ou trois côtes brisées, plusieurs blessures superficielles, mais une belle fracture ouverte le long du tibia.

L'infirmière nous autorise à rentrer dans la chambre et rester avec Maxime jusqu'à la fin des heures de visite, ce que nous acceptons.

Deen s'assied sur la chaise à proximité du lit, tandis que je me poste près de la fenêtre, et regarde le paysage. Il est un peu morne, alors que la journée démarrait plutôt bien. Je ne sais combien de temps je reste là, à fixer l'horizon, mais c'est la voix de Maxime qui me fait revenir à moi.

— Eh.. Salut, mec, dit-il difficilement à son frère.

— Espèce d'abruti, crache Deen. T'es sérieux ? T'as rien d'autre à dire ?

Je me tourne vers eux, et vois que Deen est furieux. Maxime ne sait pas trop quoi dire, alors je décide d'intervenir avec une tentative d'humour qui risque de rater.

— Tu fais chier Max, normalement c'est à moi que ça arrive, les accidents et les trucs pas drôles.

Il se tourne vers moi et rit, mais grimace et s'arrête presque nettement, la douleur dans les côtes le rappelant à l'ordre. Deen esquisse un léger sourire, et finalement je me dis que c'est plutôt bien passé.

— Alors, les causes de l'accident ?

— J'me suis fait encastrer par une bagnole, explique-t-il.

Concis mais efficace, employez la méthode Jehkyl pour expliquer quelque chose. Taux de réussite de 100%.

Nous restons plus de trois heures dans la chambre avec Maxime, lui parlant de tout et de rien, lui demandant s'il a besoin de quoique ce soit. La porte finit par s'ouvrir sur Jazzy et Eff, venus lui rendre visite. Je leur fais la bise et les avertis que je vais y aller, Mathieu étant venu me chercher comme je lui ai demandé. Je salue tout le monde, promets à Maxime de passer le voir rapidement, et sors de la chambre, puis de l'enceinte de l'établissement, voulant regagner ma voiture.

Lorsque je la trouve, je me précipite vers elle et grimpe côté passager, m'attachant rapidement.

— Alors, ta séance au studio ?

— Longue, mais c'est comme d'hab. J'm'en plains pas, c'est mon taf. Alors, Jehk ?

— Accident de voiture. Fracture ouverte. Côtes cassées. Beaucoup de repos préconisé.

— Logique. C'est moins grave que ce qu'on aurait pu pensé du coup, c'est cool.

— Ouais, soupiré-je.

Nous rentrons dans un silence de plomb, chose assez inhabituelle. Alors que j'allais pour prendre un bain, étant courbaturée et un peu endormie, Mathieu m'arrête.

— Prends une douche plutôt, et prépare un sac de fringues aussi.

— Pourquoi ? je voulais prendre un bain.

— Ouais mais tu mets grave du temps quand tu prends un bain. Et là on a pas trop l'temps.

— Pourquoi ?

— On retourne dans le 14ème, pour deux ou trois jours, on va voir ma famille.

— Ta grand-mère, donc.

— Pas que, y'aura aussi mon daron, ma daronne, et ma fratrie.

IdioteWhere stories live. Discover now