76

4.5K 196 51
                                    

Alors que Mathieu ne devrait pas tarder d'arriver chez moi, je me décide à appeler Iris, qui répond dans la foulée.

— Oui ?

Iris, tu me sauves la mise. Je te dérange ?

Pas du tout, je regardais des vidéos de gens qui se cassent la gueule sur Insta. Racontes-moi tout.

Mathieu. Il a écrit une chanson sur moi. Je l'aime.

Attends, comment ça il a écrit une chanson sur toi ?

Bah.. Disons qu'il évoque une fille de façon plus ou moins explicite, et tout porte à croire qu'il s'agit de moi. Et il m'a envoyé le lien tout à l'heure. Depuis j'arrête pas de l'écouter, parce que.. J'en sais rien, je voulais pas croire qu'il s'agissait de moi, dont il parlait dedans. Je voulais pas croire qu'il avoue à demi-mots qu'il m'aime, ni qu'il en fasse un son.

— Putain ! C'est hallucinant. Tu m'aurais dit ça il y a quelques mois je me serais foutu de ta gueule en disant que tu te fais des films, mais là c'est pas trop étonnant venant de lui.

On parle quand même de Mathieu, là.. Moi, ça m'étonne.

Parce que tu te voilais la face, chérie. Il est dingue de toi, et encore plus depuis que vous couchez ensemble fréquemment. Pour lui c'est un moyen plus ou moins direct d'être avec toi. Vous êtes dans une relation malsaine, des exs qui deviennent sexfriends j'ai jamais vu ça.

On n'est pas sexfriends, soupiré-je.

— Non, pas du tout non. Vous êtes potes, vous couchez ensemble mais vous êtes pas sexfriends.

Je suis un peu perdue, Iris. Je devrais faire quoi ?

Tu lui parles. Tu lui dis ce que tu penses, ce dont tu as envie, si t'as envie de te remettre avec lui tournes pas autour du pot et dis-lui cash. Je suis sûre qu'il attend que ça. Et ne tarde pas trop non plus, je connais assez bien les mecs comme lui pour savoir que si tu te décides pas rapidement il va en avoir marre du jeu du chat et de la souris et va se casser, et tu pourras t'en prendre qu'à toi même.

— Hm. Merci Iris, je vais pas te déranger plus longtemps. Bonne soirée et appelles si t'as un souci avec mini-toi.

— T'en fais pas, elle est pas prête de sortir et ça m'arrange, du moment qu'elle arrête de cogner toutes les trente secondes.

Je ricane et lui rappelle de me contacter s'il y a urgence, et raccroche. Au moment où je pose mon téléphone, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir.

— Louna ? T'es là ?

J'inspire un grand coup, et décide de prendre en compte tout ce qu'Iris m'a dit.

Mathieu a à peine le temps de passer la porte de chez moi que je lui saute au cou et l'embrasse comme si ma vie en dépendait.

— Wow, j'peux savoir pourquoi ?

— J'ai écouté la chanson. J'aime beaucoup. Et je t'aime beaucoup aussi. Je t'aime Mathieu, j'ai jamais arrêté de t'aimer, et ton son ç'a été l'élément qui m'a fait ouvrir les yeux. Je crève d'amour pour toi depuis que je t'ai rencontré, c'était toi et ça sera toujours toi. Je sais pas si j'ai réellement fait une connerie en te quittant auparavant, mais ce que je sais, c'est que je veux à nouveau pouvoir t'appeler mon polak à moi, me réveiller à côté de toi en tant que copine et pas en tant que plan cul. Je t'aime Mathieu, putain que je t'aime.

Je m'écarte de lui afin de le regarder, et vois qu'il reste stoïque un certain temps. Je fronce les sourcils, me demandant si j'ai bien fait de vider mon sac. Mais le sourire qui vient étirer ses lèvres par la suite me fait réaliser que oui, j'ai bien fait.

C'est à son tour de lier ses lèvres aux miennes, sa main se posant sur ma taille.

— Donc il a fallu que j'écrive un son ou j'parle d'amour pour que tu t'rendes compte que j't'aime ?

— Non, enfin.. Peut-être un peu ? C'est dur de savoir ce que tu veux et ce que tu ressens, par moment.

— Bah, maintenant tu sais. Je t'aime, j'crois que tout ceux qui m'écoutent sauront que j'kiffe une p'tite meuf. Mais personne sait de qui il s'agit, dit-il en me faisant un clin d'oeil.

— Ils sauront à un moment donné, non ?

— Peut-être. T'as un truc de prévu demain ?

— Non pourquoi ?

— Ok, fais ton sac, on se casse. On se barre tout le week-end hors de Paname, que toi et moi. Histoire de commencer notre relation sur de bonnes bases.

Je souris niaisement, et file remplir un sac d'affaires prises à la va-vite. Une fois fait, je récupère mon téléphone, mes clés et mon sac à main, et nous sortons de mon appartement afin de partir je ne sais où.

Après être passée chez lui, nous partons de Paris et de sa banlieue. Sa main posée sur ma cuisse, j'ai l'impression que c'est lui et moi contre le reste du monde.

Lui, moi, et rien d'autre.

À part peut-être la musique dans l'habitacle.

C'est ce genre de moment que je voulais passer, plus jeune, avec mon copain. J'idéalisais absolument tout, voulant que tout soit parfait, comme dans les séries.

Ça n'a pas été le cas, certes. Pour autant, à ce moment précis, j'ai l'impression d'être dans un rêve éveillé.

Mathieu qui parle ouvertement de ce qu'il ressent, de ce qu'il veut, avec moi.

Je suis avec mon polonais, c'est tout ce qui importe.

— Pourquoi tu souris comme une conne ?

Je tourne la tête vers lui, et mon sourire s'agrandit. Concentré sur la route, il est beau. Il l'a toujours été, à mes yeux, et il le sera toujours.

— Pour rien. Je suis heureuse d'être avec toi, c'est tout.

Sa main se resserre un peu sur ma cuisse, signe qu'il approuve mes paroles.

Alors que nous nous engageons sur l'autoroute, il quitte la route des yeux un petit instant afin de me regarder.

— J'suis content que tu te sois aperçu que j'voulais pas juste être ton plan cul. J'veux plus de ça, j'veux ma petite go à mes côtés chaque jour, toutes les nuits, tout le temps.

Je passe ma main dans sa nuque, et regarde la route à mon tour.

Le début d'une nouvelle histoire qui, peut-être, ne sera pas aussi stupide, idiote, que la précédente.

IdioteWhere stories live. Discover now