Idiote

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Une fois à Clamart, dans l'appartement de Mathieu, nous nous dirigeons dans sa chambre. Nos vêtements de nuit enfilés, on s'assied sur son lit.

— Bon, on procède comment pour l'autre, là ?

— T'as son Insta ? lui demandé-je.

— Ouais, elle me suit depuis quelques temps déjà.

— Ok nickel, tu vas lui parler en mode ami, lui demandant des nouvelles, vraiment faut qu'elle se doute de rien.

— Tranquille, je gère.

Assise à côté de lui, je regarde au dessus de son épaule pour avoir une idée de qui est dit. Je fais confiance à Mathieu, mais pas assez à Alison. C'est pourquoi j'appréhende sa façon de répondre à mon copain, elle pourrait être capable de tout.

Une fois qu'il a trouvé Alison dans ses abonnements, il engage la conversation.

plkpb : Wsh, bien ?

Elle ne tarde pas à répondre, et donc  à accepter la demande de discussion.

alliiastier : Oh, salut Mathieu. Ça va et toi ?

plkpb : Trkl, même si Louna me gonfle

alliiastier : C'est-à-dire ?

plkpb : Jsais ap, en ce moment elle arrête pas de dire des trucs qui veulent rien dire, elle ouvre sa gueule pour rien dire ou pour parler sur le dos des gens

alliiastier : Ça me rassure, je croyais qu'elle était comme ça juste avec nous. Encore tout à l'heure elle parlait en mal de mon ex-copain, alors que, à ce qu'elle disait, elle l'appréciait. Elle est incompréhensible, et j'ai l'impression que dès que les gens ne vont pas dans son sens, elle fait tout pour se faire passer comme victime.

Je fronce les sourcils, et saisis mon téléphone.

— Tu fous quoi ?

— Je l'appelle. Elle ment ouvertement, je ne laisse pas passer ça.

— Attends un peu, c'est que le début. Si tu dis qu'elle mytho à ton sujet, et j'te crois, c'est qu'on est sur la bonne voie. Laisse-moi gérer, contente toi de regarder. Si après ça te convient pas, tu pourras l'appeler et l'insulter.

Je fulmine, mais acquiesce. La seule envie que j'aie, présentement, c'est d'aller chez elle, de la mettre face à la réalité, et de lui balancer ses quatre vérités. Mais je fais comme Mathieu m'a dit : je me contente de regarder leur échange, tout en me retenant de prendre mon téléphone et de lui envoyer un message haineux.

Je sais que je pourrais aller loin dans mes propos, c'est pourquoi je prends sur moi. Néanmoins, elle mériterait que je perde mon sang-froid.

Je reprends ma place initiale, mon menton appuyé sur l'épaule de Mathieu, et fixe à nouveau son écran de téléphone.

plkpb : Nan tkt c'est comme ça avec tt le monde. Ça fait qques jours qu'on s'est remis ensemble mais si elle continue j'la tej.

plkpb : C pas comme si j'avais pas d'autres meufs qui attendent que moi mdrr

alliiastier : Je m'en doute, tu commences à devenir une étoile montante un peu, donc tu dois déjà avoir des groupies et des meufs en chaleur à tes pieds.

plkpb : Les meufs en chien c bien mignon mais c relou à la longue. Les groupies c encore pire, après ça envoie v'là les messages pcq ça croit qu'on a une connexion

alliiastier : Je vois. De toute façon, si tu largues Louna, tu trouveras une nouvelle meuf dans la foulée, j'en suis sûre.

plkpb : P'têtre. Mais la go elle m'aimera peut-être pas autant que Louna.

alliiastier : Si elle t'aimait vraiment elle t'aurait pas largué y'a trois ans. Si ?

plkpb : On était jeunes et cons, donc ça peut s'expliquer j'pense. Enfin bref jv pas te déranger plus t'es certainement oqp

alliiastier : Non du tout, tu me déranges pas. Au contraire, je me fais terriblement chier.

plkpb : Ouais mais bon, jss avec Louna en plus donc on va éviter d'ajouter des blèmes ou y'en a pas. Allez, passe une bonne soirée

alliiastier : À toi aussi. Si jamais tu veux parler j'suis dispo.

Il lui envoie un simple " :)", et pose son téléphone à côté de nous. Je soupire.

— Je peux l'appeler maintenant ?

— Attends un peu. C'est une fouteuse de merde.

— Et donc ?

— J'ai dit que j'étais avec toi ce soir, et que j'hésitais à te larguer. Dans moins d'cinq minutes, elle m'auras envoyé une tof. Et à coup sûr ça sera un nude. Tu paries quoi ?

— La même chose que tout à l'heure mais en mieux.

— Ça d'vient intéressant là. Deal. Et si c'est toi qui as raison et qu'elle envoie rien ? me demande Mathieu.

— Une écoute en avant-première de ton prochain son.

— Deal.

On se tape dans la main, et attendons de voir lequel d'entre nous a raison.

Peu après, son téléphone indique une nouvelle notification Instagram, celle d'un message.

alliiastier vous a envoyé une photo.

Je saisis son téléphone et le déverrouille, puis appuie sur la notification. S'il s'agit vraiment d'un nude, il est hors de question qu'il le voit. Il ne manquerait plus que ça, tiens. J'appuie sur le message afin d'ouvrir la photo, et constate en effet qu'il s'agit d'une photo de son corps en lingerie, accompagnée d'un petit mot.

"C'est quand même mieux ça qu'une planche à pain, non ?"

— Quelle pute, dis-je les dents serrées.

— J'avais raison ! À moi la meilleure nuit de ma life !

Je repose son téléphone, attrape le mien furieusement, et appelle Alison, qui répond pratiquement dans la foulée. Je n'ai absolument pas réfléchi à ce que j'allais lui dire, mais je n'ai pas besoin de réfléchir.

— Oui ?

— Écoute moi bien pétasse, tu renvoies encore un seul nude à mon copain et tu finis encastrée dans un mur. Puis ton hypocrisie tu te la fous dans le cul. T'es qu'une belle salope doublée d'une faux-cul de compétition. Tu me dégoûtes. J'suis sûre que ton histoire de grossesse c'est aussi bidon que l'intérêt que tu me portais. T'es une putain de michto, c'était cool les soirées avec l'Entourage, le grand Nekfeu et PLK, l'étoile montante du rap ? J'espère que t'en as bien profité, parce que la prochaine fois que j'te vois tourner autour d'un seul de mes amis, tu reverras plus jamais la lumière du soleil. Ah, dernière chose aussi, si tu tenais pas à ce que je me rapproche de Sally, tu aurais pu ne pas me la présenter. T'as aucun respect pour les personnes que tu côtoies, t'es une grosse pute. Crèves en enfer, m'adresse plus jamais la parole.

Je raccroche après avoir dit tout ce que j'avais à dire, et pose rageusement mon téléphone sur le lit.

— J'vais la tabasser, grondé-je.

— Calme-toi, tigresse. Ça servira à rien, elle se retournera contre toi.

— Je peux pas me calmer, Mathieu. C'est impossible.

— Si, c'est possible.

Sa bouche vient se poser contre mon épaule, puis rejoint mon cou, ses mains passant sous mon t-shirt. Je comprends donc où il veut en venir, et accepte volontiers.