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Alors que je vais dans la station de métro la plus proche, j'appelle Max en premier. On parle rapidement, il me dit qu'il voulait prendre des nouvelles et me dit qu'il va aller quelques temps dans le Sud, sa famille lui manquant.

J'appelle par la suite Iris, qui comme Adèle se faisait du souci après que Mathieu les ai appelé pour leur dire que je ne répondais pas et que je lui avais dit que j'étais partie voir ma mère. Je la rassure en lui disant que tout va bien, que tout s'est bien passé avec elle, et lui promets de la voir bientôt.

Ken m'a, à priori, appelé par inadvertance, en jouant avec Aléona.

Moh, lui, c'était pour me proposer une journée shopping "avec le plus beau des rebeus". J'ai ri et accepté, ça sera l'occasion de passer du temps avec lui, lui qui se plaint qu'on ne se voit pas assez.

Quant à Mathieu, je ne le rappelle pas. On parlera ce soir. Manquerait plus que je le rappelle après l'accueil qu'il m'a réservé quand je l'ai appelé tout à l'heure.

Je rentre donc chez moi, pose mes affaires sur le meuble de l'entrée, et pars me faire couler un bain. À ce tarif-là, la facture risque d'être salée, mais bon. Une fois que l'eau est bien chaude, un peu trop même, je me déshabille et plonge directement dans la baignoire. La chaleur de l'eau me détend les muscles, et je soupire d'aise.

Et, pour une fois depuis un long moment, je ne pense à rien. En général, lorsque je prends un bain, une douche, ou que je ne fais rien de productif, mon cerveau se met à réfléchir à tout un tas de choses pas forcément agréables. Mais là, non. Et tant mieux d'ailleurs.

Je ne sais pas trop combien de temps je reste là, le regard fixé au mur en face de moi et dans l'eau, mais c'est le bruit de la porte d'entrée qui me ramène à la réalité.

— Louna ?

— Salle de bains.

J'entends Mathieu fermer la porte et se diriger vers la salle de bains.

— Tu peux pas répondre quand j't'appelle ?

— Tu peux pas me parler un peu mieux quand je t'appelle ?

— Je bossais.

— Et moi j'appréhendais.

Il ne dit rien, mais s'assied contre la porte préalablement refermée.

— J'avoue que j'aurais pas dû faire comme si c'était rien. T'allais revoir ta daronne après deux ou trois piges, forcément t'étais pas ienb.

— Non. mais ç'a été. Elle m'a dit qu'elle serait là pour moi, pour m'aider à élever le bébé, pour le garder quand j'aurais besoin d'un peu de repos.

— Et moi, j'suis où dans l'histoire ?

— Imagines. On a notre enfant, les deux premiers mois tu passes un peu plus de temps avec moi à la maison plutôt qu'au studio. Puis tu y retournes de plus en plus, recommençant à passer tes journées là-bas. Moi, je serais à la maison, l'appartement dans lequel on aura décidé de vivre, en train d'essayer de gérer mes études à distance, notre enfant, le ménage, la cuisine. Tu rentreras le soir, t'auras fumé, comme à chaque fois que tu bosses. On va se prendre la tête parce qu'on sera trop fatigués tous deux à force d'avoir bossé. Tu passeras tes petites nuits à bien dormir, et moi je me lèverai toutes les heures, ou je sais pas, dès que notre enfant se réveillera et pleurera. Tu crois vraiment que j'arriverais à tout gérer ? Oui tu seras là, mais tu as ta carrière à gérer, donc tu seras là sans l'être.

Il soupire. Au fond j'ai raison et il le sait.

— J'ai pas dit que j'allais continuer à aller au stud' tous les jours hein. J'sais c'que ça représente un gosse, c'est beaucoup de temps et de contraintes. Et si j't'ai dit qu'on apprendrait tous les deux sur le tas, c'est pas pour rien. J'te l'ai dit, j'suis amoureux de toi et j'veux qu'on finisse notre vie ensemble. Plus question de séparation ou d'embrouilles à la con, c'est toi, moi et nos gosses jusqu'à la fin.

— Nos ?

— Bah ouais, j'ai pas l'intention de te faire qu'un gosse ! AU moins un deuxième, histoire que le premier se sente pas seule.

Je pouffe.

— T'es con. Non mais plus sérieusement.. Ça va être dur. Très dur. Ça sera plus de dépenses, plus de responsabilités, moins de temps pour nous, moins de sommeil, moins de fumette aussi, dis-je ne le regardant droit dans les yeux.

— Je fumerai pas à l'appart, juste au stud. Et j't'aiderai avec tout ce qu'il y a à faire. Je m'occuperai de notre gosse, j'essaierai de faire la bouffe, ou au pire je commanderai sur Uber Eats. Mais tu seras pas toute seule. Et si ta daronne peut nous aider, ça sera encore mieux.

— Tu crois qu'on va se séparer ?

— T'es conne ou tu le fais exprès ? J'viens de te dire que ça arriverait pas.

— Ma mère, tout à l'heure, m'a expliqué que mon père l'avait largué quand il avait appris sa grossesse. Elle avait vécu avec l'idée qu'elle serait mère célibataire avec l'aide de mes grands-parents, et il est revenu peu avant qu'elle accouche, ave tout l'attirail pour bébé. Et ils sont restés ensembles dix ans de plus avant de se séparer pour de bon.. J'ai pas envie que ça nous arrive. J'ai peur que tu flippes d'être père à vingt ans alors que ta carrière décolle, que t'as encore plein de trucs à vivre, et que ça te freine.

— Ça arrivera pas. J'tiens trop à toi pour faire le con comme ça. Et ouais ma carrière décolle, ouais j'ai pleins de trucs à vivre, mais on les vivra ensemble. Comme une famille.

Je souris tendrement. Je l'aime tellement fort.

— Vas-y fais moi de la place, ou sors de la baignoire.

J'attrape ma serviette que j'avais mise à portée de main, et me lève de la baignoire. Je m'entoure de la serviette, et il se lève.

— J't'aime, Louna. Et j'suis grave content que t'aies décidé de garer notre gosse.

— Je t'aime aussi, Mathieu.

Il sourit et ouvre la porte, puis nous nous dirigeons vers la chambre ou je m'habille rapidement.

IdioteWhere stories live. Discover now