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Après la session d'écoute de sa chanson, on a décidé d'aller nous promener un peu dans le onzième. Pendant un temps, on marche sans parler. On profite de l'agitation parisienne, en souriant de temps à autre lorsque certains klaxonnent, ou s'énervent pour rien.

— Toi aussi t'avais besoin d'moi à priori ?

— Ouais, en fait..

Au moment où je vais pour lui expliquer, mon téléphone sonne, me signalant un appel de Mathieu. Je ne réponds pas, range à nouveau mon téléphone, et continue de marcher.

— Tu réponds pas ?

— Non, il sait que je passe la journée avec toi.

— Il s'inquiète peut-être.

— Il a aucune raison de s'inquiéter, c'est pas comme si j'étais avec Jeremy.

— C'est qui lui ?

Je lui explique rapidement l'histoire, lorsque mon téléphone sonne à nouveau. Je décide de répondre, voyant que c'est encore Mathieu.

— Oui Mathieu ?

— Pourquoi t'as pas répondu ?

— Parce que je parlais avec Ken, et que ç'aurait été malpoli.

— Tu faisais que parler hein ?

— Oui Mathieu. Et quand bien même on faisait autre chose que de parler, où est le problème ?

— Fais pas la folle Louna.

— T'es en train de me faire une crise de jalousie là ?

— Non.

— T'es sérieux Mathieu ? On n'est pas ensemble, t'as aucune raison de me taper une crise de jalousie, encore moins lorsque je suis avec ton pote, qui est majeur.

— On sait jamais, ça se trouve il veut juste te ken.

— Tu me fatigues Mathieu. Toi et moi on est amis, arrêtes de me taper des crises lorsque je traîne avec un gars. Ken est majeur, et je pense pas qu'il fasse dans la pédophilie. Alors t'es gentil, tu me laisses profiter de ma journée. Merci.

Je raccroche en soufflant.

— Attends, laisse moi deviner, il croit que j'veux te ken ?

— Je sais pas pourquoi tu mets ton prénom eng usie de verbe, mais si ça veut dire coucher avec moi, alors oui.

Il éclate de rire, et je hausse un sourcil.

— Il est ouf lui ! J'fais ap dans les mineures, même si t'es mignonne j'tiens à pas finir au placard. Va falloir que je lui parle ?

— Non, pas besoin, j'en parlerai avec lui quand je rentrerai chez lui.

— Ah ouais, d'ailleurs pourquoi t'es chez lui en c'moment ?

— Ma mère est en voyage d'affaires à Londres, et j'avais le choix entre aller avec elle, retourner chez mon père, ou aller chez Mathieu. Le choix était vite fait.

— Pourquoi t'es pas partie chez ton daron ?

— J'aime pas trop être utilisée comme paillasson. Être rabaissée constamment, c'est usant.

— Ouais j'vois, j'connais ça. Du coup t'es allée chez ton mec.

— C'es pas mon copain, soufflé-je.

Il passe son bras sur mes épaules, et m'entraîne dans un grec.

— Je sais, mais faut qu'on en parle de ça d'ailleurs.

Il passe commande pour nous deux, et insiste pour payer, puisque la dernière fois c'était moi. Nous partons nous installer, et Ken me regarde droit dans les yeux.

— Bon, raconte moi tout avec le polak.

— On dirait ma meilleure amie, dis-je en soupirant.

— Ah ouais ? Invite là s'tu veux.

— J'aimerai bien, mais elle est morte.

Un silence de plomb s'abat, tandis que j'ouvre ma canette précédemment choisie.

— Merde, désolée Louna.

— Pas de soucis, tu pouvais pas savoir. Pour ce qui en est d'avec Mathieu, il n'y a rien. Il est venu vers moi à la rentrée, en même temps il n'a pas trop eu le choix vu que le prof l'a collé à côté de moi. Dans tous les cours il s'est mis à mes côtés. Il a pris ma défense devant un prof qui faisait mine de ne pas voir que les élèves parlaient sur mon dos et me toisaient sans raison, il m'a pris sous son aile et m'a intégré à son groupe d'amis. Il me fait un peu aimer les cours, et me fait rester avec des gens alors que je suis une fille très solitaire depuis la mort de Flavie. Il a voulu aller fracasser Jeremy aussi, alors que mon beau-frère s'en était déjà occupé. C'est mon meilleur ami quoi. Ah, et il m'a dit qu'il pouvait essayer de diminuer sa conso de stups, et essayer d'arrêter de vendre même si ça allait être dur.

Ken manque de s'étouffer avec sa boisson.

— Tu peux répéter la fin s'teuplait ?

— Il m'a dit qu'il pouvait essayer de diminuer sa conso de stups, et essayer d'arrêter de vendre même si ça allait être dur.

— Et tu disais qu'il allait pas changer pour une go ?

— Eh, je lui ai pas dit de changer pour rester dans ma vie hein ! C'st lui même qui l'a décidé.

On se tait le temps qu'on dépose nos plateaux sur la table, et lorsque le chef s'éloigne, on reprend notre conversation.

— Si tu veux mon avis Louna, il t'aime plus que bien.

— Ça m'étonnerait.

— Tu t'y connais, en comportement masculin ?

— Non.. J'ai jamais eu de copain, alors je sais pas trop ce qu'il en est.

— Bah voilà. Crois-moi, il t'aime bien, et j'pense qu'il veut plus que de l'amitié avec toi. Ça se voit à sa façon de poser les yeux sur toi, de te donner des surnoms, de prendre soin de toi. Avec ce que tu m'dis, j'vois pas un polak à fond sur les gos comme avant, mais le fait qu'il ait que toi dans l'viseur prouve qu'il te kif.

— Je sais pas.. Je sais pas non plus si je serais réceptive si jamais il me demande de sortir avec lui, ou s'il tente quelque chose.

— Suis ton coeur meuf. Ma reus a souvent dit ça à ses potes, et elle a eu raison. Alors j'te dis la même chose. Si t'as envie de tenter un truc avec lui, alors fonce. Si t'es réticente, alors le fais pas, c'est tout. Dans tous les cas, s'il tente un truc, que tu veux ap, et qu'il te tej de sa ie-v, dis-toi que même si c'est mon frelon, il va s'en prendre une.

IdioteWhere stories live. Discover now