Idiote

8

Le lundi matin, j'arrive au lycée de bonne humeur, pour une fois. J'ai passé le week-end à Disneyland, et j'ai passé mes soirées au téléphone avec Mathieu. Comme prévu, j'ai enfilé la robe que j'avais vendredi soir, et je ne suis pas à l'aise. J'ai toujours l'habitude de mettre un jean et un t-shirt parfois ample. Mais là, je sors radicalement de ma zone de confort, et toute trace d'aisance a quitté mon organisme.

Comme le vendredi, je me retrouve à poireauter devant le lycée, à attendre Mathieu. Pour une fois, je me décide à utiliser mon téléphone, et envoie des messages à Adam.

À: Adam
Je m'ennuie :(

De: Adam
Il est toujours pas arrivé ?

À: Adam
Non, et ça sonne dans pas très longtemps..

De: Adam
Vas en cours, il comprendra

À: Adam
Je sais pas.. Tu veux pas revenir au lycée avec moi ? :(

De: Adam
Laisse-moi le temps de m'inscrire et d'acheter toutes les fournitures, après je reviendrai au lycée. Mais oublie pas que je suis en Terminale hein

À: Adam
Je sais, mais au moins j'aurais mon frère avec moi hehe. Bon ça sonne, on se voit ce soir :))

Je range mon téléphone dans mon sac après l'avoir mis en mode avion, et Mathieu fait son entrée à ce moment-là.

— Palalaaaaa ma Nana c'est la plus belle !

Je rougis un peu, et il s'approche de moi avant de m'embrasser la joue. Je fais de même, et nous nous décidons à rentrer dans le lycée. Il passe son bras sur mes épaules, ce qui en fait parler certains.

"Il sort avec elle ?"
"Elle perd pas de temps c'te pute, ça fait à peine un mois."
"Il mérite tellement mieux."
"Elle est tellement moche comparé à lui."

Je baisse la tête, me concentrant sur mes pieds qui avancent seuls, tandis que Mathieu relève mon visage avec sa main droite (son bras étant posé sur mes épaules).

— Fais pas attention à eux. Ils savent que ta vie est intéressante contrairement à la leur. La preuve, j'fais parti de ta vie.

Sa remarque m'arrache un petit rire, et nous arrivons devant la salle. Nous entrons et allons nous asseoir au fond de la classe, à nos places attitrées, et nous sortons nos affaires. Il s'agit d'un cours de maths, autrement dit, je ne comprends rien à ce que le prof raconte. Depuis la rentrée, je fais du mieux que je peux, néanmoins j'ai beaucoup de mal à assimiler les notions qui paraissent pourtant simple.

Alors que j'essaie de faire l'exercice qui est affiché au tableau, Mathieu me met un petit coup de coude. Je me tourne vers lui, et il me montre une sarbacane. Rien qu'à son sourire en coin, je comprends directement où il veut en venir, et je secoue la tête en fronçant les sourcils.

— Oh allez, chuchote-t-il.

— Nan, tu vas te faire griller.

— Mais nan t'inquiètes, guette.

Il lance un projectile sur le tableau, et réitère immédiatement en lançant un projectile sur le prof. Il se le prend sur la ceinture, mais ne semble pas s'en rendre compte. Mathieu en lance un troisième, qui atterrit dans les cheveux d'une fille exécrable, et je ricane doucement. Mon acolyte se retient de rire, et le prof annonce que nous allons corriger.

— Pruski, au tableau.

Sachant pertinemment qu'il n'avait pas fait son exercice, préférant lancer des boulettes de papier, je lui donne mon cahier discrètement, et il me remercie en me faisant un clin d'oeil. Même si je n'ai rien compris, à priori j'avais juste. Et en effet, j'ai trouvé le bon résultat. Le polak revient s'asseoir à côté de moi, et la sonnerie retentit.

**

Le midi, sachant que nous avons trois heures de pause, nous décidons d'aller manger dehors avec sa bande d'amis. Jeremy se joint à nous, et j'ai proposé à Adam de venir avec nous, chose qu'il a accepté. C'est pourquoi nous nous retrouvons à huit au McDo se trouvant pas très loin du lycée, à nous chamailler pour savoir qui va s'asseoir contre les fenêtres.

— J'estime que j'ai le droit de m'y installer, expliqué-je.

— En quel honneur ? demande Elyo.

— Je suis la seule fille de la bande, et il faut du courage pour supporter tes conneries, contré-je. Donc je m'installe contre la fenêtre, que tu sois content ou pas.

Adam se moque de lui, et nous finissons par tous réussir à nous installer. Je me trouve en face de Mathieu, et à côté de Jeremy. Adam est entre Mathieu et Ormaz, et Assaf est à côté de Jeremy. Elyo et un autre gars que je ne connais toujours pas sont assis en bout de table, sur les petits tabourets.

Assaf, Mathieu, Ormaz, Elyo et l'autre gars parlent de rap, tandis que Jeremy et Adam parlent de je ne sais quoi. Ayant encore une fois sorti mon livre, je ne prête pas plus attention que ça au monde extérieur.

Je ne réagis que lorsque Jeremy pose sa main sur ma cuisse, au niveau de mon genou. J'essaie de décaler sa main, mais il resserre son emprise. J'entreprends alors de lui pincer le haut de la main, mais même ça ne le fait pas enlever sa main. Je sens qu'il remonte sa main, et que ma robe se soulève par la même occasion.

— Ça va Nana ? T'as pas l'air bien.

— Si, ça va.

— T'es sûre ?

Je hoche la tête, toujours cachée derrière mon livre, et essaie de me reconcentrer sur ma lecture, mais c'est chose impossible. Je ferme alors mon livre, et récupère mon téléphone qui se trouvait dans mon sac. J'en profite pour mettre ce dernier entre Jeremy et moi pour qu'il enlève enfin sa main de ma cuisse. Il finit par le faire en lâchant un soupir d'agacement, et je vadrouille un peu sur mon téléphone. Le wifi étant gratuit au McDo, j'en profite pour installer Instagram et Snapchat, chose que je n'avais pas encore jusqu'à présent.

Je constate, alors que j'allais créer un compte Instagram, qui Mathieu vient de m'envoyer un message, et que Jeremy a remis sa main sur ma cuisse. Un haut-le-coeur me prend et je demande aux garçons de se pousser afin que je puisse aller aux toilettes. Une fois dans ces dernières, je recrache tout ce que j'ai pu manger jusqu'à maintenant, dégoûtée d'avoir eu à supporter deux fois sa main sur ma peau.

Pour un garçon qui se dit respectueux et amical, son geste n'avait rien d'amical, et ça me répugne. Je n'ai jamais vécu ça, et qu'il ne dise pas que c'était une erreur parce que ça n'en était pas une. Il l'a clairement fait exprès, et n'a pas déplacé sa main lorsque j'ai voulu qu'il le fasse.

Une fois que j'ai repris contenance, je m'essuie la bouche et tire la chasse, et me rince la bouche au lavabo. Je prends le temps de répondre au message de Mathieu, et en envoie un dans la foulée à Adam.

De: Mathieu
Dis-moi c'ki va pas, j'vois bien que ya un truc qui va pas

À: Mathieu
J'ai dû attraper froid ou choper une maladie qui traîne dans l'air, rien de grave mais je préfère rentrer chez moi. On se voit demain ? :)

À: Adam
On peut rentrer s'il te plaît ? Ça va pas..

Adam me répond positivement, et me rejoint dehors. Une fois seule avec Adam, je laisse quelques larmes couler. Il me prend dans ses bras sans rien dire, en attendant que nous rentrions.