[PNL] - Autre Monde

•43•

« Je te croyais vrai mais c'est moi qui étais dans le faux »
————

Lucia

Flashback

La nuit n'allait pas tarder à s'imposer dans les rues de Corbeil, je revenais de ma longue journée de lycée qui me fatiguait un peu plus chaque jour depuis que j'étais en classe de terminale. Pour une fois je rentrais seule puisque mon meilleur ami s'était attrapé une gastro et Siham passait actuellement du temps avec le garçon qu'elle aimait en secret. Elle ne voulait pas me dire qui c'était malgré mes nombreuses questions que je lui avais posé. Je savais simplement que le garçon en question n'était plus au lycée, je n'allais pas beaucoup avancer avec cette piste là. Elle qui avait l'habitude de tout me raconter dans les moindres détails se montrait particulièrement mystérieuse et ça m'énervait plus qu'autre chose, déjà qu'elle avait séché la moitié de ses cours de la veille pour son donjuan masqué. Elle était moins concentré dans son travail depuis qu'elle le fréquentait, même notre prof principal lui avait fait la remarque.

Ça faisait pas mal de temps que je cogitais et que je me faisais des films dans ma tête. J'avais fait l'erreur de tomber sur Siham un vendredi soir, je la revoyais encore vêtu d'un ensemble sportif sortir de la voiture de celui qui avait fait du mal à mon meilleur ami. Qu'est-ce qu'elle faisait avec lui, dans sa voiture à dix-huit heures, je n'en savais rien. Ce que je sais c'est qu'elle n'avait pas à y être, elle était la première à le blâmer et voilà qu'elle faisait du co-voiturage avec lui. Ma mauvaise conscience ne pouvait pas s'empêcher de me dire que ce pouvait être lui le fameux garçon d'en ce moment, pour en être sûr il fallait que j'en ai le cœur net, commençant par surveiller la maghrébine qui me servait de meilleur amie.

Un peu de Kery James à mes oreilles, la voix pesante du guadeloupéen sur le titre « Banlieusard » m'accompagnait vers l'entrée des immeubles de ma cité. Un lampadaire sur deux éclairait la ville, faisant râler certains dealeurs qui ne voyaient pas grand chose. J'apercevais au loin la tour de la famille Andrieu, remplie de garçons fumant dans le hall de leur bâtiment. En dépassant cet immeuble je tombais sur un couple d'adolescents qui s'embrassait à pleine bouche me donnant l'impression d'être la seule fille de mon âge à toujours être célibataire. Je ne les regardais pas plus que ça, préférant me concentrer sur ma route. Je pénétrais dans le préau de mon immeuble puis prenais l'ascenseur qui marchait une fois sur dix tous les mois, je m'arrêtais à mon étage et avançais vers le couloir de mon palier. Je retirais les bretelles de mon sac à dos de mes épaules afin d'ouvrir la petite poche du devant qui contenait mon trousseau de clés que je prenais directement en main avant d'insérer la clé d'appartement dans sa serrure. Je lâchais un soupir de mécontentement en constatant que je ne pouvais pas tourner la clé, ce qui voulait dire qu'une autre clé était inséré dans la serrure, ma sœur ou mon frère devait être à la maison. Je toquais donc deux grands coups contre la porte rayé de mon logement, des pas se faisaient entendre. Ma petite sœur venait m'ouvrir, je ne pu m'empêcher de rire en voyant ses cheveux habituellement raides en une crinière de lion.