[PNL] - Autre Monde

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« Je m'en vais piquer ton cœur et tu sais que je suis trop précis. »

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Cité des Tarterêts, Corbeil-Essonne - 12h14

Mes prunelles détaillaient avec attention les différentes photos de famille que me montrait ma mère, un sourire bien plus que nostalgique s'installait sur ses lèvres ainsi qu'une légère lueur de tristesse que je pouvais lire dans ses yeux. Un sourire plus que niais se dessinait sur mon visage lorsque je revus une vieille image de mon frère jumeau, de ma petite sœur et de moi-même collé l'un à l'autre en train de faire une petite sieste dans le hamac appartenant à notre grand-père maternel. Je retenais encore quelques vagues souvenirs de cette journée où j'avais passé mon après-midi à jouer à chat avec mes cousins et mes cousines, et où nous avions tous fini par nous endormir au salon, exténué par l'effort physique que nous avions effectué. À l'époque je devais avoir aux alentours de six ans et comparé aux autres enfants de mon âge je ne me sentais pas aussi épanouie qu'eux. Le peu d'amour que me renvoyait mon père ainsi qu'à ma sœur et mon frère me pesait beaucoup, pendant longtemps j'avais eut énormément de mal à me faire à l'idée de la relation désastreuse que j'entretenais avec lui mais en grandissant j'avais réussi à m'y faire. Je n'oubliais pas non plus les longues années d'ignorance qu'avait décidé d'adopter celle qui m'avait mise au monde, car j'avais beau blâmer mon père sur tout ce qu'il m'avait fait subir, je savais pertinemment que ma mère n'était pas innocente puisqu'elle avait été spectatrice de mes malheurs sans ne jamais avoir dit un mot. Et je lui en voulais terriblement pour ça. Malgré cela j'avais toujours fait comme si de rien n'était devant elle, étant adolescente je gardais majoritairement tout pour moi et ce long silence avait désormais des répercussions sur la personne que j'étais devenue aujourd'hui. Séjourner dans un hôtel toute seule sur la capitale me permettait de beaucoup réfléchir et notamment de rebondir sur certaines histoires de mon passé dont celle-ci. Certaines blessures de la vie ne se réparaient jamais et celle-ci en faisant principalement partie, jamais je n'allais pardonner les actes de ma mère, elle était impardonnable. J'avais déjà cramé qu'elle essayait de se faire pardonner depuis que j'avais décidé de mettre des distances entre nous, suite aux différents flashback dont je m'étais souvenu. Tout ça m'avait refroidi et chaque fois que je la revoyais j'avais l'impression de ressentir cette même sensation de trahison d'il y a des lustres. Comme tout le monde j'adorais ma mère mais je ressentais comme un blocage envers elle.

— Il faut que j'y aille. Déclarais-je en fixant l'heure de ma montre.

— Déjà ? Tu veux pas rester pour le déjeuner ?

— Nan. Refusais-je gentiment. Et puis j'ai une amie qui m'attend en bas.

Le ton que je venais d'employer n'était pas forcément confiant mais ce que je venais d'avouer n'était pas totalement faux puisque l'albanaise m'attendait réellement sur le parking de mon immeuble.