CHAPITRE 6 suite et fin

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J'ai tenté de le réveiller à plusieurs reprises avant d'aller travailler ce matin, mais rien n'y faisait. Il était bien trop plongé dans son sommeil pour ouvrir ce n'est ce qu'un petit œil.

Je n'ai cessé de reporter ce moment, mais il va m'entendre, qu'il le veuille ou non ! A cause de lui, je me suis ridiculisée, je me suis sentie démunie, j'ai perdu toutes mes forces et bonnes volontés, je me suis donnée corps et âme sans que j'y comprenne rien, à ce maudit, charmant et ténébreux monsieur, qui je ne sais pas par quel miracle s'est encore invité sans que je lui demande dans mon lit la nuit dernière. Pourquoi ces choses là ne se produisent qu'avec moi ?

Et comme ça ne suffisait pas à mon malheur, je n'ai pas arrêté pendant toute ma journée de travail d'être harcelée par des hommes, se croyant vraiment tout permis. A croire qu'ils s'étaient tous donnés le mot. C'est seulement, il y a quelques minutes de ça, avant la fin de mon service, que j'ai compris pourquoi j'ai eu droit à des moqueries malsaines et gratuites de tous ces gars. Ils m'ont vu en une du journal quotidien.

Une de mes collègues de travail m'a gentiment montré la photographie de tous mes déboires. Comment les gens peuvent-il me prendre au sérieux maintenant ? Sur cette image, je parais être une autre femme. Une femme de la nuit ! Ce que je ne suis pas ! Alors pas du tout !

Me voici encore plus perdue que je ne l'étais déjà ! Comment redevenir la femme que j'étais, avant cette maudite soirée qui a chamboulée ma vie ? Je veux retrouver cette fille que j'étais, sans aucun problème de conscience. Mais ce n'est pas si simple. Je me sens moche, pas digne d'être aimée de Dieu.

D'ailleurs, j'aurais du aller me confesser ce matin avant de venir travailler, mais après tout ce qui m'est survenu, je n'ai pas eu le courage. J'ai si honte de moi ! Que vont penser les paroissiens ? Mon accoutrement de la nuit dernière n'est pas digne d'une jeune chrétienne qui communie chaque dimanche. Je ne suis pas digne de recevoir l'Eucharistie. Comment me rendre encore à l'église après tout cela ? Ils vont me renier, c'est sûr !

Je dois absolument parler de tout ça avec quelqu'un. Et je ne vois qu'une seule personne, Vasco. J'ai besoin d'extérioriser tous ces sentiments contraires à ma religion, qui envahissent mon esprit depuis hier soir, et je ne peux malheureusement pas le faire avec le prêtre de ma paroisse. Je n'ai que mon colocataire pour cela. Mais avant il va tout de même devoir se justifier de m'avoir abandonné comme une vieille chaussette dans cette arène de fauves, de mâles.

Mon affreuse journée de labeur étant enfin terminée, je me suis dépêchée de rentrer. Plus les jours défilent et plus j'ai du mal à supporter ma vie telle qu'elle est. Mon père n'aurait pas voulu ça pour moi. Ces derniers mots à mon égard ont été : « Réalise tes rêves et suis ton cœur quoi qu'il advienne ! ». Mes rêves, ces derniers temps sont mis aux oubliettes. Je n'ai pas une minutes pour me consacrer à mes désirs enfouis. Quant à mon cœur, je crois qu'il m'a tout bonnement abandonné depuis des lustres, voire il me fait faire que des âneries, comme suivre le premier bel inconnu, où me rendre à une soirée où je n'avais pas ma place.

Je grimpe les escaliers deux à deux, je veux encore surprendre Vasco. Il doit être encore à la maison, si mes calculs sont bons. Il ne travaille pas le samedi. Et après avoir décuvé de la veille, il part généralement sur les coups de dix-sept heures courir les bars de Lisbonne avec ses acolytes de la télénovela, avant d'aller dîner dans un restaurant chic et faire la bringue jusqu'au petit matin, pour finalement entrer épuisé et complètement saoul au bras d'une belle demoiselle en détresse. C'est comme ça qu'il appelle les filles d'un soir. Mais à mon arrivée dans l'appartement, il me semble vide. J'ai même le sensation qu'il est désert, que personne ne vit ici à part moi. Tout est bien rangé. Rien n'a changé de place. Ma tasse de chocolat chaud que je n'ai pas eu le temps de terminer ce matin est toujours là où je l'avais posé. Dépitée, je me laisse tomber au sol, et la seconde d'après, sans comprendre ce qui m'arrive je fonds en larmes, ma tête entre mes genoux.

L'initiation à l'amour : DÉSIR OU AMOUR ? TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant