CHAPITRE 20

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Ce matin, j'étais comme à mon habitude encore en retard, même très à la bourre. Je n'ai pas entendu mon réveil hurler pendant près d'une heure, et comme si cela ne suffisait pas, il m'a fallu presque le même temps pour émerger de mon lit. Je n'ai pas eu le temps de prendre ce n'est-ce qu'un petit café, qui m'aurait à coup sûr fait beaucoup de bien, vu la gueule de bois que j'ai. Je n'ai pas bu, du moins, je n'en ai pas le souvenir, et pourtant ma tête me fait un mal de chien.

A mon réveil, il n'était plus là, aucune trace de lui, ni même de son odeur. Pourtant je l'ai cherché dans tout mon lit, en reniflant chaque parcelle de tissu, mais seule une grosse odeur de transpiration me montait au nez. Epouvantable !

Je me suis demandée si je n'avais pas tout rêvé en prenant ma douche. Mon corps était certes fatigué, mais nullement endolori, ce n'est-ce qu'un mal de crâne épouvantable. Je ne me sentais pas différente, j'étais la même Paloma d'il y a vingt-quatre heures, un peu paumée, qui cherche comment faire craquer l'homme qu'elle aime. Mais à part ça, rien n'avait changé. Si ! Je mens ! Il me manque plus qu'avant. Je me sens vide sans lui. C'est comme s'il avait emmené avec lui une partie de moi, que je récupérerais certainement quand je le reverrais. Si je le revois...

Pourquoi n'a-t-il pas jugé bon de rester dormir à la maison ? Vasco étant absent, j'aurais cru naïvement qu'il resterait. Il aurait du me prévenir s'il comptait partir. Mais non ! Je ne sais décidemment pas sur quel pied danser avec lui.

Et plus, j'y pense, et plus, j'ai peur qu'il ne revienne plus. Il a eu ce qu'il voulait après tout. Je savais que ça pouvait arriver. Et si mes inquiétudes étaient réelles ? Et si tout ça n'était en réalité qu'un songe, et qu'il venait de prendre fin en me réveillant ce matin ?

Je l'aime ! C'est plus qu'évident ! Mais lui, qu'en est-il vraiment de ses sentiments à mon égard ? Si je n'étais qu'un jeu, il a gagné ! Si je n'étais qu'un désir inaccessible, il a également gagné ! S'il ne voulait que s'envoyer en l'air avec une fervente catholique et vierge pardessus le marché, il m'a eu ! S'il n'a pas la moindre petite affection pour moi, j'ai perdu. Je l'ai perdu !

J'ai passé toute la matinée à regarder mon téléphone en espérant qu'il sonne, mais rien. Pas un appel ! Pas un message ! Puis, il a fallu que je me mette au travail. Notre chef nous a passé une telle remontrance en début de matinée, que j'en ai encore la chair de poule, tant il m'a fait flipper.

Mes collègues de travail ont, eux aussi, eu droit aux reproches, mais ça n'a pas eu l'air de les déranger plus que ça. Ils ont continué à me charrier. Dès mon arrivée au boulot, j'ai été l'assaut de critiques vestimentaires. Je ne m'étais pas rendu compte que j'avais enfilé ma veste à l'envers dans la précipitation et que mes baskets n'étaient pas de la même couleur. Pour eux, ma nuit a été courte. Et ils avaient entièrement raison, même si je ne me souviens pas vraiment de l'heure qu'il était lorsque j'ai fermé les yeux. A croire, que je n'étais pas dans mon état normal la nuit dernière. Et ce matin non plus.

Tellement, j'étais embrouillée en ce début de journée, que j'ai oublié de sortir Bulle. D'ailleurs, il ne me semble pas l'avoir vu. Impossible ! Car c'est le genre à traîner dans mes pattes dès que je me lève. J'ai sûrement fait abstraction qu'il était là, trop absorbé par ma mémoire qui me faisait défaut. Ce soir, il y aura certainement de belles surprises sur le sol de mon salon, je n'ai pas pu prendre ce n'est ce que dix petites minutes pour déjeuner, ce midi. Mais bon, je ne pourrais que m'en prendre à moi.

Mon après-midi ne se passe pas comme je l'avais espéré, non plus. Tout se ligue contre moi. Je ne sais pas quelle mouche à piquer monsieur Batista, il semble avoir une dent contre moi. Toutes mes propositions sont rejetées les unes derrière les autres. Je finis par me demander si j'ai ma place dans cet univers. Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir présenté des idées originales pour l'annonce du mariage du frère de monsieur De Barosa. Mais quoi que je lui expose, rien ne lui convient, soit c'est trop excentrique, soit complètement hors sujet, soit totalement désuet. J'ai ma tête prête à exploser, quand je lui dévoile ma dernière inspiration.

— Alors qu'en pensez vous ? je lui demande inquiète par son silence, je ne voudrais pas passer la nuit à mon bureau.

S'il a précisé en fin de matinée que personne ne quitterait l'agence sans lui avoir fourni de quoi montrer au prestigieux directeur de quoi le satisfaire, ma collègue a pu sans soucis quitter les lieux sans trop devoir insister. Et mon autre collègue aussi est sur le point de partir, alors que j'attends que Batista se décide enfin à prononcer un mot.

Il n'a pas intérêt à dénigrer mon travail. Il peut ne pas l'aimer, mais en aucun cas, dire que c'est de la merde, comme il l'a fait précédemment. J'ai tout donné dans cette dernière présentation, pour moi, elle représente MDB dans toute sa splendeur. Je peux en faire trop, mais j'y crois. Elle est simple par les mots, mais interactive dans son exécution et originale par les images que j'ai moi-même créées. Je ne pourrais pas faire mieux, j'y ai mis tout mon cœur.

— Si c'était votre mariage Paloma, vous aurez aimé l'annoncer au monde entier sous cette forme ? critique t-il à nouveau mon labeur.

Mais je ne me démonte pas, pas cette fois-ci. Je crois en ce projet. Il peut plaire aux principaux intéressés.

— Oui monsieur ! Je trouve que cette annonce réunit tous les critères. Je pense que le frère de monsieur De Barosa et sa future femme peuvent l'adorer.

— Bien ! J'espère que vous avez vu juste et que vendredi vous aurez les félicitations du grand chef ! me déclare t-il pas très convaincu par mon ébauche.

— J'en suis persuadée ! Je vais peaufinée ma présentation et ils seront conquis !

— On parle de Mathias De Barosa, pas d'un petit entrepreneur ! insiste t-il à me gâcher la journée.

— Et qu'à t-il de plus, à part son énorme portefeuille, que vous et moi ?

C'est aberrant ! Ce n'est pas la taille de son compte en banque qui fait une personne, si ? J'aime à croire que cet homme dont tout le monde semble avoir peur, et encore plus, depuis hier soir, où il a déversé son venin sur le petit groupe qui restait, soit plutôt du genre autoritaire mais juste, et non un malotru, un rustre sans cœur.

— Un monde qui le vénère !

— Hormis, ceux qui le détestent !

— Croyez moi, ce que Mathias veut, Mathias la !

Ça, c'est car il a de l'argent. Mais qu'en est-il de l'homme ? Qui est véritablement Mathias De Barosa ?

— Et s'il n'aime pas votre idée, vous risquez...

— ... de perdre mon travail ? je termine sa phrase.

Car il me l'a assez répété aujourd'hui.

— Vous semblez prendre tout ça à la légère Paloma, mais à l'inverse de vous, moi, j'ai peur pour ma place.

Alors c'est ça son problème. Il craint pour son derrière. Notre supérieur a du lui faire comprendre que son avenir dans ses lieux était lié aux projets que nous devons lui présenter à la fin de la semaine. Ça explique tout ! Surtout son comportement désagréable envers moi.

— Allez ! Allez vous en ! A demain ! me laisse t-il enfin prendre congé.

Et trop ravie de pouvoir rentrée, je le salue en lui faisant un grand sourire. Cette journée a failli me faire perdre mon boulot. Mais finalement tout se termine bien. Du moins, j'espère que mon annonce plaira à mon big boss. 




Publié le mercredi 23 septembre 2020

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Et voilà, j'espère que ce chapitre vous a plu ? 

Et non, Mathias n'est pas resté dormir... LOL Il est loin d'être parfait, ou bien a-t-il eu une urgence, qu'en pensez vous ? 

Les 50 000 lectures atteintes il ne manque plus que 200 petites étoiles, alors n'hésitez pas à voter. La fin du mois approche à grand pas. Plus qu'une petite semaine. 

Bon mercredi ! A bientôt ! 

L'initiation à l'amour : DÉSIR OU AMOUR ? TOME 1Where stories live. Discover now