L'initiation à l'amour : DÉSIR OU AMOUR ? TOME 1

CHAPITRE 25

Pourquoi j'ai soudainement envie qu'elle reste ? C'est absurde ! Il faut qu'elle s'éloigne de moi. Je ne veux pas qu'elle revive ce qu'elle a déjà vécu avec son père. Je ne veux pas qu'elle se sente démunie face à ma maladie et surtout qu'elle soit à mon chevet si la fatalité doit m'emporter. Et si je dois survivre, alors, un long chemin de convalescence m'attend, et je refuse qu'elle gâche encore des mois de sa vie en prenant soin de moi, comme elle l'a fait pour être auprès de son papa. Elle mériterait qu'on prenne soin d'elle et non le contraire. Elle a déjà tant donné aux autres, il faut à présent qu'elle pense à elle. Et je suis le seul à pouvoir prendre cette décision pour elle. Elle dit ne plus m'aimer, mais je suis persuadé que ce ne sont que des sottises. Tout en elle indique le contraire. Elle est incapable de me haïr ! A l'inverse de moi... Mais c'est déjà qu'un lointain souvenir.

Il ne faut absolument pas qu'elle sache que j'ai cessé de la détester, au moment même, où je l'ai découverte derrière ma porte d'entrée, prête à se défendre bec et ongles. Comment rester éternellement fâché contre une si charmante et délicieuse demoiselle ? Elle respire la bonté, la chaleur, la gentillesse, la sensibilité, et bien d'autres qualités encore. Elle a été, pour moi, ma plus belle rencontre. Et je regrette amèrement de devoir la faire souffrir.

Il est certain qu'elle m'a énervé, à toujours vouloir me fuir, à ne pas me faire confiance, à m'irriter avec ses doutes et ses craintes et à me demander de la tendresse, alors qu'elle avait besoin de passion pour être heureuse. Mais elle a aussi ce don de me faire craquer devant son charme indéniable, sa pureté, sa générosité, sa sensualité et ses yeux émeraude pleins d'amour. Elle est unique en son genre, et c'est ce qui m'a toujours plu chez elle. C'est un ange ! Mon ange !

Pendant des semaines, je me suis demandé pourquoi Dieu m'avait-il mis cette divine créature à travers mon chemin, alors que je suis sur le point de quitter cette terre. Aujourd'hui, je crois savoir pourquoi. Si je survis, ça sera grâce à elle. Je suis certain désormais qu'elle m'est apparue pour me donner la force de combattre ce satané mal qui me ronge depuis toujours. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai le sentiment qu'elle et moi, on a une longue route à faire ensemble.

Mais pour l'instant, cette route je dois la faire seul. Je ne veux pas l'embarquer dans mes problèmes. Je préfère qu'elle se concentre sur sa propre vie, et qu'elle réalise enfin ses rêves de voyages, de peinture et d'amour. Et si notre route se recroise à nouveau dans quelques mois, alors je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour la récupérer et lui offrir tout ce dont elle a besoin sans même qu'elle ne le sache.

— Qu'est-ce que vous attendez pour introduire votre carte dans ce terminal ? me réprimande t-elle, alors que je la fixe de l'encadrement de ma porte d'entrée.

Ce qui la rend encore plus séduisante à mes yeux. Malgré son accoutrement, elle reste une femme très belle. Son visage angélique suffit à la rendre attrayante. Et quand elle s'irrite, elle a ce petit rictus nerveux au niveau de ses lèvres, impossible de la prendre au sérieux. Elle est vraiment incroyable !

— Faut-il encore, que tu me le demandes gentiment ?

Je ne vais pas le nier, je ne suis pas encore prêt à qu'elle disparaisse de ma vie, pas tout de suite, du moins, pourtant il va bien falloir la laisser partir, avant que je perde tous mes moyens, ce qui n'est pas très loin de se produire. Vis-à-vis d'elle, je ne suis pas le Mathias intraitable, sans faille, non, mais plutôt le Matt sensible, prévenant et incontestablement très épris. Je pense avant tout à son bien-être qu'au mien.

Sa présence à mes côtés durant cette adversité aurait été un atout majeur dans ma guérison, il n'en fait aucun doute. Elle, seule, me donne l'envie de vivre, de me battre, de repousser l'inévitable. Mais je ne peux malheureusement pas lui infliger encore une telle épreuve. Si je ne survis pas, elle se sentira responsable de ne pas avoir essayé de me dissuader de ne pas me faire opérer. Et elle s'effondra à mon enterrement comme elle a failli le faire devant le cercueil de son père. Alors qu'en la quittant de la sorte, elle souffre, c'est certain, mais la tristesse n'est pas maître de son état, c'est plutôt la confusion et la colère qui vont régir sa vie dans les prochains jours. Avant de se relever, et de poursuivre son existence comme si de rien n'était.