Chapitre LXX - Son Pansement

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Bonnie

— Tu ne sais pas quoi ?! criée-je subitement.

La rage est en moi, elle prend le contrôle sur tout mon corps. Je ne maîtrise plus mes gestes quand je tire sur le col de son tee-shirt pour le pousser. Ryan me laisse faire, il me regarde, les yeux écarquillés. Je déteste son manque d'assurance, je déteste que la vérité soit si dure au point que même lui ne trouve rien à dire. Il va me laisser comme une merde comme ça sans explications comme s'il n'avait rien commis de grave ?!! Il ne veut pas se battre ! Je le déteste ! Et je le déteste encore plus d'être si évasif. Peut-être aurais-je voulu qu'il se défende lui-même...

— Tu ne sais pas quoi, Ryan !? Bordel ! Qui tu aimes ! Qui tu as envie de baiser !?

Ma voix déformée par mes pleurs ne sait plus ce qu'elle dit, commandée par un coeur brisé, enragée et meurtrie d'un cerveau complètement embrouillé. Sa bouche entrouverte se déforme et je vois enfin une émotion autre que de la culpabilité ou de la honte. Je veux le provoquer, je veux le pousser à se battre, à me montrer qu'il ne baisse pas les bras. Je ne sais pas ce que je cherche, mais tout sauf son silence. Alors oui, je préférais qu'il nie, qu'il se défende plutôt que de me laisser me défouler sur lui sans qu'il ne fasse rien. Ce n'est pas le Ryan que j'aime, mais celui-là ne m'aurait jamais trompé.

— Toi-Toi, Bonnie, seulement toi...

Sa voix est plus basse que la mienne et elle n'a pas la tonalité d'être sûr d'elle. Son expression se fait triste et j'éclate à nouveau. Je ne suis que sanglots, trahi, douloureuse, désespérée, furax, énervée...

— Non... Non.

Il écarquille doucement les yeux face à ces deux mots. Mon coeur vient de se briser à nouveau. Il n'a pas l'air confiant et je remarque alors que je me suis gourée. Ryan ne m'aime pas, pas comme je l'aime. Il tient à moi comme le scotch tient le pansement qui menace de se défaire. Je ne suis qu'un putain de pansement. Moi qui pensais me placer au dessus d'Hannah pour Ryan, me voilà la courge d'Halloween qui n'a plus d'importance le lendemain. Ryan a besoin de moi juste parce que sa cicatrice n'a pas totalement fini d'être réparée. Et je repense à cette scène à l'entrepôt de l'association quand il m'a vouvoyé devant elle. Puisque Hannah était là, moi je n'avais plus d'importance, mais il s'est rendu ensuite chez moi parce qu'il avait pitié de moi. C'est une évidence maintenant ! Je comprends tout et ça fait encore plus mal... Voilà toute l'explication, voilà pourquoi il ne se défend pas et me laisser lui hurler dessus. Tout prend sens. Jenny avait la bonne intuition.

— "Non" ? Quoi "non" ? me demande-t-il d'un ton mal assuré et craintif.

Je le lâche, les lèvres tremblantes. Je veux rentrer chez moi et ne plus jamais le revoir, retrouver ma petite vie calme sans lui. Il m'a utilisée et il m'a bousillée. Je dois l'oublier, mais je l'aime. J'ai juste envie de pleurer sous mes couvertures avec Chems. À cause de lui, mes amies vont être déçues de moi. À cause de lui, je suis tombée amoureuse.

— Rien.

Je ne veux plus rien lui dire, il ne mérite plus rien. Plus rien du tout. Je lui lance un dernier regard dur et me détourne de lui pour le laisser comme un con, en bas de son immeuble, ses cicatrices ouvertes sans son putain de pansement. Je me suis faite avoir.

En m'éloignant, je retiens mes plus grosses larmes de toutes mes forces. Des sanglots lourds et fatiguants de tristesse. Ceux d'avant n'étaient que de la rage et de la surprise. Mais il en décide autrement, celui que j'aime me suit, j'entends ses pas soudain rapides et mon coeur, le peu qu'il me reste de mon organe vitale, se met à taper plus fort. De sa voix dans mon dos, il me lâche :

La Maladresse de T'aimer [Is it Love ? Ryan] Where stories live. Discover now