Chapitre 69

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Une fois de retour chez Juliette, je m'affalai négligemment sur le canapé. J'étais exténuée. Une forte envie de dormir m'envahit soudainement.

— Eh bien, je ne pensais jamais te retrouver dans une telle position. Ta belle-mère ne t'a vraiment pas appris les bonnes manières, rit-elle.

— Laisse la donc dans sa grande maison froide. Je crois que je pourrais rester des heures sur ce canapé, soufflai-je.

— Enfin, Lucile, tu es allée voir la mère d'Antoine, tu n'as pas couru un marathon.

— Crois-moi, sa mère est exténuante, et courir un marathon m'aurait moins dérangé.

— Mmh si tu le dis, bon alors raconte-moi.

Je lui racontai donc tout depuis le début, tout en essayant de lutter contre les vagues de fatigue qui m'envahissaient. Mon récit ne devait d'ailleurs pas être très bien structuré. Cela n'échappa pas à Juliette qui après quelques minutes, me coupa .

— Monte dans ta chambre, je ne comprends rien de ce que tu me racontes. Va te reposer. Quand tu auras enfin repris tes esprits, tu me raconteras.

Je ne me fis pas prier et filai le plus vite possible dans ma chambre pour retrouver mon lit si moelleux. Une fois installée, je tombai très rapidement dans les bras de Morphée. J'étais tellement fatiguée et tellement sous pression que ma sieste me fit un bien fou. À mon réveil, j'étais comme lavée de tous mes doutes et de toutes mes peurs. Cette sensation était délicieuse. Puis, après m'être mouillé la figure avec de l'eau bien froide pour me donner un coup d'éclat, j'entendis un coup sur ma porte.

Juliette entra, s'assurant préalablement qu'elle ne m'avait pas réveillée.

— Bien, je viens d'aller au bourg et on m'a appris que la fille du boulanger se marie avec le fils du charcutier. On est invitées pour leur mariage. Il aura lieu dans deux semaines. J'ai appris par mon amie Yvette que la fille était tombée enceinte, donc ils accélèrent la date pour éviter le déshonneur. Tu veux y aller ? Me demanda-t-elle

— Oui, un mariage ne peut pas faire de mal.

— Parfait, dis-moi, que comptes-tu mettre pour l'occasion ?

— Oh, je ne sais pas encore, peut-être ma robe bleue avec des fleurs.

— Ah non, tant que tu seras sous mon toit je t'interdis de mettre celle-ci, elle me fait penser à ma grande tante. Tu sais celle qui avait des poils partout sur le visage. Tu n'as rien d'autre ?

— Très gentil ! Non, je n'ai rien d'autre. Je te rappelle que je suis partie de mon village avec trois robes, sans penser aux occasions spéciales, bougonnai-je

— Donc autant dire que tu n'as rien à te mettre. Il est hors de question que je te vois avec une robe que tu mets tous les jours. J'ai encore du tissu dans mon placard. Je vais t'en coudre une. Une robe rouge ça te va ?

— Je crois que je n'ai pas vraiment le choix.

— Tu deviens raisonnable avec le temps, ironisa-t-elle en partant.

Je contournai mon lit, sûre de la voir revenir avec tout son matériel de couture. J'allais passer les deux prochaines heures à jouer le modèle et je savais déjà que rien n'allait la faire changer d'avis. J'étais même persuadée qu'elle avait fait le même cirque à Maryse. Dès qu'il s'agissait de couture ou de robe, Juliette devenait incontournable. Comme promis, Juliette revint avec son rouleau de tissu, sa paire de ciseaux, son mètre et tout un tas d'autres accessoires plus sophistiqués les uns que les autres.

— Bon, pour commencer, je vais prendre tes mesures. Peux-tu enlever ta robe, je voudrais qu'elle soit la plus ajustée possible.

— Pourquoi ne pas suivre le patron d'une de mes robes, ce serait plus simple, proposai-je.

— Ne le prends pas mal ma chérie, mais toutes tes robes sont bien trop distendues. Je paris qu'en tirant un peu, on pourrait mettre Maryse dedans.

— Toujours aussi aimable à ce que je vois, d'autres remarques peut-être ? plaisantai-je

— Je ne t'envoie que l'appareil. À chaque fois, tu critiques mes soupes ou mes gâteaux, il faut bien que je me venge.

Entre nous, c'était toujours comme ça. Nous étions comme chien et chat. Nous passions notre temps à nous envoyer des piques. Mais tout ça cachait un grand amour. Je l'adorais.

— Bon qu'est-ce que tu attends ? Je ne vais pas attendre trois heures pour que tu enlèves ta robe, râla-t-elle.

Je m'exécutai sans me faire prier. Je déboutai mon vêtement et l'enlevai, de façon a rester en sous vêtements.

Me retrouver dans une telle position ne me gênait pas, en tout cas, pas devant Juliette. Je savais qu'elle n'allait pas me juger.

Elle commença à prendre mes mesures, enlaçant ma poitrine, mes hanches et ma taille avec son mètre.

Je voyais ses petites ridules de concentration pointer le bout de leur nez sur son visage. Elle tirait même la langue par moment. Aussitôt après avoir mesuré une partie, elle se jeta sur son petit cahier pour noter. Au moins, on ne pouvait pas dire qu'elle n'était pas organisée.

— Tu vas pouvoir te retourner, je vais regarder ton dos pour voir si on peut s'amuser avec quelques pinces sur la robe.

Je m'exécutai sous son ordre sans réfléchir jusqu'au moment où je rendis compte de ma bêtise. Je tentais donc de reprendre ma position initiale lorsque je vis le regard effaré de Juliette.

SUITE ALLEMANDEWhere stories live. Discover now