Chapitre 9

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Nous ne devions en aucun cas reproduire les méthodes allemandes. Je me souviens du soir où j'étais venue demander un laisser-passer et que j'avais croisé Madeleine sur le chemin, le visage tuméfié. Comment pouvons nous battre un individu de la sorte?

Mais pour arriver à soutirer des informations, il est vrai qu'il ne suffit pas simplement de demander. Alors, nous usions de notre imagination. Essentiellement, nous leur faisons peur. La peur, chez l'homme est une conséquence de l'analyse du danger et permet au sujet de le fuir ou de le combattre.

Cependant dans le cas des jeunes soldats, fuir ou combattre ne sont pas dans leur instinct puisqu'au lieu de cela, ils parlent.

Cette fois, je partais avec les hommes. Je ne voulais pas me restreindre à établir des plans, je voulais aller sur le terrain. Je sais cela peut paraitre suicidaire. Une femme venant de la bourgeoisie qui avait quitté tout le confort venu avec et qui partait défier la mort. Mais rien me retenait, mon père était décédé, ma belle-mère me détestait surement, Gaston avait eu une maitresse avant notre mariage et un enfant, il n'aurait aucun mal à refaire sa vie et puis je devais certainement être une complication, notre mariage n'était pas un mariage d'amour, loin de là.

Et Bruno, il avait réussi à vivre avant notre rencontre et même maintenant, je ne savais s'il était en vie.

L'horloge sonna 8 heures. Nous étions déjà tous près. Jean, Benoit, Victor, Antoine et François m'accompagnaient. C'était une mission assez périlleuse même si tout était pensé, il restait quand même une part d'incertitude.

Nous sortîmes de la ferme pour utiliser la fourgonnette. Sachant que Jean était cultivateur, nous pouvions plus facilement nous déplacer, et faire croire aux allemands que nous étions là seulement pour livrer nous produits.

A notre arrivée à Montoire, nous nous dirigeâmes de manière naturelle dans le bourg pour repérer nos futures victimes. Nous fûmes intéressés par deux jeunes un peu en retrait fumant leurs cigarettes.

Je regardais les autres pour capter leur regard et ainsi voir s'ils avaient eux aussi les mêmes intentions.

Ce fut le cas.

J'avançai rapidement vers eux, les bras chargés de victuailles en tous genres et leur en proposèrent. Généralement, les allemands sont moins sur leurs gardes avec une femme, on avait fait plusieurs fois l'essai.

Pendant ma prétendue vente, les garçons passèrent derrière eux le plus naturel possible. Les allemands trop occupés à essayer de comprendre mon allemand approximatif, ne virent pas le mouchoir rempli de chloroforme.

Antoine avança la camionnette pour que le chargement soit le plus facile possible et le plus rapide. Jean et Victor empoignèrent les deux allemands et fixèrent le mouchoir au niveau de leurs nez. Ils essayèrent de se débattre mais la puissance du produit et la force des résistants étaient bien supérieur à la leur. Après quelques minutes d'opposition, les ennemis finirent par s'endormir comme nous l'avions prévu.

Nous ne tardions pas à les charger comme si de rien n'était. Le passage en zone libre n'était pas des plus compliqué. J'avais gardé celui que Bruno m'avait donné et j'en avais fait plusieurs copies en les modifiant légèrement. Nous étions devenus tous des maitres en matière de fraude. Nous étions connus dans le cercle des résistants.

Nous étions malins, rapides, et surtout discrets. Nous avions également des bonnes adresses, nous avions tous des faux papiers. Tout était pensé pour ne pas que nous nous fassions prendre. Et à vrai dire, en six mois, toutes nos missions étaient des succès.

Nous finîmes par arriver à notre ferme sans embuche.

Nous dirigeâmes vers les sous-sols avec les antagonistes. Jean les ligota sur une chaise au milieu d'une pièce sombre et humide. Nous voulions reproduire au maximum les conditions de torture crées par les allemands. Le but était de leur faire peur pour soutirer le plus d'informations possible.

Et bien sûr, quoi de plus angoissant que la souffrance.

Leur réveil ne se fit pas prier. Ils commencèrent rapidement à se remuer. Ils finirent par ouvrir leurs yeux d'abord doucement. Le réveil avait l'air douloureux pour eux. Leurs regards examinèrent la pièce à la recherche d'indices leur permettant de savoir où ils se trouvèrent. Mais leur exploration fut peu concluante car ils nous le demandèrent.

- Où sommes-nous et que faisons-nous là ? quémanda un des hommes

- Vous êtes ici pour répondre à nos questions et non l'inverse. Répliqua Jean avec une voix menaçante

- Que pouvez-vous nous dire sur les prochaines attaques. Interrogea Antoine

- Je préférerais mourir que plutôt trahi ma patrie. Cria un des jeunes hommes

- Dommage. Sourit un des résistants 

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