Chapitre 1

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Je venais de voir Benoit tuer deux soldats allemands de sang-froid. Il était lui-même à terre, gisant sur le sol, une balle dans l'épaule. 

Je ne savais quoi faire, partir en courant ? Aider un meurtrier ? Cependant, il venait sans doute de nous sauver la vie car je n'imageais pas la situation dans laquelle nous serions à l'heure actuelle. 

Nous étions en fuite et nous aurions pu être arrêter ou pire, à la place des deux corps à terre. 

Je décidai d'aller aider Benoît tout en pensant à Madeleine, à tous ces hommes qui se battaient pour libérer la France, Je ne peux m'apitoyer sur mon sort, j'irai jusqu'au bout, il fallait que je me ressaisisse.

Je pris Benoît et regardai les dégâts. La blessure avait l'air profonde, la balle était bien rentrée. J'essayai de le bouger mais j'étais en état de choc pour arriver à le déplacer. Je désespérai de ne pas avoir plus de force et étais inquiète, un allemand pouvait à tout moment arriver. 

Après quelques minutes à essayer de me ressaisir, ce que je redoutais, arriva, à notre plus grand malheur. 

Une mobylette de marque allemande fit irruption dans mon champ de vision. Elle avait l'air de savoir précisément où aller. Je m'affolais, si un allemand venait spécialement ici, c'est parce qu'il savait ce qu'il venait de se passer. Personne ne venait sans raison, c'était perdu dans la campagne et reculé du village, surtout pour les Allemands, ils ne se déplaçaient rarement seul et hors du village. Mais, je reconnus rapidement Bruno. Il arrivait droit devant nous. Je le regardais surprise, ne devait-il pas préparer le départ de l'armée allemande? 

Il se rapprocha de nous et s'arrêta à quelques mètres. Il me regarda, puis mon arme, ensuite Benoît, la voiture et enfin les hommes à terre baignant dans leur propre sang. Il me considéra tout en restant de marbre. Comment pouvait-il avoir l'air si paisible et calme ? On venait de tuer deux de ses hommes ! 

Puis il se déplaça enfin.

-Venez m'aider ! Nous allons le mettre dans la voiture, me dit-il toujours impassible.

Nous le fîmes non sans mal. Benoît devenait de plus en plus faible et sa blessure continuait de le faire souffrir, surtout que rien n'empêchait le sang de sortir. 

Après cela, j'observais Bruno. Je ne savais comment me comporter, il venait de nous aider à nous échapper. Lui, un homme si tiraillé entre les ordres et ses sentiments, venait de faire un choix des plus courageux et honorables. 

Nous nous contemplions de longs instants, examinant et en retenant chaque trait du visage de l'un et de l'autre. Nous ne savions si nous nous reverrions un jour. Mais un gémissement de douleur nous parvint et nous fit sortir de notre torpeur. 

Je détournais les yeux la première, je montais dans la voiture sans un mot. Ceux-ci n'étaient pas importants, tout était dit. Pas besoin de parler, on se comprenait rien que dans le regard. 

J'appuyais sur l'accélérateur et parti. Rester plus longtemps ne servait à rien appart  voir Benoit se vider de son sang, ce qui n'était absolument pas possible. 

Je jetais quelques coups d'oeil dans le rétroviseur pour l'observer une dernière fois, le voir surplomber de toute sa hauteur les quelques éléments présents, son regard même de loin mais si perçant ... 

 Mais malgré mon immense envie d'aller le retrouver, je me résolu à continuer mon chemin. Une histoire avec lui n'aurait jamais fonctionnée, un soldat allemand avec une femme telle que moi, une pure folie. 

Ça aurait fait beaucoup de bruit dans le village et puis n'oublions pas que j'étais mariée, à un homme que je n'aimais peut-être pas mais je l'étais et même s'il n'était pas là, je vivais chez lui avec sa mère.

Je conduisais sous toutes ces pensées. Je jetais quelques coups d'oeil vers Benoit, qui était sur la banquette arrière, endormi. Nous nous étions arrêtés pour panser sa blessure, je m'étais rendue compte que la balle était ressortie, pendant mon temps de léthargie je ne l'avais pas remarqué. 

Mais qu'avais je fait ? Etait-ce vraiment moi au volant de cette voiture en fuite ? Que dirait mon père s'il était encore de ce monde de fou ? Aurait-il honte ? Serait-il fier de moi ? Que penserait ma chère belle-mère ? Tant de questions dont je n'avais pas les réponses.

Je tournais à droite en évitant de justesse des débris de calèche et voitures. Les bombes allemandes devaient être passées par ici. Je nous dirigeais vers le sud de la France. Benoît avait des contacts avec des fermiers résistants. Je n'espérai croiser personne. Je n'imaginais même plus mon avenir aujourd'hui. Que ferai-je une fois la guerre finie ? Enfin si elle se finissait un jour. 

Bruno resterait sûrement en Allemagne s'il n'était pas tué avant. Pareil pour Gaston s'il était libéré, redeviendra le même époux qu'avant, un mari ayant des maîtresses ou alors il divorcera ne supportant pas d'avoir une femme qui eu des sentiments envers un ennemi. Et ma belle-mère devait me détester à l'heure actuelle, elle fera en sorte de ne plus jamais m'adresser la parole ou pire fera en sorte de ne plus jamais me voir.


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Voila mon premier chapitre!!! J'espère qu'il vous plait 

N'hésitez à commenter pour me donner votre avis, critiques ou changements éventuels. 

Je suis ouverte à toutes critiques tant qu'elles sont concrètes et fondées ;)

A bientôt 

Cla

SUITE ALLEMANDEWhere stories live. Discover now