Chapitre 12

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Je marchai quelques minutes dans l'obscurité des plus totales. Lorsque je fus enfin arrivée devant la maison qui allait devenir mon habitat pour quelques jours, je fus soulagée d'avoir réussi à ne pas avoir un chemin semé d'embûches.

Dieu seul sait qui traîne dans les rues. Je sonnai en espérant que Juliette ne dorme pas encore, dans le cas contraire, j'étais bonne pour dormir dans la rue ce soir.

Mais par chance, la porte s'ouvrit.

- Lucile ? Mais que fais-tu ici à cette heure ? demanda Juliette 

- Je suis désolée de te déranger par cette heure aussi tardive mais je n'ai plus d'endroit dans lequel dormir. Je m...

- Rentre donc, il fait bien froid. Tu peux dormir ici, j'ai de la place.

- Merci beaucoup.

Je rentrai donc dans ce qui me semblait être une sublime maison, joliment décorée.

Juliette me fit asseoir dans un fauteuil et se mit à préparer une tisane.

- Ne logeais-tu pas à la ferme de Luchaut ?

- Si mais j'ai eu un différend avec Jean et ça l'a poussé à me mettre à la porte.

- Comment a-t-il osé mettre une femme à la porte avec un temps pareil ! Quelle brute !

- J'ai une part de responsabilité dans cette histoire. Nous ne pouvons pas dire qu'il est tout noir et moi blanche, ce serait trop facile.

- La colère n'excuse pas ce genre de comportement ! relança Juliette

- Ne parlons plus de cela ce soir, tu veux bien, je veux juste me reposer et réfléchir à tout ça.

- Mes lits sont toujours prêts pour recevoir des personnes alors prends la chambre que tu veux. Le nécessaire est sur la commode mais si tu as le moindre problème n'hésite pas, ma chambre est au premier, première porte à gauche.

- Merci énormément.

Elle me sourit puis disparut dans les escaliers.

Je finis rapidement ma tisane et pris à mon tour ces longues marches. Une fois arrivée dans la première chambre, je m'installai dans le lit sans prendre le temps de me déshabiller.

Je m'endormis quelques secondes après avoir posé ma tête sur l'oreiller.

Cette journée avait commencé d'une bien triste manière et ne s'était pas mieux terminée.

Quand je me réveillai, il était déjà 11 heures passées. J'avais eu une longue nuit cependant mon sommeil n'avait pas été réparateur.

Je commençai ma toilette en priant intérieurement que Jean ait tenté de venir me parler. Il était du genre très matinal. Toutes les choses importantes devaient être faites dès l'aube.

Vu cette heure, il ne me restait que deux solutions, soit il était venu pour que la situation s'arrange, soit il ne démordait pas.

J'étais tant de fois passée par-dessus ma fierté pour me réconcilier avec les personnes que maintenant, c'était quasiment impossible. Je m'étais jurée d'être plus forte et de ne plus me laisser marcher sur les pieds, et reprendre une ancienne habitude était pour moi un énorme échec.

Je finis par descendre et ne vis personne. J'appelai Juliette mais aucun son ne me vint en retour.

Lorsque j'arrivai dans la cuisine, seul un petit mot trônait sur la table.

« Je suis partie au marché, je n'osais pas te réveiller. »

Je m'installai sur le fauteuil dans le salon et pris un livre. Je tombai sur le roman le plus connu de Jane Austen, Orgueils et Préjugés.

Pendant une bonne heure, je fus complètement plongée dans ma lecture, seul le bruit du verrou réussit à me faire lever la tête de ce chef d'œuvre.

Je vis Juliette, le regard triste, posé sur moi et les bras chargés de ses commissions. Je me rapprochai rapidement d'elle pour la soulager.

- Tu aurais pu me réveiller, je serais venue t'aider avec les courses. Je te dois bien ça.

- Ne dis pas de sottises, tu dormais tellement profondément.

- Dis-moi, vers quelle heure es-tu partie ?

- Je vois où tu veux en venir. Je suis partie aux alentours de 10h30 et rien ne s'est passé avant. Je suis désolée ma douce.

- Bien je comprends, il faut croire que Jean est aussi têtu qu'une mule, répondis-je blessée.

- Écoute, je le connais bien et je sais comment il réagit. Si tu veux mon avis, je te conseille de passer à autre chose et continuer tout de même ta vie, dit-elle en m'attrapant par les épaules pour me secouer et me remettre les idées en place, telle une mère.

- Oui mais je ne peux pas oublier aussi facilement.

- Je ne te dis pas d'effacer tout ça de ta mémoire mais plus vite tu l'auras fait, mieux tu te sentiras. Se morfonde et espérer l'impensable ne t'aidera guerre, crois moi.

- Mais peut être que Jean changera d'avis ?

- Tu sais très bien comment il fonctionne, s'il ne fait pas un pas maintenant, il ne le fera jamais.

- Comment peux-tu en être si sûre ?

- Et bien comme tu le sais, je suis connue dans le village comme étant la vieille fille n'ayant jamais eu de relation. Cette réputation est fausse ou du moins, elle n'a pas toujours été présente.

- Comment ça ? dis-je curieuse 

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