Chapitre 22

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— Oh ! Je vois que ce départ d'il y a quelques années vous a fait perdre votre bon sens et votre éducation. Sachez jeune fille que vous avez peut-être fui comme une lâche, mais vous restez la femme de mon fils. Et par conséquent vous me devez le respect. Est-ce clair ?

— Et où est-il votre fils ? Je ne le vois pas. D'une part, s'il est toujours en vie, certes je vous dois le respect, mais sachez que vous aussi, de part ma position, vous me devez le respect et la bienséance. De ce fait parlez moi en conséquence. D'autre part, s'il est mort, je ne suis plus rattachée à vous de cette manière là. Alors laissez moi.

— Quelle insolence ! Depuis le début, je n'ai vu que mauvaises manières, impudence, orgueil, prétention, arrogance et j'en passe. Vous ne vous êtes unis à mon fils que pour son argent et son patrimoine. Mais vous auriez dû savoir que je ne laisserais rien se passer comme vous l'aviez prévu.

— Vous avez déjà tenu ce discours devant moi. Maintenant laissez moi, j'ai à faire.

Je pris mes sacs et partis.

— Je vois que vous vivez toujours une mauvaise vie. Cela ne m'étonne guère. Vous êtes une honte à la gente féminine. Certaines femmes se battent pour survivre et se mobiliser contre l'ennemi. Alors que vous vous comploter avec lui, dit-elle en indiquant mes sacs.

Elle avait compris le sujet de ma visite à la pharmacie.

Lorsque j'arrivai dans la ferme, Madeleine était en pleurs, assise sur son lit. Je la pris dans mes bras et la berçai en lui murmurant des mots doux. Cela prit une bonne demi-heure avant qu'elle ne se calme un peu.

— Qu'il y a-t-il ?

— Je ne peux pas garder la ferme.

Quoi ?

— Peu avant votre départ, Mme Angellier est venue et était déjà au courant de votre venue. Elle m'a menacé de reprendre les terres. J'ai essayé de la dissuader mais elle était ferme. Lucille, je ne peux pas. J'ai aucun endroit où aller. Aidez-moi.

— Très bien. Où sont les enfants ?

— Chez Henriette.

— Bon, nous allons descendre à la cuisine et trouver une solution.

Nous descendîmes et nous posâmes devant un bon thé.

— Écoutez avant de faire quoique ce soit, il faut que je sache ce qu'il vous est arrivé.

— Ça c'est passé une semaine avant votre arrivée. Pendant quelques jours, des soldats allemands sont arrivés ici. Ce n'est pas rare puisque Bussy est maintenant dans la zone occupée. Avant ce régiment, tout c'était plutôt bien passé, je n'avais personne à la ferme. Ils étaient surtout présents dans le bourg mais pour celui-ci, c'était différent. Le regard des hommes sur les femmes étaient différents par rapport aux autres. Un d'entre eux s'approchait souvent de la ferme. Il n'avait pas l'air méchant, il disait qu'il aimait les enfants, que lui même en avait du même âge et qu'il leur manquait énormément. À chaque visite, il venait avec des cadeaux pour eux. Certes j'étais sur mes gardes mais il a réussi à m'amadouer d'une certaine manière. À aucun moment il n'a eu de gestes ou de regards déplacés. Il venait jouer avec les enfants, les aider à faire leurs devoirs. Il parlait couramment français. Je pense que c'est ça qui a fait que je ne me suis pas méfiée plus que ça. Je me suis dit que c'était juste une victime de la guerre, mais le paysage s'est terni un moment donné. Il est arrivé vers 21 heures. Les enfants étaient tous couchés et je revenais d'aller faire ma tournée du soir. J'allais me coucher quand j'ai entendu des coups à la porte. J'ai ouvert pensant que c'était une personne du village à qui il manquait du lait ou des oeufs, enfin, n'importe quoi. Mais non c'était lui. Il avait bu, il avait les yeux rouges. Il n'était plus lui même. J'ai essayé de le faire partir, de lui faire entendre raison, mais rien n'a fait. Il m'a coincée entre le mur et lui. Je... je n'ai rien pu faire, j'ai été piégée. J'ai tenté de l'arrêter mais il était beaucoup plus fort que moi. Et puis un moment donné, j'ai cessé de me battre. J'avais peur de réveiller les enfants, je me suis dit qu'en fermant les yeux ça allait passé plus vite. Alors j'ai pensé à Benoît, à l'amour que je lui portais, me dire que c'était lui. J'ai tout essayer pour rendre ça moins pénible mais je n'y suis pas arrivé. Il était si brusque et me faisait tellement mal et...

SUITE ALLEMANDEWhere stories live. Discover now