Chapitre 11

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- Faites ce que vous voulez avec eux mais je n'y participerai pas. Disais-je en claquant la porte

Je mettais peut-être pliée à leur souhait mais je voulais leur montrer que j'étais toujours en colère et que je m'affirmais.

J'avais passé la journée à réfléchir sur la nouvelle stratégie.

Je tachais de m'occuper l'esprit pour ne pas penser à la tuerie d'en bas. Et ce moyen marcha car quand Benoit vint me chercher diner, la nuit était déjà tombée.

L'acte avait sans doute été fait. Enfin, je l'espérais, je voulais à tout prix passer à autre chose.

Je descendis lentement, redoutant la confrontation.

Une fois dans la cuisine, je vis seulement Clémentine et Jean.

- Bonsoir. Dis-je timidement

Je n'aimais pas les disputes. Je les évitais le plus souvent possible. Les rares fois où j'avais exprimé mon mécontentement, je ne savais pas comment me comporter à la fin. Et cette fois, cela de dérogeait pas à la règle, j'étais très mal à l'aise.

Je m'installai finalement, toujours sans la moindre parole.

Je commençai mon repas en sentant peser de lourds regards sur moi.

- Nous avons réglé le problème dans l'après-midi. Nous en reparlerons plus. Finit par dire Jean

- Un problème comme tu l'appèles. Ces hommes ne représentez rien de plus pour toi ? demandai-je

- Ces hommes étaient des ennemis, je l'ai fait pour tous nous protéger et non pas pour ma joie personnelle comme tu sembles le penser. S'énerva-t-il

- Et bien, nous aurions pu le régler autrement, plutôt que de ressembler à ces barbares. Répliquai-je hors de moi

- Nous sommes en guerre, nous ne pouvons pas juste demander à ces personnes de ne pas nous faire du mal. Dois-je te rappeler que notre organisme est illégal et qu'à tout moment nous pouvons y passer ?

- Je le sais, mais je croyais qu'on s'était mis d'accord sur le principe de ne tuer personne.

- Et bien, parfois, il faut passer à travers les règles pour se protéger. Mais si tu es suicidaire, va te livrer aux Allemands, ils n'attendent que toi.

- Arrête ! Criai-je

- On avait pas d'autres solutions, appart peut être leurs couper la langue pour ne pas qu'ils parlent mais ça aurait été plus barbares, tu ne trouves pas ?

- N'essaye pas de me faire croire n'importe quoi pour soulager ta conscience ! Vociférai-je

- J'ai fait ça dans le seul but de protéger ma famille. A contrario de toi, j'ai une famille qui compte sur moi, des enfants et une femme à protéger. Je ne veux pas les laisser veuve et orphelins de père dans une ferme où il y a toujours trop de travail. Regarde ce qu'est devenue Marie, la femme de Richard. Je refuse que Clémentine devienne comme elle. Parfois il faut faire des concessions soit toi soit les autres.

- Et tu ne t'es jamais dit que ces hommes avaient peut-être une famille eux aussi, qu'ils étaient peut-être agriculteurs et qu'ils avaient une famille à nourrir. Ça t'es déjà passé par la tête où tu es trop égoïste pour y songer ?

- Sors de cette maison. Répliqua Jean d'un ton impassible

- Tu ne peux pas faire ça Jean, es-tu devenu fou ? S'insurgea Clémentine

- Si je peux très bien, c'est ma maison, j'y fais ce que je veux. Je l'héberge elle et Benoit sans broncher depuis un an. C'est mon droit. Je ne me laisserai pas insulter de cette façon.

Je sortis en trombe et un vent frais me frappa d'un coup.

L'avais-je mérité ?

Finalement le désir de Benoit de rentrer dans la résistance n'était pas le mien. L'amitié que je pensais avoir créé avec Jean n'était en fin de compte sans retour.

Je décidai de partir dans le bourg si à tout hasard Juliette, une femme dont j'avais lié une sympathie forte, enfin cette fois-ci je l'espérai, pouvait m'héberger. C'était une de femme de 40 ans, une vieille fille.

- Lucille attends ! me demanda Clémentine

Je me retournai donc.

- N'écoute pas Jean, il était énervé, il dit n'importe quoi quand il est dans cet état-là. Je suis sure qu'il regrette ses paroles. Ça a été une journée difficile pour tous. Essaya de me faire croire sa femme

- Merci Clémentine, mais tu sais tout comme moi que si Jean s'en voulait réellement, il sera là en face de moi et non toi.

- Je vais essayer de lui parler, de le faire changer d'avis.

- Non, s'il doit venir me parler, je veux que ce soit entièrement de sa part.

- Mais où vas-tu loger ? L'auberge la plus proche est à 10km, tout est fermé et ce n'est pas prudent de rester seule la nuit même dans notre village.

- Ne t'inquiètes pas, je dormirai chez Juliette.

- Rentre bien alors, et je te promets que Jean aura changer d'avis. La nuit porte conseil.

- Bonne nuit. Disions-nous à l'unisson

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