Chapitre 7

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 Au fil du temps et des évènements j'ai compris que je n'avais pas développé de réels sentiments amoureux à son égard. 

Je pensai l'aimer mais je me voilais la face. 

Je ne l'avais vu que deux fois avant notre mariage, j'avais écouté mon père comme la gentille fille que j'étais. 

J'avais tellement envie que le mariage perdure dans le temps et j'avais surtout imaginé être entouré d'enfants et d'un mari aimant. Mais ce n'était qu'une utopie, qu'un vulgaire rêve sans une once de réalité. 

Gaston n'était qu'un menteur. Il m'avait trompé sans remords. Je l'avais appris quand j'ai trouvé les lettres transmises à Bruno, une personne l'avais dénoncé. Je devrai haïr cette personne de tout mon coeur pour m'avoir humilier. Tout le village était au courant. Il avait donné un enfant à cette femme alors que moi, c'était à peine s'il me regardait. 

Mais c'est tout le contraire, je le remerciai du plus profond de mon cœur. Sans lui, je serai encore en train de me bercer d'illusions en attendant son retour. 

 Il ne m'avait jamais fait connaitre le grand amour. Je ne l'ai connu que peu de temps avec une personne que j'ai longtemps repoussé, Bruno. 

Et oui, ça peut paraitre idiot, absurde, mais je suis tombée amoureuse de lui.

Cet homme qui faisait parti du camp adverse et que je devrai, lui aussi, profondément haïr.

 Mais il n'en est rien. C'est d'ailleurs bien le contraire. 

Malgré le peu de temps que nous avons passé ensemble, il avait réussi à me faire ressentir en une seconde ce que Gaston n'avait pas réussi à faire en trois ans. Oui je sais cela peut paraitre stupide, trop fleur bleue mais c'était ça que je ressentais. Je n'étais plus qu'une simple épouse coincée entre son devoir et sa belle-mère. 

Non! j'étais une jeune femme épanouie connaissant le vrai amour. 

Que dis-je? 

Je pense à un homme qui n'a certainement plus rien à faire de moi, un homme qui pense que le devoir est plus important que le reste. 

Il faut que j'arrête de penser à tout cela. 

Une nouvelle vie m'attend, je ne peux sans cesse penser au passé. Dans une nouvelle vie, on aurait pu être heureux mais pas dans celle-là. 

La guerre nous prend tout. 

Les mots de Marie, la femme de Roland, me revinrent en tête, au moment de notre rencontre, je n'étais pas apte à comprendre mais maintenant je le suis et ceux-ci prennent tout leur sens. 

Enfin, je n'avais pas réellement à me plaindre, je n'étais pas non plus en grandes souffrances.

Je finis enfin par m'endormir après de longues heures passées à refaire ma vie.

Le lendemain ne fut pas aussi difficile que je ne l'avais pensé. 

J'avais envie de connaitre toutes les ficelles de mon nouveau rôle. 

Je m'étais réveillé en première, Benoit dormait encore et je n'osais le réveiller. Certes, nous nous connaissions depuis longtemps mais je ne le jugeais pas totalement comme un ami. Nous avions surmonté plusieurs épreuves ensemble mais quelque chose en lui me repoussait. 

Je n'arrivai peut-être pas à m'enlever de la tête l'image des deux allemands à terre. 

Je sais que c'était pathétique, il nous avait sans doute sauvé la vie mais c'était plus fort que moi. 

Après ma toilette faite, je descendis pour aller dans la partie commune à la recherche de Jean. 

Par chance je le trouvais assez rapidement. Il était assis à table entouré de sa femme et de ses enfants.

- Bonjour, j'espère que je ne vous dérange pas, je peux repasser plus tard. Disais-je timidement 

- Ne dites pas de bêtise voyons, vous êtes ici chez vous. Je me présente, Clémentine, la femme de Jean, et voici mes enfants Gauthier et Jeanne. Ils sont un peu timides, allez les enfants dites bonjour.

- Bonjour madame. Disent-ils ensemble

-Appelez-moi juste Lucille. répondais-je en souriant

- Bien vous pouvez aller jouer dans le jardin si vous voulez. Ajouta Jean

Ils crièrent de joie et partirent en courant.

-J'espère que vous avez bien dormi, nous devions faire des travaux pour rendre ça plus agréable mais avec cette situation, c'est compliqué.

- Ne vous inquiétez pas, c'est très confortable, la preuve Benoit dort encore, et puis nous abusons de votre générosité. Je vous promets que le plus vite possible, nous prendrons un appartement ou quelque chose dans ce style.

- Hors de question ! Vous êtes ici chez-vous. La partie que vous occupez n'est jamais habitée. Rechercher un appartement à cette saison est presque impossible, ça va vous demander une énergie folle, réservez-là plutôt pour autre chose.

- Vous êtes sûr ? Je ne veux pas abuser de votre hospitalité.

- Mais bien sûr, allons asseyez-vous et mangez.

- Comment comptez-vous vous organiser aujourd'hui ? Me demanda Jean

- Je ne sais pas encore, c'est selon vous.

- Bien, Clémentine te présentera tout ce qu'il faut savoir et moi, je vais m'occuper de Benoit.

SUITE ALLEMANDEWhere stories live. Discover now