Chapitre 28

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Une fois Jong Ho parti, les servantes avaient rapidement débarrassé les restes du thé et Hong Sim était même partie porter une nouvelle invitation au prince Woo Young. Peut-être qu'au bout d'un moment, il se lasserait d'en recevoir tous les jours et qu'il viendrait pour y mettre un terme une bonne fois pour toute. Apparemment, je ne pouvais compter que sur l'usure.

Du coup, je me retrouvais assise seule dans le jardin, à profiter de la vacuité de ma position actuelle. Quel bonheur que de n'avoir rien à faire et de ne rien pouvoir faire d'utile de ce temps...

« Que fais-tu ici ? » me demanda soudain une voix aux accents polaires.

Je me retournai pour voir qui s'adressait à moi avec cette agressivité gratuite et aperçut le prince Seong Hwa, tout vêtu de bleu foncé et de noir, qui me considérait les sourcils froncés.

« Vous, que faites-vous ici ? » lui retournai je, du tac au tac, sans prendre vraiment le temps d'y réfléchir.

J'avais peut-être trop tendance à vite me protéger quand je me sentais attaquée, surtout qu'avec cette situation, j'étais sur les nerfs en quasi permanence.

« Tu te trouves sur le domaine de ma mère. » m'informa-t-il, d'une voix glaciale.

Ah oui. Très juste. La reine Seol Ha, sa défunte mère. Dont personne n'avait jamais habité le pavillon après sa mort. De quoi comprendre son étonnement. Au vu des circonstances, je décidai de me radoucir. La chose ne devait pas être neutre pour lui.

« Le roi m'a fait installer ici. » lui appris je donc sur un ton posé.

Ses sourcils se froncèrent encore plus.

« Evidemment. Comment j'ai pu penser qu'il garderait un tant soit peu de respect pour elle ? » cracha-t-il, plus pour lui que pour moi, visiblement.

« Je n'ai rien fait modifier. » essayai je de le rassurer en me rappelant que Hong Sim et Geun Rye m'avait mentionné le fait que je pouvais demander qu'on arrange le jardin selon mes gouts personnels. « Et il n'y avait rien d'autre que deux tableaux dans la maison. Ils y sont toujours. »

Ça le tranquilliserait sans doute que je ne me sois pas tant approprié les lieux que ça, surtout s'il y avait des souvenirs, ce que je pouvais comprendre.

Il reposa son regard sur moi et son expression s'adoucit d'un seul coup.

« Pardonne-moi. » me dit-il d'un ton beaucoup plus neutre, presque caressant. « J'ai bien peur de ne pas avoir fait preuve de la même douceur que celle que tu as à mon égard. » regretta-t-il.

« Je peux le comprendre. » lui répondis je. « Vous pouvez récupérer les tableaux si vous le désirez. »

Il soupira d'une façon que je trouvai un peu retenue, comme s'il s'agissait de nouveau d'une mise en scène.

« Si tu les as gardés, c'est que tu reconnais leur valeur. » me dit-il en s'avançant de quelques pas. « Et ils font partie de l'âme de ce lieu. Je les saurai en sécurité entre tes mains. »

Il avança encore un peu tandis que je cherchais ce que je pouvais bien répondre à ça.

« J'ai pris l'habitude que personne n'habite cette demeure... » murmura-t-il en s'approchant. « J'y viens parfois, par nostalgie. Pardonne-moi une fois encore d'avoir été si brusque. Je suis bien conscient que tu n'es pour rien dans le choix de ton lieu de villégiature. »

J'avais la nette impression qu'il retentait son petit numéro de charme, en comptant peut être sur ma compassion par rapport à la situation. Mais même si ce qu'il me racontait était la vérité, sa façon d'agir, de cette manière douce et caressante, me paraissait fausse, construite de A à Z. Je reculai d'un pas pour signifier que je ne désirais pas qu'il m'approche de trop près. D'ailleurs, il s'arrêta dès que je le fis.

Le souhait du roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant