Chapitre 47

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Il faisait plein jour quand je me réveillai. J'avais mal à la tête, la bouche pâteuse et je me redressai lourdement. Je me souvenais qu'après toutes les émotions de la soirée, Yun Ho m'avait fait traverser la cour discrètement en longeant les murs et m'avait raccompagnée jusqu'au pavillon où il m'avait confiée aux bons soins de Hong Sim et Geun Rye. Celles-ci s'étaient jeté des regards de connivence que j'avais préféré ignorer. Elles pouvaient bien se faire les idées qu'elles voulaient, au point où j'en étais.

« Vous êtes réveillée, Mademoiselle ? » interrogea Geun Rye qui avait entrebâillé la porte coulissante.

« Quelle heure est-il ? » lui demandai je seulement en me massant les tempes.

« Oh, il est midi passé. Vous avez veillé une bonne partie de la nuit. » pouffa-t-elle. « Vous étiez en bonne compagnie. »

Je préférai ne pas répondre à cette assertion. Que ce soit Yun Ho ou le roi, est ce qu'on pouvait vraiment parler de bonne compagnie ? L'un me collait la frousse et l'autre me collait tout court. Même si maintenant que je les connaissais un peu mieux, il me paraissaient plus sympathiques.

« Vous avez dû beaucoup boire. » constata Geun Rye, voyant que je continuai à me masser les tempes. « Vous devriez manger léger. »

Quelques secondes plus tard, le panneau s'ouvrit en grand pour laisser passer Hong Sim avec une table-plateau garnie d'autant d'accompagnements que d'habitude. Elle la posa devant moi et je la remerciai. Je n'avais pas vraiment faim mais je me forçai à prendre une cuillerée de soupe pour qu'elles n'aient pas l'impression d'avoir cuisiné pour rien.

D'ailleurs, je m'aperçus très vite qu'elles me regardaient toutes les deux avec insistance au lieu de sortir de la pièce comme à leur habitude après m'avoir servi à manger.

« Vous voulez quelque chose ? » leur demandai je donc, curieuse.

« En fait... » répondit Hong Sim. « Nous nous demandions ce que vous comptiez faire, aujourd'hui. »

« Euh... Je ne me sens pas assez en forme pour bouger, si c'est ce qui vous inquiètes. » leur dis je. « Je préférerai rester ici me reposer, à moins que je sois obligée de répondre à l'invitation de quelqu'un. »

« Ce serait étonnant que quelqu'un vous convie aujourd'hui. » m'indiqua Hong Sim. « Le banquet a duré jusqu'au petit jour pour ceux qui sont restés le plus longtemps. Tout le monde a besoin de repos. »

« Oh. Tant mieux alors. » soufflai je, soulagée.

Je ne me sentais vraiment pas d'attaque pour jouer à bien me tenir en bonne société.

« Si vous ne comptez pas sortir du pavillon aujourd'hui, pouvez vous envisager de nous donner un congé ? » osa Geun Rye.

Je levai la tête vers elle, confuse. Je n'avais pas du tout pensé à leur temps libre. A bien y réfléchir, j'avais l'impression qu'elles n'en avaient eu aucun depuis que j'étais au palais.

« Quand sont vos jours de congés ? » leur demandai je donc.

« Et bien... Habituellement, maître Choi me donne un jour par mois. » me confia Geun Rye.

« Au palais, les congés des serviteurs dépendent des personnes qu'ils servent. » ajouta Hong Sim. « Avant, j'étais aux cuisines, nous avons le droit à beaucoup moins que ça. »

Je grimaçai. Voilà pourquoi elles ne s'étaient pas plaintes jusque-là. Mais je trouvais ça vraiment dur. C'était quand même un service de vingt-quatre heures sur vingt-quatre. C'était presque de l'esclavage à ce compte-là.

« Je suis aussi considérée comme une servante du palais, maintenant. » dit Geun Rye. « Même si c'est de manière temporaire. »

« Ça veut dire que vous êtes toutes les deux payées par le palais ? » demandai je.

Le souhait du roiWhere stories live. Discover now