Chapitre 81

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La matinée passa sans aucune nouvelle du prince Woo Young alors que je n'avais que ça à l'esprit. Il fallait dire que j'avais l'impression de n'avoir jamais été aussi proche de mon but avec toutes les informations que j'avais récupérées et j'avais grand besoin de conseils. Surtout de quelqu'un qui s'y connaissait.

Au bout d'une demie heure à peine, Yeo Sang en avait eu marre de me voir tourner en rond nerveusement et avait décidé que puisque je n'avais rien à faire et qu'il était probable que je sois prise pendant l'après-midi -l'hypothèse étant que le prince attendait simplement la deuxième partie de la journée-, c'était le bon moment pour faire l'entrainement du jour. Et ce n'était pas négociable. Ses principaux arguments étaient que c'était mon futur fiancé qui l'avait ordonné -bien qu'il connaisse mes véritables intentions à ce sujet- et que j'avais de toute façon besoin d'évacuer ma frustration.

De fait, taper dans le vide m'avait permis de me défouler un peu. Et ce n'était plus aussi douloureux qu'avant. J'arrivais même à tenir le sabre d'entrainement de manière à peu près stable ! Je doutais de pouvoir me défendre efficacement même comme ça mais au moins mon attention était focalisée sur autre chose. Pourtant, même si l'entrainement m'avait tenue occupée la matinée, mon impatience refit surface après le repas.

Ne tenant pas en place, je me dirigeai vers l'entrée du jardin, Yeo Sang silencieux sur mes talons, espérant voir apparaitre la servante du prince Woo Young en réponse à mon message du matin. Mais personne n'arrivait. Sérieusement ? Il était aussi mesquin ? Juste parce que je ne lui avais pas répondu une fois ? Il ne s'était pas privé de le faire, lui ! Et plusieurs fois, encore !

Sous le coup de la contrariété, je me dirigeai vers la sortie d'un pas rageur pour aller le voir directement et régler mes comptes avec lui. C'était quand même gonflé de sa part, non ?

Mais avant de franchir le seuil de la propriété, je me ravisai. Après les évènements de la veille, il était presque sûr que je serais étroitement surveillée si je décidais de mettre un pied en dehors des jardins du pavillon du soleil. Aucun doute que Min Gi s'était assuré qu'il y ait des gardes pour m'accompagner où que j'aille -dans le meilleur des cas- ou des espions pour essayer de me prendre en faute. Et je me doutais que ça pourrait mettre la zizanie si on me voyait entrer chez le prince Woo Young toute seule alors que j'étais censée me fiancer avec un autre homme pas plus tard que le lendemain. Je me fichais un peu de ce qu'on pouvait penser de ma vertu -même si c'était un peu vexant quand même- mais si ça remontait aux oreilles du premier ministre Choi, j'étais dans la mouise.

En conséquence, je fis demi-tour pour retourner sagement vers le pavillon, abattue par ces pensées et en colère contre les mecs de Joseon et leur égo démesuré. Mais quand même... Le prince Woo Young ne m'avait pas semblé si rigide que ça. Si ça se trouvait, je me trompais totalement et le prince était juste occupé pour le moment et n'avait pas encore eu le temps d'envoyer sa servante ? Suivant cette hypothèse, je ne pouvais que prendre mon mal en patience et guetter sa potentielle arrivée.

Je fis donc une nouvelle fois demi-tour, telle la girouette que j'étais, et hoquetai de surprise en me retrouvant face à face avec le prince Hong Joong, debout à deux pas de moi, en plein milieu du chemin, l'air goguenard. Et Yeo Sang ne m'avait même pas prévenue.

« Et bien... On dirait que tu es indécise, belle étrangère. » se moqua-t-il avec un ton néanmoins flagorneur, d'où le petit nom. « J'espère que tu hésitais à venir me faire des excuses. » ajouta-t-il, l'air de ne pas y toucher.

Je fronçai les sourcils, un peu inquiète. Il ne lâchait jamais l'affaire, lui ? Et pourquoi il était venu, d'abord ? Il voulait se venger ? Je vérifiai discrètement mais il n'avait pas l'air armé ni même fâché et Yeo Sang était tout près, nous observant silencieusement mais en ayant fait en sorte d'être bien visible du prince. Ce devait être assez dissuasif. Normalement je ne risquai rien. Mais je voulais couper court, d'autant que je n'avais pas intérêt à ce qu'on le surprenne avec moi maintenant.

Le souhait du roiWhere stories live. Discover now