Chapitre 92

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Bizarrement, la Piri n'essaya pas de communiquer avec moi tandis que je traversais les jardins du prince Woo Young en sens inverse. C'était plutôt une bonne chose. Entendre quelqu'un répondre à mes pensées de manière inopinée était plutôt déconcertant, voire désagréable. Je me dépêchai donc de sortir de sa zone d'influence avant qu'elle ne change d'idée.

Pressée, je franchis les portes du domaine du prince pour retrouver Yeo Sang et... Tombai immédiatement sur Min Gi qui passait apparemment à proximité.

En m'apercevant, il dévia de son chemin pour aller vers moi. S'arrêtant devant moi, il croisa les bras, l'air contrarié.

« Mademoiselle Choi. » posa-t-il, comme une constatation. « Il est étonnant de vous trouver à cet endroit de si bon matin. Dans de telles circonstances, d'aucun pourrait se demander si vous ne courrez pas après chaque membre de famille royale que vous croisez. » soupçonna-t-il comme il connaissait mes liens avec le roi.

J'avais l'impression qu'il me provoquait dans l'idée d'avoir plus d'informations avec une réaction impulsive de ma part que s'il me demandait les choses poliment. Mais ça restait insultant.

« Ce serait trop fatiguant. » lui répondis je donc du tac au tac, sur un ton légèrement hypocrite. « Imaginez. Vous vous épuisez déjà à courir après un seul. » piquai je avec un faux sourire.

Il grimaça, prenant la critique de plein fouet. Et bien, c'était le jeu. Et c'était lui qui l'avait commencé.

« D'ailleurs... Où est le prince Hong Joong ? » demandai je, sans lui laisser le temps de répondre, faussement inquiète. « Il a encore échappé à votre surveillance ? » lui lançai je avec un brin de condescendance.

Et en même temps, il y avait de quoi. J'avais souvent vu le prince de Silla parce que Min Gi semblait infoutu de le garder à l'œil. Ironique pour quelqu'un d'aussi haut gradé que lui. Il écopait d'une tâche de babysitting humiliante et en plus il n'arrivait pas à la mener à bien.

« Il est sous la surveillance de quelqu'un d'autre. » me renseigna-t-il, l'air sombre, pour se justifier.

Ça m'amusait assez qu'il se sente obligé de le faire. Comme quoi... En tout cas, ce n'était pas le moment de lâcher. J'avais l'ascendant et je voulais me venger un peu de sa première remarque.

« C'est votre jour de repos ? » demandai je, avec un air faussement surpris. « Vous n'avez pas peur que le prince de Silla s'échappe en votre absence ? » appuyai je, l'air innocent, en mettant ma main sur le cœur comme si j'étais prise d'une vive inquiétude.

« J'aurais beaucoup moins de craintes à ce sujet s'il ne recevait pas d'aide extérieure. » sous entendit il, très calme, en posant un regard insistant sur moi.

Ouille. Je ne l'avais pas anticipée, celle-là. Elle était pourtant évidente. En tout cas, ça entérinait bien le fait que nous étions dans une joute verbale et il y avait un partout.

« Vous croyez toujours que je suis pour quelque chose dans sa presque évasion ? » décidai je de le prendre frontalement.

Après tout, il se ferait peut-être avoir par mon aplomb. J'avais tout intérêt à le convaincre que j'étais innocente de toute cette histoire. Sinon je risquais qu'il ne décide de prendre des mesures contre moi, quelles qu'elles soient. Je n'avais pas envie de savoir.

« Vous pensez vraiment qu'il est dans mon intérêt que le prince de Silla s'échappe ? » poursuivis je donc, comme si j'étais indignée. « S'il finissait par y réussir et qu'il y avait le moindre soupçon de mon implication là-dedans, même sans preuve, je serais morte. » lui exposai je mon ressenti. « Et peut être que la plupart des gens n'ont aucune idée de mes désirs et aspirations mais vous devriez avoir assez de bon sens pour supposer que rester en vie en fait partie. » lui dis je, sur le ton de l'évidence.

Le souhait du roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant