Chapitre 1

501 49 12
                                    

Des précisions sur le vocabulaire spécifique sont données en bas de page

***

J'avais fini par rentrer chez moi, la nuit déjà bien avancée à cause des jours qui se raccourcissaient. Apparemment, mes parents ne s'étaient même pas aperçus de mon retard et, de toute façon, ils étaient encore trop occupés à se disputer pour remarquer que j'étais rentrée.

J'évitai donc soigneusement le salon qui était le lieu du conflit et allai piller ce que je pouvais trouver dans le frigo avant d'amorcer un repli stratégique vers ma chambre.

Cela faisait quelques années maintenant que mes parents se disputaient régulièrement mais les derniers mois avaient vu une escalade de la fréquence et de la durée de leurs prises de bec. J'étais même étonnée qu'ils ne m'aient pas encore annoncé leur divorce.

Pas que je voulais qu'ils le fassent. Rien que d'y penser, j'avais le cœur gros. Mais ils ne m'accordaient plus aucune attention si ce n'était pour me faire des reproches, histoire de passer leurs nerfs sur quelqu'un d'autre, pour changer. Ça faisait donc un moment que je les évitais et que je comptais mes économies dans l'espoir de pouvoir me payer un logement pour moi seule. Ces derniers temps, j'avais vraiment envie de changer de monde, découvrir de nouvelles personnes et surtout, fuir celles qui m'entouraient. Tout était si fade, sans intérêt et pénible. Mon seul moment de bonheur était quand je pouvais enfin me poser sur mon lit et ouvrir un livre. Ce n'était qu'alors que je pouvais vivre autre chose, m'affranchir de cette vie sans aucune saveur, coincée entre les cours et les disputes parentales. J'imaginais que j'étais un templier ou une impératrice, une troubadour ou même la dame du lac. C'était beaucoup plus palpitant qu'une petite étudiante en histoire tout juste majeure et coincée dans la maison de ses parents avec tous les inconvénients sans aucun avantage.

Dans ma chambre, je balançai mon sac de cours sans ménagement sur ma chaise de bureau. Les devoirs ? Pas envie. A vrai dire, je commençai un peu à baisser les bras. Et le premier semestre n'était même pas terminé. Je ne savais pas si j'allais même aller au bout de cette licence. Pourtant, l'histoire me plaisait. Mais en ce moment, tout me paraissait sans intérêt. J'avais juste envie de fermer les yeux et me plonger dans un monde imaginaire. Qu'aurait été ma vie si j'étais née cent ans ou mille ans plus tôt ?

Me rappelant que Sarah m'avait prêté un livre, j'allai l'extraire du sac où je l'avais fourré et en contemplai la couverture. C'était une petite habitude que j'avais. Les illustrations ou la reliure d'un livre pouvaient en dire tellement sur son contenu. Celui-ci possédait une reliure et un titre doré sur fond bleu, agrémenté de motifs floraux. Au centre, un jeune homme en hanbok semblait transpercer le lecteur de son regard à moitié dissimulé derrière un éventail. L'illustration dégageait une aura de mystère qui m'attirait énormément. Etais ce un personnage de l'histoire ? J'avais hâte de le découvrir.

Alors que j'allais m'installer confortablement sur mon lit, une vibration m'interrompit dans mon élan. C'était un sms de Sarah qui venait d'arriver.

« Tu as fini ton exposé sur les vêtements coréens ? »

Je grommelai. Il était dans deux jours et j'avais une dissertation et un compte rendu à rendre le même jour dans d'autres matières. Autant dire que si je voulais avoir une bonne note, il fallait que je me dépêche de le finaliser. Avec une moue de regret, je posai le livre sur le lit et m'installai à mon bureau. Ce n'était pas le sujet le moins intéressant que je pouvais avoir alors autant faire les choses bien au moins sur les choses qui m'intéressaient. Je posai mon portable à côté de moi après avoir répondu à Sarah que j'allais le boucler dans la soirée.

Au bout de deux heures pendant lesquelles je grignotai tout en prenant des notes supplémentaires pour améliorer mon travail, je commençai à avoir les yeux qui piquaient. Je baillais beaucoup et ne rêvait plus que de rejoindre mon lit. Je me forçai pourtant à garder les yeux ouverts. Si je finissais ce travail ce soir, j'en serais définitivement débarrassé. C'était l'objectif.

Le souhait du roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant